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Prix du meilleur article cancer 2023 de l’IRCUS

Vers un outil d’aide à la décision clinique pour les cancers agressifs du cerveau

Gagnante du Prix du meilleur article cancer 2023 de l’IRCUS : Martine Charbonneau, professionnelle de recherche à l’IRCUS et au Département d’immunologie et biologie cellulaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.
Gagnante du Prix du meilleur article cancer 2023 de l’IRCUS : Martine Charbonneau, professionnelle de recherche à l’IRCUS et au Département d’immunologie et biologie cellulaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.
Photo : fournie

L’Institut de recherche sur le cancer de l’Université de Sherbrooke (IRCUS) a le plaisir d’annoncer que Martine Charbonneau, une professionnelle de recherche d’exception, a remporté le Prix du meilleur article cancer 2023 de l’IRCUS. Ce prix reconnaît la qualité scientifique et l’impact potentiel de son article, dont elle est la première autrice. La publication scientifique explique en détail le développement d’un outil préclinique innovant qui pourrait éventuellement permettre aux oncologues de sélectionner le traitement de chimiothérapie optimal pour chaque personne atteinte d’un cancer du cerveau agressif. Cette recherche translationnelle vise ultimement à mieux outiller l’oncologie de précision de demain.

L’article publié en 2023 dans la prestigieuse revue Neuro-Oncology a nécessité huit années de travail collaboratif entre des laboratoires aux expertises fondamentales et cliniques synergiques. Ces laboratoires sont dirigés par Claire Dubois, professeure-chercheuse à l’IRCUS, et David Fortin, neurochirurgien et neuro-oncologue, également professeur-chercheur à l’IRCUS.

Lorsque le projet a débuté en 2016, nous avons dû nous familiariser avec ce nouveau modèle. Une fois optimisé, notre défi fut de recruter soixante patientes et patients atteints de gliomes de haut grade, des cancers quand même rares. Aujourd’hui, refaire les mêmes expériences nous prendrait beaucoup moins de temps. En publiant nos travaux, nous participons donc à accélérer les avancées en oncologie de précision ailleurs dans le monde.

Martine Charbonneau

Cet outil préclinique consiste en une implantation de tumeurs humaines sur la membrane vascularisée d’œufs fertilisés, cultivés en laboratoire. On a optimisé cet outil pour les gliomes de haut grade, qui comprennent les glioblastomes, les astrocytomes, et les oligodendrogliomes, trois types de cancers du cerveau particulièrement agressifs.

On peut tester l’efficacité antitumorale des nouveaux traitements contre le cancer en utilisant des modèles précliniques de xénogreffes provenant de la tumeur du patient (connus sous le nom de patient-derived xenograft [PDX]). Toutefois, pour certains cancers, comme les gliomes de haut grade, les modèles PDX traditionnels présentent des limites importantes, notamment la difficulté de faire croître les fragments tumoraux et le délai requis pour générer le modèle.

Le modèle PDX optimisé dans l’article présente de nombreux avantages, dont sa robustesse et sa rapidité. En fournissant un résultat en seulement une semaine, ce test bénéficie d’un délai compatible avec la réalité clinique du parcours de soins. Un tel outil décisionnel démontre toute sa pertinence pour ces cancers du cerveau agressifs, car ceux-ci évoluent rapidement et sont particulièrement difficiles à traiter.

Les travaux publiés démontrent que ce nouveau modèle peut prédire avec une grande précision la réponse des patients à la chimiothérapie. Cet article constitue une preuve de concept, une première étape, car nous nous préparons à mener une étude clinique où l’outil sera testé en temps réel dans une cohorte de personnes atteintes d’un gliome récidivant, souvent difficile à traiter. Nous proposons également d’évaluer si notre technologie peut contribuer au développement des traitements innovants pour les cancers pédiatriques dont les options thérapeutiques sont limitées.

