Liaison, le journal de l'Université de Sherbrooke, 20 mars 2003

 

Un laboratoire de recherche sur le transfert des connaissances

La Chaire d’étude en organisation du travail de la Faculté d’administration, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) et Safety Net de Terre-Neuve ont obtenu une subvention de 1 million $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour lancer un laboratoire sur le transfert des connaissances. Le professeur de stratégie Robert Parent, responsable de la recherche en gestion des connaissances pour la Chaire, assurera la direction du laboratoire. Le premier mandat du laboratoire sera de faire profiter les Terre-Neuviens des compétences québécoises en matière de recherche en santé et sécurité au travail. Un but bien concret qui permettra au groupe de chercheurs en administration de développer une expertise générale dans le transfert des connaissances.

Charles Vincent

L’IRSST consacre chaque année des millions de dollars à la recherche dans le but de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. Cet organisme québécois est devenu au fil des années un véritable chef de file en la matière, au point d’être cité en exemple dans les autres provinces canadiennes. Ce savoir-faire intéresse d’ailleurs plusieurs organismes dont le Safety Net, un groupe terre-neuvien de recherche en santé et sécurité du travail associé à l’Université Memorial de Saint-John, qui souhaite intégrer à sa pratique les compétences développées au sein de l’IRSST.

Comment transférer le savoir d’une institution à une autre? Voilà le défi qui s’est posé aux gens de l’IRSST et de Safety Net. Comment, par exemple, les programmes de recherche développés au Québec peuvent-ils être adaptés aux problématiques terre-neuviennes? Pour que l’arrimage soit bénéfique, l’IRSST a voulu s’associer à un groupe de chercheurs compétents qui agirait comme intermédiaire entre les deux organismes. Compte tenu de diverses collaborations réalisées dans le passé sur le même sujet avec le professeur Mario Roy, directeur de la Chaire d’étude en organisation du travail, l’Institut s’est naturellement tourné vers cette dernière pour relever ce défi.

La beauté de ce projet réside dans sa capacité à répondre aux intérêts des trois partenaires. Pour Safety Net, l’objectif est clair : pouvoir développer rapidement un savoir-faire étendu et solide. Pour l’IRSST, il s’agit de rendre explicites et transférables ses meilleures pratiques. La Chaire d’étude en organisation du travail profite quant à elle de l’occasion pour développer une expertise dans la pratique du transfert des connaissances en renforçant notamment ses bases théoriques en la matière, en identifiant les meilleures pratiques organisationnelles et en développant des outils adaptés à cette problématique.

Une équipe multidisciplinaire

C’est Robert Parent, en collaboration avec les professeurs Lise Desmarais et Mario Roy, qui dirigera la nouvelle équipe multidisciplinaire et coordonnera l’arrimage à Terre-Neuve. À l’Université de Sherbrooke, plusieurs professeurs provenant de diverses facultés travailleront sous la direction du professeur Parent, dont Patrick Loisel, professeur de médecine, spécialisé en réadaptation au travail. De plus, des étudiants au doctorat (DBA) et à la maîtrise joindront les rangs du groupe de recherche.

Le travail de l’équipe consistera notamment à identifier les meilleures pratiques de l’IRSST, à les adapter à la réalité terre-neuvienne et à faciliter leur implantation dans la province. Au besoin, les chercheurs soumettront des solutions nouvelles. "Le défi est de taille, explique le professeur Parent. Il faudra cibler les outils qui fonctionnent bien, comprendre les besoins des Terre-Neuviens, trouver des solutions valables et proposer des projets pilotes qui répondent à leur spécificité." Chacune de ces étapes sera riche d’enseignement pour les chercheurs.

"L’expertise acquise dans ce dossier sera applicable à tous les cas de transfert des connaissances, renchérit Robert Parent. Le champ du transfert des connaissances est vaste. Il touche notamment l’arrimage entre le monde de la recherche et celui de la pratique, le passage d’une culture à une autre, celui du privé au public, d’une génération à une autre, et j’en passe." Au sein d’une entreprise, par exemple, la question du transfert du savoir d’une génération à une autre prend souvent la forme de la passation des connaissances des futurs retraités aux jeunes employés.

La création de ce laboratoire de transfert des connaissances est un atout important pour la Faculté d’administration. La subvention va permettre le développement de la recherche en administration, une recherche qui dans le cas des travaux de Robert Parent se veut davantage qualitative que quantitative. "Nous allons utiliser plusieurs modèles qualitatifs, indique le professeur, comme le modèle de recherche action qui a fait maintes fois ses preuves." Ce modèle est fondé sur le travail de terrain et implique une participation étroite entre les acteurs et les chercheurs.

Les chercheurs du laboratoire bénéficieront de l’expertise de la Chaire d’étude en organisation du travail. Fondée il y a quatre ans, celle-ci a pour principal objectif de stimuler la recherche, la création, la diffusion et l’application concrète des connaissances dans les milieux de travail. C’est pourquoi elle se tient notamment à l’affût des meilleures pratiques dans le domaine, réalise des recherches sur le terrain et forme des chercheurs et des praticiens.

Robert Parent, professeur de stratégie et directeur du nouveau Laboratoire de recherche sur le transfert des connaissances, et Mario Roy, professeur de management et directeur de la Chaire d'étude en organisation du travail à la Faculté d'administration.

Photo SSE : Roger Lafontaine