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Sherbrooke accueille un premier Hackathon Quantique
C’est le 26 octobre que s’est déroulé le premier Hackathon Quantique de Sherbrooke, le SherHack, organisé par l’IQ en collaboration avec DistriQ, Sherbrooke Innopole et Québec Quantique. Ce fut une occasion de rassembler des entreprises et de les initier à la programmation quantique avec un atelier d’introduction et une série de défis techniques à résoudre sur les systèmes quantiques d’IBM. Compte rendu d’un premier rendez-vous marquant.
Un premier saut en informatique quantique
En tout, ce sont 15 équipes de programmeurs et programmeuses issues de neuf entreprises incluant CGI, KPMG, Sherweb et Ubisoft, ainsi que des agences gouvernementales dont Hydro-Québec, Ressources naturelles Canada et le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, qui ont pris part à cette première édition du SherHack. Le hackathon a permis à plusieurs personnes de faire un premier saut en informatique quantique. Les équipes ont eu l’occasion de lancer leurs solutions sur l’ordinateur quantique d’IBM situé à Bromont.
Les participants et les participantes du SherHack avaient comme dénominateur commun des connaissances en programmation classique. L’événement était l’occasion d’appliquer une nouvelle approche de résolution de problème complexe spécifique à l’informatique quantique, domaine qui pourrait, à terme, avoir un impact significatif pour plusieurs entreprises en technologies de l’information (TI).
« C’est un concept compliqué à introduire, mais je trouve que ça a été très bien fait, estime Ouamer Dahmani, lead technique chez Ubisoft. C’est une mise en bouche qui donne un peu un aperçu de ce vers quoi va tendre l’industrie dans une dizaine d’années peut-être. Le but était de comprendre quels sont les défis et la nouvelle manière de penser que ça nécessite. »
« Ce ne sont pas des outils avec lesquels nous avons l’habitude de travailler, admet Tanguy Hulpiau, développeur et responsable infrastructure chez Dunin Technologie, une entreprise de Sherbrooke. Notre gros challenge aujourd’hui : on a eu des modèles intéressants mais difficiles à appliquer. C’était vraiment pertinent! »
Pour Ghislain Lefebvre, responsable au développement des partenariats à l’IQ, un des défis de passer de la programmation classique à la quantique, c’est le changement de paradigme : « On présente une approche qui n’est pas intuitive, même pour les personnes qui ont beaucoup de connaissances et d’expérience en programmation. On dit souvent qu’il faut reprogrammer les programmeurs et les programmeuses! »
Arrimer les acteurs clés de l’écosystème
Avec l’inauguration de l’ordinateur quantique à Bromont en septembre dernier et le développement de la zone d’innovation quantique à Sherbrooke, ce premier hackathon quantique s’inscrit dans une période effervescente pour le domaine.
« Ce hackathon organisé par l’IQ était tant attendu! DistriQ estimait essentiel de participer en aidant à l’organisation et en offrant ses locaux. C’est dans nos bureaux actuels que plus de 60 personnes provenant de PME et de grandes organisations québécoises ont pu s’initier à la programmation quantique. Nous avons hâte de collaborer à la prochaine édition! », souligne Éliane Leblanc, Gestionnaire de l’écosystème pour DistriQ.
« Sherbrooke Innopole est fière de s’associer au premier SherHack pour faciliter les liens avec la communauté des entreprises en TI de Sherbrooke. L’événement constitue une merveilleuse occasion pour les entreprises de démystifier l’informatique quantique, d’apprendre à programmer sur un ordinateur quantique, et de s’approprier ce nouveau langage et ces façons d’aborder les problèmes », affirme Marc-Henri Faure, directeur, Services aux entreprises, Technologies quantiques et de l’information chez Sherbrooke Innopole.
Un jury choisi parmi l’écosystème quantique estrien, dont 1QBit et des membres de l’Université de Sherbrooke ainsi que d’IBM Quantum, assurait l’évaluation des solutions élaborées par les équipes durant l’après-midi.
Offrir une expérience enrichissante
C’était une journée bien remplie pour l’équipe de l’AlgoLab, qui a élaboré la série de défis techniques à résoudre. La matinée s’est amorcée avec une formation en apprentissage automatique quantique offerte par Jean Frédéric Laprade, développeur en informatique quantique à l’IQ. Les participantes et participants ont ensuite été épaulés par des mentors de l’équipe de programmation quantique de l’AlgoLab et de PINQ2 afin de répondre aux questions en après-midi.
« Nous voulions offrir aux équipes participantes un aperçu réaliste de ce que peut présentement faire l’informatique quantique et de quels types de problèmes on pourrait envisager de traiter, souligne Jean Frédéric. Pour y arriver, nous avons amené les équipes à relever un défi d’apprentissage automatique quantique qui consiste à entraîner un modèle pour la classification d’un jeu de données à saveur locale ».
L’ensemble de données provenait de l’analyse d’échantillons d’eau prélevés dans le lac Memphrémagog en 2021 par l’équipe de Céline Guéguen, professeure au département de Chimie de l’Université de Sherbrooke. Dans le cadre de ce hackathon, les équipes ont travaillé avec neuf marqueurs chimiques pour entraîner un classificateur quantique à prédire à quelle classe de molécules appartient un échantillon.
Aux termes de cette journée bien remplie, des représentants de l’entreprise locale Menya Solutions, branche IA de Levio, ont mérité la première place, alors qu’une équipe d’Hydro-Québec a terminé en deuxième position.