Sommets Vol. XVII No 3 - Automne 2004 |
La recherche transdisciplinaire par Catherine Labrecque L'environnement, Olivier Thomas en mange littéralement! Vous n'avez qu'à lui parler de sa salade de pissenlits pour percevoir une lueur de gourmandise dans ses yeux : «Les pissenlits, il ne faut pas les faire disparaître avec des pesticides, ils sont très bons! Il suffit de les couper jeunes, d'enlever la terre, d'ajouter un peu de vinaigre, c'est excellent!» Cuisinier à ses heures, il avoue que sa vocation professionnelle consiste à diminuer les impacts de l'homme sur la nature. C'est en stimulant la recherche en environnement qu'il entend arriver à ses fins.
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Olivier Thomas Directeur de l'Observatoire de l'environnement et du développement durable de l'Université de Sherbrooke www.usherbrooke.ca/ observatoire
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«L'environnement, je suis tombé dedans quand j'étais petit, comme Obélix dans sa potion magique», admet-il. Il en a fait sa carrière. Aujourd'hui à la tête de l'Observatoire de l'environnement et du développement durable de l'Université de Sherbrooke, Olivier Thomas se réjouit de pouvoir compter sur l'expertise de 85 professeurs de différentes disciplines au sein de l'Observatoire. C'est pour lui gage de réussite. «Encore jeune, l'Observatoire est un réseau ouvert à de nouvelles collaborations. Pour régler un problème environnemental et effectuer de la recherche en environnement, il faut plusieurs compétences et travailler autant au point de vue fondamental qu'appliqué», allègue-t-il. Du chercheur dans son laboratoire… Les premières recherches en environnement remontent à une trentaine d'années. Au départ, elles visaient à éliminer les rejets industriels, puis à comprendre la relation entre les êtres vivants. Certes, les recherches ont permis de limiter la dégradation de la planète. «Les accidents écologiques liés à l'impact d'activités industrielles sur l'eau sont un des éléments déclencheurs du début de la recherche en environnement. Par exemple, en 1964, une usine du Japon rejetait du mercure dans une baie où les habitants pêchaient. Des centaines d'entre eux ont été victimes de maladies et certains ont donné naissance à des enfants infirmes», raconte-t-il. Olivier Thomas rappelle que le développement durable relève de trois aspects : l'environnement, la société et l'économie «Le développement durable n'est plus une utopie. Il devrait être le comportement normal de tout individu, de toute organisation. Cela permettrait de laisser la planète dans un très bon état pour les générations futures.» Avec cette vision, Olivier Thomas dirige depuis 2003 l'institut qui vise à favoriser la recherche interfacultaire et transdisciplinaire dans le domaine de l'environnement et du développement durable. Confiant, il relève le défi, fort de ses vastes expériences comme directeur de laboratoires dans le domaine de l'environnement en France. … au chercheur citoyen Plus que jamais, la recherche en environnement est orientée vers les besoins de la société. C'est l'avenir de la recherche. «On se dirige vers une époque où le chercheur dans son laboratoire devient de plus en plus chercheur citoyen. Il doit être conscient des problèmes de la société et travailler pour régler ces problèmes dans le cadre de sa recherche», constate Olivier Thomas. À l'Université de Sherbrooke, les chercheurs se penchent sur les enjeux de la société. Par exemple, à la Faculté des sciences, Carole Beaulieu effectue des recherches sur les biopesticides. Olivier Thomas explique : «On fait d'une pierre trois coups : on évite les pesticides dans l'environnement, on fait de la synthèse verte sur le plan de la fabrication et on augmente la sécurité des travailleurs qui appliquent les produits.» Quant à elles, les recherches de Ferdinand Bonn à la Faculté des lettres et sciences humaines touchent l'observation spatiale ainsi que l'usage de satellites pour la prévision, la prévention et l'intervention sur le plan de la gestion environnementale des risques. «Beaucoup d'érosion se produit autour des lacs en Estrie et en Montérégie. Cette érosion est liée à l'usage intensif des terres pour l'exploitation agricole. Elle entraîne des sédiments, dans lesquels on peut retrouver du phosphate, responsable du développement d'algues.» Par ailleurs, le projet Éthique et transdisciplinarité en gouvernance de l'eau est piloté par Alain Létourneau à la Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie. Cette recherche complexe et transdisciplinaire vise à répondre globalement à la question : quelle est la meilleure procédure pour une meilleure gouvernance de l'eau? Considérée auparavant comme un bien inépuisable, l'eau devient maintenant plus rare étant donné sa qualité altérée et les menaces d'exportation.
L'air songeur qui
naît sur le visage d'Olivier Thomas lorsqu'on lui demande quelles seront
les répercussions des recherches de l'Université s'estompe rapidement. Son
expression se fait plutôt convaincante quand il répond : «Dans 10 à
20 ans, on pourra dire que l'Université de Sherbrooke a proposé beaucoup
d'outils pour améliorer la gestion environnementale, c'est-à-dire des
modèles, des capteurs, des systèmes de mesure, des méthodes de gestion de
l'eau ou de gestion de matières résiduelles.» |
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