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Liaison, 19 août 2004
Former des athlètes propres
Il arrive, parfois, que les athlètes transgressent les règles; qu'ils
ingurgitent des substances interdites, qu'ils trichent, qu'ils s'en prennent
physiquement à l'adversaire. Bien que déplorables, ces situations n'en sont
pas moins réelles. Elles font partie du quotidien du sport, qu'il soit
professionnel ou amateur. Pour Jean-Pierre Brunelle, professeur à la Faculté
d'éducation physique et sportive, le meilleur moyen d'enrayer ces
transgressions est de mieux former les athlètes, de faire d'eux des
personnes accomplies, polyvalentes. La méthode qu'il préconise vise à
favoriser chez l'athlète la prise de meilleures décisions, une façon de
faire qui engage non seulement la responsabilité de l'athlète, mais aussi
celle de l'entraîneur.
CHARLES VINCENT
En sport, il existe deux types de transgressions des règles. Celles qui
s'opèrent dans la poursuite du jeu et celles qui sont préméditées. Dans le
premier cas, l'athlète fautif est mû par un but utilitaire, celui de gagner,
que ce soit la balle, le terrain ou encore la partie. Il agit dans le feu de
l'action. Dans ce contexte, on dit qu'il commet sa faute dans la continuité
du jeu. Dans le second cas de figure, le sportif cherche à nuire
délibérément à l'adversaire, que ce soit à la suite d'une réaction émotive
ou dans le cadre d'une stratégie préétablie. «Lorsque la transgression est
stratégique, qu'elle s'inscrit dans un système de jeu, on dit qu'elle est
institutionnalisée, explique Jean-Pierre Brunelle. Cette façon de faire est
la marque de commerce des faibles, des perdants.»
Favoriser le transfert des apprentissages
Pour éviter que les athlètes soient tentés d'enfreindre les règles pour
compenser leurs faiblesses, Jean-Pierre Brunelle privilégie une méthode
d'entraînement innovatrice, baptisée l'entraînement à la prise de décision (ED).
Initié par Joan Vickers, de Calgary, cet entraînement donne à l'athlète les
outils pour atteindre les sommets. Il vise un meilleur transfert des
apprentissages réalisés à l'entraînement vers la situation de compétition.
Comment? En développant son intelligence stratégique en situation de jeu. Au
même titre que les habiletés techniques, la capacité à penser et à agir
peuvent être entraînées. Des études prouvent qu'il est en effet possible de
développer sa perception, son attention et sa capacité à résoudre des
problèmes dans le cadre d'un entraînement. C'est précisément ce que
préconise l'ED.
«Trop souvent, on entraîne les athlètes pour qu'ils acquièrent rapidement
des habiletés techniques, et cela se fait au détriment de l'esprit tactique
de la discipline», précise le professeur. Au tennis, par exemple,
l'entraîneur fera pratiquer au joueur les différents coups. Il lui enverra
la balle de manière à ce que celui-ci pratique tantôt son revers, tantôt son
coup droit. Chaque fois, l'athlète renverra la balle à son entraîneur, et
ainsi de suite, des milliers et des milliers de fois. «Le problème, dans ce
genre d'entraînement répétitif, poursuit Jean-Pierre Brunelle, c'est que
l'athlète apprend à retourner la balle à son adversaire, alors qu'au tennis,
il faut diriger la balle dans un espace libre pour remporter l'échange.
La nuance peut paraître dérisoire, mais il n'en est rien. Si l'on donne à
l'athlète des outils pour qu'il puisse mieux lire le jeu, si on lui inculque
de meilleurs indicateurs à repérer, il fera de meilleures prestations, vivra
moins de frustration et sera moins porté à transgresser les règles pour
arriver à ses fins, comme l'indique Jean-Pierre Brunelle. «Il faut regarder
plus loin que la performance à
l'entraînement, lance-t-il. L'entraînement traditionnel, fondé sur les
aspects physiologiques et la biomécanique, donne de bons résultats à court
terme, mais s'avère moins efficace à moyen et long termes. L'ED prend en
compte ces deux aspects, mais ajoute conjointement la dimension
psychologique.»
La méthode a déjà fait ses preuves! Récemment, Jean-Pierre Brunelle a
mené une étude auprès de 16 athlètes d'une équipe de volley-ball féminin. Au
gré des entraînements, l'entraîneur a modifié ses interventions de manière à
intégrer l'entraînement à la prise de décision. L'équipe a remporté le
championnat canadien. La recette n'est évidemment pas miraculeuse, mais elle
est efficace. Ces études s'inscrivent dans les activités du groupe de
recherche en intervention éducative de la Faculté d'éducation physique et
sportive dirigé par le professeur Carlo Spallanzani avec la collaboration
des professeurs Jean-Pierre Brunelle, Jean-François Desbiens et Martin Roy.
Plusieurs étudiants des cycles supérieurs travaillent présentement sur ce
concept dans un grand nombre d'activités en collaboration avec des
fédérations sportives et des entraîneurs reconnus.
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Jean-Pierre Brunelle, professeur à la Faculté d'éducation physique et
sportive, préconise une méthode d'entraînement qui vise à faire des athlètes
plus efficaces et respectueux de l'esprit tactique du sport.
Photo SSF : Roger Lafontaine
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