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28 septembre 2023 Institut quantique
Portrait de membres de l'Institut quantique - Armand Soldera

Expertise et esprit de concertation

Sa curiosité, sa soif d’apprendre, son appétit d’approfondir ses connaissances sont à la base même des décisions qui ont guidé son parcours qui ne résulte pas en fin de compte d’un plan défini. « Mon but au départ n’était vraiment pas de faire de longues études. J’ai découvert mon goût pour les maths et la physique, sur le tard, et j’ai pu me rendre compte de toutes les possibilités que cela ouvrait. Mon intérêt premier fut alors de me porter vers l’enseignement. J’ai révisé ensuite mes plans de faire de courtes études, pour aller vers le doctorat avec de nouvelles voies à explorer. Puisque j’aimais aussi la chimie, je me suis lancé dans l’étude des cristaux liquides : j’ai fait de la synthèse et j’ai réalisé que l’expérimentation ce n’était pas nécessairement pour moi. Cela m’a mené par la suite à faire un stage postdoctoral à l’Université Laval dans un nouveau domaine pour moi : les polymères, et leurs propriétés physiques. »

Une bourse de la communauté européenne lui permet de retourner en Europe pour un court séjour à l’Université de Groningen, aux Pays-Bas, une étude théorique sur la diffusion de neutrons au sein des polymères.

Son parcours se poursuit au Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Renouvelables (CEA). « C’est là que j’ai commencé à faire de la simulation atomistique et à parfaire mes connaissances. En l’absence de mentor ou de ressources pour m’accompagner, j’ai travaillé de façon totalement autodidacte. Cependant, j’ai pu l’associer au domaine des polymères, utilisation encore peu exploitée à l’époque. Bien qu’ayant quitté le monde universitaire j’ai commencé à publier des articles dans ce domaine pour lequel j’ai développé une approche différente de ce qui se faisait. En effet, je ne me qualifie pas de théoricien ni d’expérimentaliste. Je crois que le titre qui me définit le mieux est numéricien expérimentaliste. J’ai développé cette expertise qui m’a mené, même à l’emploi du CEA, à donner des cours de simulation de dynamique moléculaire. »

Le goût pour la recherche fondamentale, la recherche appliquée et l’enseignement, et il ne faut pas oublier son attachement au Québec, lui ont permis de recevoir plusieurs offres d’emploi, dont une à Sherbrooke, une ville qu’il ne connaissait pas. Après avoir donné deux conférences et participé à un projet de recherche, il viendra s’y installer pour amorcer une carrière de professeur. « J’ai quitté d’excellentes conditions, mais j’avais un fort intérêt pour concilier enseignement et recherche, et développer mes propres idées. »

Les collaborations

« La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat ». Cette citation de Kofi Annan révèle l’importance de Pr Soldera pour les collaborations; un concept qu’il a toujours mis en pratique. « J’ai fait plusieurs types de collaborations, et ce depuis le début de ma carrière. Mes travaux portaient à l’époque sur la simulation multiéchelles : chimie quantique, simulations atomistique et mésoscopique. Afin de donner un sens plus pratique, j’ai rapidement eu un partenariat industriel avec General Motors. Par la suite, en m’associant avec des collègues de chimie et physique, j’ai approfondi d’autres domaines tels que les études sur l’état de transition, ou le mésoscopique. Cela donnait l’occasion de former des stagiaires dans le domaine, tout en leur montrant les possibilités incroyables d’un domaine en émergence. Puis d’autres partenariats se sont créés, tant en industries qu’académiques, tout en continuant mes travaux fondamentaux dans le domaine de la transition vitreuse, un sujet qui me passionne. En fait, la base de ma recherche est d’apporter une vision chimique dans le traitement de problèmes physiques. Cette approche me permet de multiplier les collaborations avec des collègues, tels que mes collègues du département de chimie, les professeurs Yue Zhao et Jérôme Claverie, avec qui nous avons eu deux publications dans la revue, Angewandte Chemie Int. Ed.

Le Pr Soldera décline également le verbe collaborer, que ce soit en tant que directeur de département de chimie, dans la création du Centre québécois sur les matériaux fonctionnels (CQMF), avec les professeurs Mario Leclerc et Jérôme Claverie, et la fusion avec un autre regroupement stratégique du FRQ-NT sur les matériaux. Il est également co-éditeur de Chemistry Africa qui s’intéresse à tout ce qui touche les polymères et les nanocomposites, et est co-auteur d’un livre sur les Matériaux Avancés.

Contribuer

Ardent défenseur de l’importance des partenariats pour l’avancement de la recherche fondamentale, Pr Armand Soldera illustre sa pensée avec un exemple extrait de sa propre expérience. « Si je n’avais pas travaillé sur cette partie fondamentale qu’est la transition vitreuse, je n’aurais peut-être pas développé des codes qui m’ont permis de me faire reconnaître dans d’autres domaines. On peut aussi transmettre ces connaissances par des cours, mais il faut quand même avoir d’autres apports, par l’entremise des partenariats par exemple. En somme, je crois beaucoup en l’importance d’un retour à la société. Je me réfère d’ailleurs souvent à l’article de Whitesides et Deutch dans la revue Nature, 2011, sur cette thématique. » Le Pr Soldera amène maintenant à l’IQ cet esprit de concertation qui lui est si cher. Il a d’ailleurs appliqué ses concepts à la mise sur pied du baccalauréat en science de l’information quantique, auquel il a contribué en tant que vice-doyen aux développements et partenariats de la Faculté des sciences. Ses intérêts le mènent à présent à approfondir ses connaissances, à apporter sa vision de numéricien expérimental. D’ailleurs, en tant que membre de l’IQ, il précise : « Ce qui m’intéresse plus spécifiquement c’est de voir le potentiel que pourrait avoir le développement, le traitement d’une molécule par l’ordinateur quantique et traiter des réactions. »

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