Sommets Vol. XVIII No 2 - Printemps 2005


 

Michel Coutu cause éducation et santé

Michel Coutu, président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu USA, vit et travaille aux États-Unis depuis plus de 20 ans. Aujourd'hui, il dirige les destinées d'un empire financier comptant 1910 pharmacies, sous les bannières Brooks et Eckerd, et 45 000 personnes, dispersées dans 7 États du nord-est du pays. Ce succès d'entreprise n'est pas étranger à la philosophie des affaires qui a fait la renommée de son illustre père, Jean. «Les pharmacies doivent d'abord répondre aux besoins du client», déclare le fils, lui aussi homme d'affaires averti.

 


Michel Coutu
Président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu USA
Administration 1977
Droit 1980

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Le Groupe Jean Coutu USA est bien établi dans la communauté d'affaires du nord-est des États-Unis. Michel Coutu est reconnu là-bas comme un entrepreneur prospère et respecté. On le sollicite fréquemment, comme président-directeur général d'entreprise ou à titre personnel, pour différentes causes. Afin de répondre adéquatement aux attentes du milieu, Michel Coutu a personnellement tracé les grandes lignes de la mission sociale de l'entreprise. «Nous appuyons les organisations qui contribuent à la qualité de vie des enfants. C'est fondamental, ils sont la société de demain», rappelle-t-il.

Venir en aide aux enfants

Ce soutien a donné des résultats probants au cours des 10 dernières années. Récemment, le Groupe Jean Coutu USA versait 325 000 $, en dollars américains bien entendu, aux victimes du tsunami en Asie. L'entreprise contribue depuis cinq ans au Genesis Fund, qui vient en aide aux enfants souffrant de problèmes congénitaux ou d'une maladie mentale. Jusqu'à maintenant, cette collaboration a permis à l'organisation de bienfaisance de recevoir pas moins de 950 000 $.

La grande entreprise a également offert 350 000 $ à l'hôpital Hasbro du Rhode Island, pour mettre sur pied un centre de réhabilitation destiné aux enfants de 2 à 5 ans aux prises avec des problèmes cardiaques. «Le centre favorise la remise en forme des jeunes et possède des instruments très spécialisés dans les domaines préopératoires et postopératoires», explique Michel Coutu.

L'hôpital Women & Infants a pu ouvrir, avec l'aide d'un don de 300 000 $ du Groupe Jean Coutu USA, un centre de réhabilitation nommé Healing Garden, celui-là destiné aux femmes atteintes de cancer. Les soins sont variés et touchent principalement la santé psychologique des femmes qui ont traversé cette dure épreuve.

De plus, une récente collaboration avec les célèbres Celtics de Boston de la NBA continue de donner des résultats encoura-geants. «Il s'agit d'un programme appelé Après l'école, qui vient en aide aux jeunes des écoles défavorisées, précise Michel Coutu, particulièrement fier de cette alliance. Plusieurs enfants sont laissés à eux-mêmes après les cours, puisque les parents sont toujours au travail. On retrouve donc sur place des éducateurs qui aident ces jeunes à se développer grâce au sport, à l'artisanat ou à d'autres disciplines.

Occasionnellement, des joueurs de l'équipe de basket-ball ou des membres de l'organisation sportive participent aux activités. «Ce programme est gratuit pour les jeunes et notre entreprise a investi 375 000 $ pour sa mise en œuvre», précise l'homme d'affaires.

Une définition de la philanthropie

Michel Coutu considère cet engagement dans son milieu de vie d'abord et avant tout comme une mission sociale. «Nous sommes relativement bien connus pour nos actions depuis une dizaine d'années, relate-t-il. Le but est d'aider à l'amélioration des conditions de vie des gens de notre région.»

Toutefois, mission sociale ne veut pas toujours dire philanthropie. «La philanthropie, ce sont des individus qui épousent une cause, précise Michel Coutu. Prenez la fondation de mes parents, Marcelle et Jean Coutu. Ils font beaucoup de philanthropie en ciblant principalement les femmes, les enfants et l'éducation. Ce sont des causes qui leur tiennent à cœur.»

Peut-on alors avancer que la mission sociale du Groupe Jean Coutu USA est relativement semblable à celle de l'entreprise canadienne? «Oui, c'est un prolongement de la philosophie des affaires du fondateur», mentionne-t-il.

En 2003, Michel Coutu est nommé ambassadeur lors du Gala du rayonnement organisé par le Réseau de l'Université de Sherbrooke. Une distinction dont il est fier : «Le titre d'ambassadeur est une reconnaissance professionnelle. Cela me permet de m'investir auprès de la communauté universitaire», précise-t-il.

À cet effet, l'homme d'affaires s'est engagé dans le volet «USA» de la campagne majeure de financement 2005 de l'Université de Sherbrooke : «Mon rôle consiste à entrer en communication avec les 900 diplômés qui vivent aux États-Unis, afin de les encourager à participer à la campagne de financement. Vous savez, l'éducation, c'est tellement important, mais si dispendieux.»

