Sommets Vol. XVIII No 2 - Printemps 2005


Réaliser ses rêves Moyen-Orient

Par Reno Fortin

N'avez-vous jamais rêvé de travailler dans une autre région que la vôtre, voire dans un autre pays? Pour le dépaysement, par attrait pour les cultures étrangères ou encore pour mesurer votre adaptabilité au reste du monde? Depuis trois ans, Élisabeth Anctil réalise ce rêve dans une région du monde qui fait la manchette presque quotidiennement, les territoires occupés palestiniens. Bienvenue dans une région où la quotidienneté n'existe pas!

 


Élisabeth Anctil
Conseillère en gestion et développement pour Oxfam-Québec
Économie 1996
  Travailler au Moyen-Orient peut être un beau défi autant personnel que professionnel pour quelqu'un qui a passé sa vie, disons, en Amérique du Nord. Élisabeth Anctil, diplômée au baccalauréat en économie de l'Université de Sherbrooke, répond parfaitement à cette description. «J'ai toujours été passionnée par le travail international, j'ai toujours eu envie de vivre dans d'autres pays, de connaître d'autres cultures… et de me sauver de l'hiver», affirme la jeune aventurière. C'est ainsi qu'elle est entrée en contact avec Oxfam-Québec. «C'est une organisation qui jouit d'une bonne réputation, précise-t-elle, et qui travaille en développement dans le respect total des communautés dans lesquelles elle œuvre.»

Une journée atypique

Vous croyez faire du chemin pour vous rendre au travail? Les bouchons de circulation vous causent des maux de tête? Élisabeth Anctil, qui est conseillère en gestion et développement, doit couvrir la Cisjordanie et Gaza. «Plus précisément Naplouse et les environs, Djénine et les environs, des villages de la région de Hébron et de Ramallah, Jérusalem, et plus. La bande de Gaza au complet, de Rafah au sud jusqu'à Beith Hanoun au nord», mentionne la jeune femme de 33 ans.

«Toutes nos journées commencent en regardant les rapports de sécurité et les nouvelles, lance-t-elle. Chaque matin, on vérifie quels sont les villages ou les régions qui ont connu la veille ou durant la nuit une opération militaire. On vérifie aussi s'il y a des couvre-feux et à quels endroits. Par la suite, nous quittons soit pour la Cisjordanie, soit pour Gaza», précise Élisabeth.

Partout dans le monde, chaque région a ses règles, et le Moyen-Orient ne fait pas exception. «Chacune de nos visites avec nos partenaires se doit de commencer par le café (arabe) ou le thé à la menthe ou à la sauge. C'est en buvant ces boissons qu'on s'informe des nouvelles du coin, des enfants et de la vie en général. Par la suite, nous abordons les sujets plus spécifiques au travail. Cette règle fonctionne pour chaque visite. Ce qui veut dire que si nous avions prévu plus d'une rencontre dans la même journée, on finit par avoir absorbé plus ou moins un litre de café, de thé ou de jus», raconte Élisabeth.

Il faut aussi tenir compte du trajet routier qui peut lourdement perturber une journée de travail, comme l'indique l'employée d'Oxfam-Québec : «Sur la route, nous sommes toujours à l'affût des changements, notamment en ce qui concerne la

construction du mur. La situation fait que les itinéraires des routes sont sujets à de nombreux changements. Les routes sont parfois fermées ou détournées. Vous savez, après avoir franchi les différents barrages de sécurité, fait la queue, survécu à la circulation, on retourne à Jérusalem et c'est le travail de bureau qui nous attend.»

Oxfam-Québec : une présence appréciée

Dans ce coin du monde, Oxfam-Québec œuvre principalement dans trois secteurs d'intervention : femmes et développement économique, droits de la personne et renforcement institu-tionnel. Élisabeth Anctil explique comment se financent ces différents projets : «Principalement par les dons recueillis auprès du public et les contributions accordées parl'Agence canadienne de développement international sur une base

triennale. Les projets financés par Oxfam-Québec doivent accroître les capacités des communautés à se prendre en main et améliorer les conditions de vie des populations les plus pauvres.»

La présence des organismes internationaux est considérée comme vitale pour la population, notamment à cause de la situation politique. «L'approche de partenariat choisie par Oxfam-Québec est fortement appréciée par la communauté des organisations non gouvernementales (ONG) locales, explique Élisabeth Anctil. Il faut dire que la société civile palestinienne est très développée et forte contrairement à

celle d'autres régions dans le monde. Ces ONG sont un excellent vecteur de changement social. C'est pour cette raison que nous travaillons avec elles. Nous sommes perçus comme des témoins et des observateurs. Nous savons que notre présence est grandement appréciée.»

Aujourd'hui, la Québécoise porte un regard différent sur le monde. «Il suffit de vivre au Moyen-Orient pour comprendre le poids de l'histoire. Depuis toujours, cette région est un carrefour des peuples.» Élisabeth Anctil se trouve au bon endroit pour parler de l'importance des racines.

 

Vox pop

Quel type de cause vous tient à cœur?

Les types de causes qui me tiennent à cœur sont les causes de justice sociale. J'ai encore un idéal de justice pour tous.

É. Anctil

 

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