Liaison, le journal de l'Université de Sherbrooke, 22 mai 2003

 

Création du Regroupement québécois sur les matériaux de pointe

CATHERINE LABRECQUE

Le Centre de recherche sur les propriétés électroniques des matériaux avancés (CERPEMA) de l’Université de Sherbrooke s’unit à deux autres principaux centres de recherche en science des matériaux au Québec pour former le Regroupement québécois sur les matériaux de pointe (RQMP). Ce nouveau regroupement réunit une soixantaine de chercheurs mondialement reconnus, dont dix-neuf de l’Université, et un vaste parc de laboratoires ultramodernes.

Le Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies (FQRNT) a annoncé le 6 mai qu’il octroie au RQMP une subvention de 930 000 $ par année pour une durée de six ans. Cette subvention est la plus importante jamais accordée à l’intérieur du programme de "Regroupements stratégiques".

Le regroupement réunit les chercheurs du CERPEMA, du Centre de recherche en physique des matériaux de l’Université McGill, du Groupe des couches minces de l’Université de Montréal et de l’École Polytechnique, ainsi que certains chercheurs du milieu industriel.

À l’Université de Sherbrooke, les membres proviennent des départements de physique, de chimie, de médecine nucléaire et radiobiologie, et de génie électrique et informatique. Louis Taillefer, professeur au Département de physique, et Jacques Beauvais, professeur au Département de génie électrique et informatique, font partie du comité exécutif du RQMP dont la direction sera assurée par Sherbrooke pendant deux des six années de la subvention.

Taillefer et Beauvais se félicitent de cette concertation des chercheurs québécois dans un domaine en pleine expansion au Canada. Le domaine de la physique de la matière condensée, par exemple, s’est classé au premier rang des disciplines subventionnées par le CRSNG lors du dernier exercice d’affectation des fonds, en 2002.

Pôle national d’excellence

Le RQMP se donne comme mission de mettre en place et de développer un pôle national d’excellence intervenant aux frontières actuelles de la science et de la technologie des matériaux de pointe. La mise en commun des compétences et des ressources favorisera de nouveaux projets de recherche innovateurs nécessitant les compétences complémentaires des chercheurs des trois anciens centres. Selon Taillefer, la réunion des trois centres de recherche est un événement historique. "Nous réunissons trois centres de recherche de grosseur et de force égales qui existaient depuis vingt ans et qui avaient plutôt l’habitude d’être en compétition. Avec ses 61 chercheurs et 100 millions de dollars en infrastructure, le RQMP possède la plus vaste gamme d’expertises dans le domaine et une infrastructure matérielle sans égale dans le milieu universitaire canadien", explique-t-il.

Un des mandats du regroupement est d’exercer un leadership dans le domaine des nanosciences et des nanotechnologies au Québec. La qualité de la formation des étudiants sera aussi grandement renforcée par la tenue d’écoles et la disponibilité d’un plus vaste choix de cours, de conférences et de formations spécialisées.

Expertise à l’UdeS

Depuis 1983, l’Université possède le premier Centre de recherche dans le domaine au Québec : le Centre de recherche en physique du solide. Ce centre a été financé sans interruption depuis cette date. Concentré d’abord au Département de physique, il s’est ensuite étendu au Département de génie électrique et informatique, puis plus récemment, aux départements de chimie et de radiobiologie. La recherche sur les matériaux de pointe est donc reconnue à l’Université comme secteur d’excellence depuis plusieurs années. On y trouve quatre Chaires de recherche du Canada. Louis Taillefer est titulaire de la Chaire en matériaux quantiques, André Bandrauk de celle en chimie computationnelle et photonique, André-Marie Tremblay, de celle en physique de la matière condensée et une chaire en micro et nano électronique sera bientôt créée.

L’Université possède également des installations majeures, mises sur pied avec la création de l’Institut des matériaux et systèmes intelligents : des équipements de pointe, un laboratoire de caractérisation des matériaux disposant d’installations de recherche majeures et des salles blanches au Département de génie électrique et informatique, qui constituent une infrastructure critique au Québec pour les recherches sur les matériaux de pointe. La création du nouveau regroupement intensifiera les activités de recherche. "Chaque centre continuera ses travaux et des projets conjoints seront mis de l’avant. Je m’attends à ce que de plus en plus de collaborations voient le jour entre les trois centres. Bien que le CERPEMA cesse d’exister formellement, nous conservons une conscience locale collective à l’interne", souligne Louis Taillefer.

Les recherches menées au sein du RQMP ont pour thème l’exploration, la compréhension et le contrôle de la matière, à partir de matériaux nouveaux et de structures innovatrices. Elles se situent à l’interface entre la science fondamentale et la technologie. Cinq axes principaux définissent la programmation scientifique du RQMP : électronique et photonique des matériaux nanostructurés, magnétisme des matériaux et des systèmes, propriétés électroniques et quantiques des matériaux, structuration des matériaux, et propriétés technologiques des matériaux.

Les professeurs Jacques Beauvais et Louis Taillefer font partie du comité exécutif du nouveau Regroupement québécois sur les matériaux de pointe, qui réunit trois centres de recherche, dont le CERPEMA de l’Université.

Photo SSE : Roger Lafontaine