Sommets Vol. XVII No 3 - Automne 2004


 

La ville passe au vert

par Stéphanie Bernard

Parce que nous accordons de l'importance à l'environnement, nous modifions lentement nos habitudes de vie. Transport, efficacité énergétique, aménagement du territoire, tout y passe. La ville, cet environnement urbain source de pollution, se dote maintenant d'une conscience verte.

Caroline Brodeur et Véronique Jampierre sont chargées de projet à Vivre en ville, le regroupement québécois pour le développement urbain, rural et villageois viable, situé à Québec. Les jeunes femmes sont animées de la même ferveur. Toutes deux participent à l'émergence d'une nouvelle vision : le concept du développement durable arrive en  ville.


Caroline Brodeur
et Véronique Jampierre

Chargées de projet à Vivre en ville, le regroupement québécois pour le développement urbain, rural et villageois viable
Gestion de l'environnement
2002 et 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

La gestion environnementale à la conquête de la ville

Pour régler les problèmes environnementaux et adhérer au concept du développement durable, la ville doit modifier son mode de gestion, opter pour un développement plus sain et écologique. La gestion environnementale permet d'avoir une vision globale des problématiques environnementales qui relèvent de différents secteurs, comme les transports, l'eau et l'énergie. Selon Véronique Jampierre, cette vision d'ensemble permet de mieux cibler des actions concrètes pour améliorer la qualité de l'environnement et la qualité de vie des citoyens.

Peut-être avez-vous déjà entendu parler des techniques de végétalisation de bâtiment, des jardins de ville écologiques, de la gestion des espaces verts ou encore des transports alternatifs? Ces initiatives écologiques, qui visent l'amélioration de la qualité de l'environnement, de la santé et des finances des collectivités, nécessitent un changement de mentalité. Pour Caroline Brodeur, les problématiques ne doivent plus être abordées de manière isolée. «L'amélioration de la qualité de l'environnement est directement liée à la qualité de vie des gens», souligne-t-elle. Par exemple, l'utilisation du transport en commun ou du vélo améliore la qualité de l'air en diminuant la production de gaz à effet de serre, et les citoyens en tirent également avantage par la pratique de l'activité physique ou la diminution du temps alloué à leurs déplacements.

La gestion environnementale, que ce soit en milieu urbain, rural ou villageois, est très marginale en Amérique, concède toutefois Caroline. Les grands espaces dissipent des problèmes environnementaux pourtant bien présents. «En Europe, cette pratique est plus généralisée. Les problèmes environnementaux y sévissent depuis plus longtemps et l'Europe subit les contraintes de son manque d'espace», fait observer Véronique Jampierre. Or, il faut tirer profit de l'expérience des autres. Par exemple, il est facile d'appliquer des techniques de végétalisation de bâtiment, puisqu'elles sont déjà utilisées dans les pays nordiques, comme la Suède et le Danemark. Tout en améliorant l'isolation des bâtiments, ces techniques contribuent à la qualité de l'air de la ville par la filtration des poussières et des gaz polluants. Selon Véronique, les techniques environnementales sont rentables, elles ont des effets positifs sur l'environnement et elles humanisent la ville.

En route vers une ville plus humaine

Pour Véronique Jampierre, la gestion environnementale s'inscrit dans le mode de vie des citoyens. «L'achat de deux voitures par ménage devient de plus en plus fréquent. Présentée comme symbole de liberté, l'automobile est une sorte d'aliénation étant donné les dépenses et les contraintes matérielles qu'elle entraîne. À l'inverse, les transports en commun et alternatifs (partage de voiture, covoiturage, bus, tramway, vélo, marche, etc.) véhiculent une image moins sexy, mais ils offrent des possibilités plus flexibles, plus saines et moins onéreuses pour les ménages. Si la population misait sur les transports en commun et alternatifs, les élus seraient obligés d'investir dans autre chose que les autoroutes», dit-elle avant d'ajouter : «Imaginez la rentabilité à court terme d'un train grande vitesse permettant de nous transporter de Québec à Montréal en moins de deux heures!»

