Nouvelles

Une initiative parrainée par le CRSNG

Le programme QSciTech fait ses preuves

Sur la photo : de gauche à droite Marcin Wajs, Charles Paradis, Maxime Lapointe-Major, Jean Bibeau, Ioanna Kriekouki, Emmanuel Calvet, Wyatt Wright

Photo : Fournie

Le domaine de la science et des technologies quantiques est en plein essor. Des entreprises émergent et recherchent de nouveaux talents pour se développer. Alors, quelles compétences sont nécessaires pour s’y accomplir? D’abord, il faut être polyvalent, c’est-à-dire avoir de bonnes connaissances autant en physique qu’en génie. Ensuite, il faut connaître le monde entrepreneurial et avoir des compétences organisationnelles développées. Comment accéder à une telle formation? C’est plus facile que l’on ne pourrait le croire.

Le programme QSciTech, un cheminement offert, entre autres, à l’Université de Sherbrooke, vise à former les étudiantes et étudiants en génie et en sciences (physique, informatique, mathématiques, chimie) à la maîtrise ou au doctorat aux technologies quantiques et à l’entrepreneuriat. Ce cheminement a été mis en route par l’Institut quantique (IQ) en janvier 2019 et est financé par le programme FONCER – formation orientée vers la nouveauté et la recherche – du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). L’objectif de ce programme à valeur ajoutée est de jumeler des physiciennes et physiciens avec des ingénieures et ingénieurs afin qu’ils soient initiés aux deux disciplines, qu’ils puissent communiquer efficacement entre eux, et pour développer leur fibre entrepreneuriale.

Ainsi, dans le cadre du programme, les personnes en génie sont initiées à la mécanique quantique, et les personnes en physique à la conception et à la gestion de projets en génie : « On forme les personnes en génie, en informatique et en mathématiques à la science quantique et les personnes en sciences aux méthodes de l’ingénierie, c’est-à-dire au processus de conception et de gestion de projet. Ainsi, un langage commun se développe, peu importe que notre discipline d’origine soit la physique ou le génie », confirme le Pr Yves Bérubé-Lauzière, directeur du programme QSciTech et professeur à la Faculté de génie.

Regrouper des personnes de différentes disciplines dans un même programme amène des échanges bénéfiques pour leurs parcours académiques et leurs carrières futures : « Ce que j’ai le plus aimé de mon expérience est la méthode pédagogique du cours d’entrepreneuriat, ACT800, qui était basée sur les échanges entre étudiants de différentes disciplines. Cela le rendait très dynamique. C’était vraiment enrichissant de parler avec des personnes d’autres domaines afin de connaître leur point de vue et d’être exposé à un regard critique qui diffère de ce qu’on est habitué », partage Emmanuel Calvet, doctorant en génie informatique et participant au programme QSciTech.

Ouvrir ses horizons vers le quantique

Se diriger de la physique fondamentale vers l’entreprise est possible plus que jamais grâce au programme QSciTech. « Mon parcours est en physique fondamentale, alors je n’avais aucune idée comment les entreprises fonctionnent. Je fais une thèse Cifre (Convention Industrielle de Formation par la REcherche) en milieu industriel avec un contrat de travail de trois ans avec l’entreprise STMicroelectronics en France. Quand j’ai appris qu’il y avait un tel programme à Sherbrooke, j’étais fascinée à l’idée de recevoir de la formation en génie et sur le monde de l’entrepreneuriat en tant que physicienne. Je crois que cette formation est vraiment pertinente pour mon parcours et qu’elle pourrait me fournir des outils importants. Le cours d’entrepreneuriat est celui que j’ai le plus aimé. On a étudié les canevas pour démarrer une entreprise, étape par étape; on a fait des présentations, discuté avec de futurs clients et calculé des budgets. Après cette expérience, je crois que l’entrepreneuriat pourrait m’intéresser comme projet », témoigne Ioanna Kriekouki, doctorante en physique.

« On s’imagine souvent en physique qu’il faut faire de la recherche, mais il y a tellement de choses intéressantes qu’il faut voir. Il faut se donner la chance de voir les autres opportunités et de s’y initier », ajoute-t-elle.

De nouvelles opportunités pour une formation hors pair

Le cheminement QSciTech inclut également un stage coopératif en industrie quantique, ce qui est totalement nouveau aux études supérieures. En effet, les étudiants et étudiantes ont l’incroyable opportunité de faire un stage dans une compagnie en technologies quantiques. « Ce qui m’a le plus motivé à suivre ce cheminement est le stage rémunéré en entreprise. C’est rare qu’on ait l’opportunité de faire un stage au troisième cycle dans le domaine dans lequel on se spécialise, et j’ai vraiment hâte de bâtir un réseau de contacts », ajoute Maxime Lapointe-Major, doctorant en génie électrique.

Et l’industrie du quantique ne cesse de croître en Estrie. Par exemple, l’entreprise 1Qbit, fondée à Vancouver, a récemment ouvert un bureau à Sherbrooke. Le Pr Yves Bérubé-Lauzière est certain que ce n’est qu’un début : « Il y a quelques mois, Sherbrooke a présenté sa candidature pour être désignée comme zone d’innovation en sciences quantiques. Cela veut dire que nous devons faire de la recherche de pointe jumelée à de la formation de pointe, et il nous faut un environnement et un écosystème industriels qui entourent et favorisent le tout, et c’est ce qu’on est en train de créer. Grâce au programme QSciTech, nos étudiants sont bien préparés lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail. »

Le quantique au service de la société

Avant tout, les technologies quantiques veulent contribuer aux besoins sociétaux. Le programme QSciTech permet aux chercheuses et chercheurs de voir l’entièreté de la chaîne de conception d’une technologie, de la science fondamentale jusqu’à son développement, et, éventuellement, sa commercialisation. « Les technologies que l’on conçoit dans le domaine du quantique doivent résoudre des problèmes pratiques, pour améliorer la qualité de vie et la société. Nous avons donc besoin de former des gens qui ont une vision globale du processus, incluant les impacts que de telles technologies pourraient avoir sur la société », confirme le Pr Yves Bérubé-Lauzière.

« La vision de l’entrepreneuriat du Pr Jean Bibeau dans le cours ACT800 était centrée sur l’humain et sur l’empathie. Ça me fait penser à une citation de Rabelais, “science sans conscience n’est que ruine de l’âme”. Ce cours nous apprend à toujours nous recentrer sur l’idée que, à la base de tout projet de conception, l’humain et la société sont au premier plan. Selon moi, c’est la meilleure façon d’apprendre », partage Emmanuel Calvet.

Restez connectés