De la grande visite

Le lundi 19 juin, l'Université de Sherbrooke a eu le rare privilège d' être l'hôte du récipiendaire du prix Nobel de physique en 1991. À l'occasion d'un court séjour au Québec, le scientifique français Pierre-Gilles de Gennes a tenu à rendre visite à l'universit&ea cute; qui, cinq ans plus tôt, lui avait octroyé un doctorat d'honneur.

Il en a profité pour revoir Alain Caillé, vice-recteur à la recherche, avec qui il a fait un stage postdoctoral il y a déjà quelq ues années. Il a de plus rencontré Pierre Yves Leduc, doyen de la Faculté des sciences, quelques professeurs-chercheurs des départements de Chimie et de Physique, dont Pierre Deslongchamps, André D. Bandrauk, Serge Jandl , Grégory Jerkiewicz, Carmel Jolicoeur, Serge Lacelle, Paul Rowntree et André-Marie Tremblay, ainsi que quelques étudiantes, étudiants et ex-étudiants : Pierre Bénard, Catherine Pepin, Driss Achkir et Matthieu H&e acute;bert.

Pierre-Gilles de Gennes a de plus présenté une conférence portant sur les principes de l'adhésion, conférence qui a été grandement appréciée par les quelque 200 personnes pr ésentes à l'auditorium de la Faculté des sciences. Il a d'abord tracé un court historique des colles et adhésifs et des recherches dont ils ont été l'objet, notant au passage qu'ils ont permis la naissance de la marine phénicienne il y a quelques milliers d'années pour se retrouver aujourd'hui dans une grande variété d'objets, du bandage autocollant aux missiles.

Le chercheur a aussi parlé de quelques découve rtes récentes réalisées dans ce domaine en pleine croissance, proposé quelques hypothèses de recherche et posé quelques questions, d'apparence toute simple, auxquelles la communauté scientifique répo nd encore mal. Une bouteille de polystyrène, comme celles utilisées pour contenir l'eau commerciale, peut répondre aux rudes traitements qu'on lui inflige en fléchissant simplement, sans rupture, laissant apparaître quelq ues marques blanches. Comment cette propriété des polymères enchevêtrés peut-elle être utilisée dans d'autres circonstances? À l'échelle moléculaire, qu'est-ce qui explique les propri&eac ute;tés des colles? <<Ces questions soulevées par un vieux professeur couvert d'honneurs démontrent bien qu'il ne faut surtout pas conclure qu'il n'y a plus rien à découvrir dans ce vaste domaine, au contraire!> >, a-t-il conclu.

Le Nobel de physique

Pierre-Gilles de Gennes a reçu le prix Nobel de physique en 1991 pour ses travaux sur les polymères, des molécules constituées par l'enchaînement de milliers, parfois de dizaines de milliers de groupes d'atomes. Il étudie les propriétés de ces macromolécules encore mal connues, de façon à mieux comprendre le comportement de matières d'usage courant comme le caou tchouc, les colles, le polystyrène.

Théoricien de grand renom, Pierre-Gilles de Gennes est professeur au Collège de France depuis 1971 et dirige l'École de physique et chimie de Paris. Il a étudié à l'École normale supérieure et a été ingénieur au Centre d'énergie atomique de Saclay, en plus d'avoir effectué un stage postdoctoral à l'Université de Californie à Berkeley.

Outr e le prix Nobel, il a également reçu le prix Hollweck des sociétés anglaise et française de physique, le prix Cognac-Jay, le prix Ampère de l'Institut de France et une médaille de l'American Chemical Societ y. Il est éditeur de la revue Solid State Communications et membre du bureau éditorial des revues Low Temperature Physics et Annales de physique, ainsi que du Journal of Polymer Science et du Journal of Chemica l Physics.

Bruno Levesque

Vignette

Avant de se rendre à l'Université Laval où il a reçu un doctorat d'honneur, Pierre-Gilles de Gennes est venu saluer quelques collègues de l'Université ; de Sherbrooke et a prononcé une conférence sur les principes de l'adhésion.