La gestion environnementale nécessite donc une volonté citoyenne doublée d'une volonté politique. «Par nos actions, nous voulons faire changer la volonté politique, clame Caroline Brodeur. Présentement, il semble que l'environnement ne soit pas la priorité des élus.» Quant à la volonté citoyenne, «les gens ne sont actuellement pas assez informés pour faire des choix éclairés en gestion environnementale», ajoute-t-elle. Selon Véronique, la population doit savoir ce qui se fait ailleurs, elle doit prendre connaissance des choix qui s'offrent à elle. Plus la population se sentira libre de choisir, plus sa qualité de vie s'en trouvera augmentée et plus elle participera à l'élaboration de la ville. «La gestion environnementale est un acte démocratique qui valorise le choix des citoyens», souligne-t-elle.

Bien que beaucoup de chemin reste à faire, les deux conquérantes espèrent que la ville de demain sera une ville dans laquelle les citoyens se sentiront bien, une ville dans laquelle la population participera à la gestion environnementale. «Dans la ville de demain, il régnera un parfait équilibre entre les besoins de la population et les offres des décideurs», soutiennent-elles.

 

Vox pop

Que faites-vous pour protéger votre environnement?

J'essaie de transmettre un maximum de connaissances et de valeurs à mon entourage et surtout à mes enfants. Je tente de voir chaque jour comment je pourrais protéger davantage l'environnement.
C. Brodeur

Je rapporte quelque fois les barquettes d'emballage aux commerçants, je privilégie l'utilisation partagée d'une voiture ou d'un vélo, le recyclage de vêtements, la réutilisation de contenants.
V. Jampierre

 


Daniel Côté
Président fondateur de Gazon écologique
Histoire 1993
Gestion et développement des coopératives 1996

Le gazon idéal

par Catherine Labrecque

On le voudrait vert épinard, coupé ras et tellement dense qu'il ne laisserait s'infiltrer aucun pissenlit ni autres mauvaises herbes. «Utiliser des pesticides pour obtenir un gazon esthétiquement idéal permet aux gens de contrôler leur environnement, une préoccupation des plus présentes de nos jours», estime Daniel Côté, fondateur de Gazon écologique. L'entreprise, qui étend ses activités sur l'ensemble du Québec, propose des solutions alternatives aux pesticides. Des solutions qui seront de plus en plus à considérer dans les prochaines années. En effet, à partir d'avril 2006, il sera interdit d'appliquer des pesticides présentant les plus grands risques pour la santé et pour l'environnement sur les pelouses privées, selon le Code de gestion des pesticides du ministère de l'Environnement.

Pour traiter son gazon aux petits oignons sans utiliser de produits nocifs, la première étape que prévilégie Gazon écologique est le terreautage. «À l'aide du terreauteur, un appareil conçu en Estrie qui distribue uniformément le terreau, on applique annuellement une couche de terreau sur le gazon. Le terreau est une matière composée principalement de compost qui permet d'amender le sol», explique Daniel Côté. Cependant, les méthodes écologiques ne peuvent pas rivaliser avec les produits de synthèse. Elles demandent l'expertise de spécialistes, coûtent plus cher et donnent un résultat moins intéressant. Les biopesticides constitueraient une autre solution, mais aucun n'a encore été homologué.

En ville et à la campagne, plusieurs terrains semblent être la proie des pissenlits. «Les terrains autour des nouvelles constructions ne contiennent souvent qu'une mince couche de terreau. Les propriétaires y font dérouler du gazon en plaques, un type de gazon exigeant en fertilisation, très sensible aux insectes et qui tolère mal l'acidité de certains sols. Pour obtenir les meilleurs résultats, le principe est simple : il suffit de maintenir la pelouse dense et en santé. Les végétaux doivent être plantés au bon endroit, avec le bon sol», poursuit-il. Il serait selon lui préférable d'utiliser des semences à gazon plus écologiques, c'est-à-dire plus résistantes à la sécheresse et aux insectes, ou encore des couvre-sol que l'on intègre directement dans la pelouse, comme le trèfle nain, le lotier ou le thym.

«En plus d'être nocifs pour l'environnement, les pesticides éliminent sans distinction les organismes vivants, comme les vers de terre, les insectes et les micro-organismes, alors que par définition, un sol est vivant», soutient Daniel Côté. De plus, les enfants sont les plus sensibles à ces produits dont la forte odeur est parfois camouflée avec du parfum.

http://pages.globetrotter.net/gazoneco 

 

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