Le philosophe français Gilles Lipovetsky a lancé il y a quelques semaines un recueil de quatre essais issus de conférences qu’il a prononcées à l’occasion d’un séjour au Canada en novembre 2001. Un de ces quatre essais est l’allocution qu’il a prononcée le 10 novembre 2001, à l’Université de Sherbrooke, qui lui remettait un doctorat honoris causa.

Gilles Lipovetsky enseigne la philosophie à Grenoble. Il a publié, aux éditions Gallimard, L’ère du vide (1983), L’empire de l’éphémère (1987), Le crépuscule du devoir (1992) et La troisième femme (1997).

Les quatre textes de Métamorphoses de la culture libérale "s’articulent autour de deux thématiques communes, qui font le lien entre elles, à savoir, celle de la complexité et celle de la responsabilité. Complexité, parce qu’on ne saurait se contenter d’analyses simplificatrices pour rendre compte des tensions qui animent la société postmoderne", précise Sébastien Charles, professeur à la Faculté de théologie, d’éthique et de philosophie, qui signe la préface de l’ouvrage.

"L’essence paradoxale de nos sociétés libérales, qui valorisent l’individu sans pour autant désagréger le collectif (elles le recomposent plutôt), n’est souvent pas prise en compte. Que ce soit à propos de l’individu, que l’on relègue au statut de monade fermée sur elle-même, de la morale, dont on déplore la perte, du monde économique, envisagé seulement sous l’angle d’un capitalisme sauvage qui aurait pour conséquence inéluctable une mondialisation inéquitable, ou encore des médias, responsables de tous les maux du monde contemporain, le jugement est chaque fois tranché et sans nuances. Ce que Gilles Lipovetsky propose au contraire, c’est une description à géométrie variable de nos sociétés libérales, seule apte à rendre compte de l’intégralité du phénomène postmoderne", précise le professeur.

C’est à pareille description de l’éthique, du monde des affaires et des médias que procède cet ouvrage, qui fait chaque fois apparaître non seulement la complexité des sociétés contemporaines, mais également le sens des responsabilités qu’elles appellent et favorisent.