Claire Dubois, autrice responsable de l'étude et professeure-chercheuse à l’IRCUS

Comme le mentionne le Dr David Fortin, coauteur, neurochirurgien neuro-oncologue et professeur-chercheur à l’IRCUS, vu la progression rapide des cancers agressifs, pouvoir offrir rapidement un traitement ayant le potentiel de ralentir l’évolution de la maladie serait une avancée non négligeable.

Cumulant près de 20 ans d’expérience, Martine exerce un métier essentiel à l’avancement de la recherche sur le cancer, celui de professionnelle de recherche. Depuis ses débuts, elle contribue de façon exceptionnelle au succès du laboratoire de la professeure Claire Dubois, experte dans l’étude des mécanismes régulant la progression du cancer. Son adaptabilité face aux imprévus et sa polyvalence lui permettent de jouer un rôle de premier plan à toutes les étapes d’un projet de recherche de cette envergure, de l’idéation à la publication, en plus de former les personnes étudiantes et de s’occuper du fonctionnement du laboratoire. Faire ce métier est loin d’être monotone, souligne Martine.

Une relève qui se démarque

Ce concours a également permis de confirmer l’IRCUS comme incubateur d’une relève scientifique hautement qualifiée dans le domaine de la biologie de l’ARN. En effet, la direction de l’IRCUS et le Comité d’animation scientifique et sociale de l’IRCUS (CASSI), responsable de l’organisation de cette deuxième édition du concours, ont le plaisir de dévoiler que les trois personnes gagnantes dont l’article s’est classé en 2e, 3e et 4e position, sont formées dans ce domaine prometteur pour la lutte contre le cancer.

De gauche à droite : Jennifer Raish (membre du CASSI), Martine Charbonneau (gagnante du Prix), Danny Bergeron (3e position), Étienne Fafard-Couture (2e position), Alexandrine Martel (membre du CASSI), et Véronique Giroux (membre du CASSI). Absente sur la photo : Pauline Lejault (4e position).
De gauche à droite : Jennifer Raish (membre du CASSI), Martine Charbonneau (gagnante du Prix), Danny Bergeron (3e position), Étienne Fafard-Couture (2e position), Alexandrine Martel (membre du CASSI), et Véronique Giroux (membre du CASSI). Absente sur la photo : Pauline Lejault (4e position).
Photo : fournie

2e position : Étienne Fafard-Couture | Étudiant au doctorat à l’IRCUS au sein du laboratoire de Michelle Scott, professeure-chercheuse à l’IRCUS et au Département de biochimie et génomique fonctionnelle de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. L'article publié en 2023 dans la revue Genome Research porte sur les petits ARN nucléolaires (snoRNA), une classe de petites molécules d'ARN abondantes dans le noyau des cellules et souvent dérégulée dans le cancer.

3e position : Danny Bergeron | Professionnel à l’IRCUS ayant obtenu son diplôme au sein du laboratoire de Michelle Scott, professeure-chercheuse à l’IRCUS et au Département de biochimie et génomique fonctionnelle de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. L'article publié en 2023 dans la revue Genome Biology, n lumière l'implication des snoRNA dans la régulation de l'expression des gènes hôtes dans les cellules cancéreuses.

4e position : Pauline Lejault | Stagiaire postdoctorale à l’IRCUS au sein du laboratoire de Jean-Pierre Perreault, professeur-chercheur à l’IRCUS et au Département de biochimie et génomique fonctionnelle de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. L'article publié en 2023 dans la revue Biochimie se base sur le rôle émergent de structures particulières retrouvées dans l'ARN comme cibles anticancéreuses prometteuses.

Il est important de souligner les efforts que nos communautés étudiantes et professionnelles déploient chaque jour pour la recherche sur le cancer. En tant que premières autrices et premiers auteurs, les récipiendaires de ce concours ont tous joué un rôle central à toutes les étapes de leur projet, de la conception initiale de l'hypothèse jusqu'à l'achèvement de l'article, y compris la réponse aux critiques des personnes évaluatrices.


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