Le Groupe Jean Coutu USA s'avère donc un bon citoyen. Cependant, Michel Coutu insiste sur le fait que la réussite de l'entreprise repose sur un facteur primordial : son personnel. «C'est très important pour moi, raconte-t-il. Je passe deux jours par semaine en avion à sillonner les différents États où se trouvent nos commerces afin de rencontrer le personnel et de m'informer de la situation sur place.» Il avoue que sans un personnel dévoué, attentif et lié par un sentiment d'appartenance, le Groupe Jean Coutu USA n'aurait pas connu cette croissance fulgurante.

Une carrière américaine

Pas plus que Rome, l'empire du Groupe Jean Coutu USA ne s'est bâti en un jour. Dans les années 1980, Michel Coutu a quitté le Québec pour aller faire son MBA à Rochester, dans l'État de New York. Cette expérience lui a permis de parfaire sa maîtrise de la langue anglaise, de s'acclimater à un nouvel environnement et de mieux connaître le milieu des affaires, de l'autre côté de la frontière. Après ses études, il part s'installer en permanence aux États-Unis avec sa petite famille, qui compte trois enfants.

C'est à Longmeadow, en banlieue de Springfield au Massachusetts, qu'a débuté l'aventure. «En 1986, on souhaitait faire l'expansion du Groupe Jean Coutu à l'extérieur du pays, on voyait de grandes possibilités chez nos voisins du sud, explique-t-il. Mon MBA m'a permis de comprendre la menta-lité américaine du commerce. Aux États-Unis, il existe ce qu'on appelle le système cut-throat, on n'a pas le droit à l'erreur, c'est très compétitif.»

Après avoir fait ses classes dans tous les sens du terme, Michel Coutu a acheté une première pharmacie en 1987, tout en travaillant à bâtir l'éventuel Groupe Jean Coutu USA. Un important coup de barre est donné en 1994 avec l'achat de 222 magasins. Dix ans plus tard, en 2004, la grande entreprise étend son marché avec l'acquisition de 1560 pharmacies de la bannière Eckerd.

Après une croissance aussi phénoménale en moins de 10 ans, quels sont les projets? «Avant tout, terminer l'intégration informatique de tous nos commerces. Une opération qui sera complétée dans six mois», répond Michel Coutu.

Si Robert Charlebois chantait à l'époque «vivre en ce pays, c'est comme vivre aux États-Unis», ce n'est maintenant plus tout à fait vrai. Du moins, pas en ce qui concerne le commerce au détail, comme en témoigne un Michel Coutu toujours passionné par son travail : «C'est très excitant d'être dans le monde des affaires aux États-Unis. Il faut être aux aguets presque 24 heures sur 24, car le monde n'est plus en évolution mais en transformation, insiste-t-il. Là-bas, les gens se définissent beaucoup par rapport au pouvoir, ce qui crée une pression sociale énorme sur tout le monde.»

Un exemple un peu déplorable selon lui : «La vie est tellement compétitive que certains parents orientent leur enfant, parfois âgé de cinq ans seulement, vers des disciplines sportives ou scolaires afin qu'il obtienne des bourses d'études plus tard. Laissons donc les enfants être des enfants, sans les lancer trop rapidement dans notre monde de concurrence.»

Des souvenirs heureux

Michel Coutu a connu une enfance heureuse à Montréal, cependant c'est à Sherbrooke qu'il a décidé de faire ses études universitaires. Ce double diplômé en administration (1977) et en droit (1980) se rappelle avec plaisir cette période dans les années 1970 : «C'était une université de région en pleine expansion. Les programmes en droit, en administration et en médecine avaient déjà une excellente réputation, note-t-il. Pour moi, ça représente sept années d'études qui ont été profitables et agréables.»

Le diplômé a même gardé des liens permanents de son passage en Estrie : «J'ai marié une étudiante de l'Université de Sherbrooke», lance-t-il en riant. Au-delà de cet heureux constat, il ne tarit pas d'éloges à propos de son alma mater : «Aujourd'hui, c'est une université très dynamique, audacieuse même, avec un important volet entrepreneur et des programmes novateurs comme droit-MBA ou le régime coopératif. Je crois aux institutions qui n'ont pas peur de sortir du carcan normal de la vie.»

Aux yeux de son entourage, et ce malgré son horaire très chargé et des responsabilités importantes, Michel Coutu demeure quelqu'un d'accessible. Une qualité qui n'est sans doute pas étrangère au succès de l'homme et de son entreprise.

 

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Je vis aux États-Unis depuis plus de 20 ans et je milite pour rendre l'éducation et les services de santé plus accessibles. L'ensemble de la population américaine devrait avoir accès à des programmes de santé et d'éducation.

M. Coutu

 

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