Sommets Vol. XVII No 3 - Automne 2004 |
L'environnement au quotidien par Stéphanie Bernard
Devenue le centre d'enjeux importants et la source de débats au
quotidien, la protection de l'environnement est désormais un choix de
société. Ralliant les experts de plusieurs disciplines (biologie,
chimie, géographie…), elle réussit même à modifier peu à peu
nos habitudes de vie. Mais beaucoup reste à faire. |
|
|
À la santé de l'environnement Karine Chaussé est conseillère scientifique à l'Institut national de santé publique du Québec depuis maintenant deux ans. Sa mission? Comprendre les impacts sur la santé que peuvent engendrer certaines problématiques environnementales, par exemple, le fameux virus du Nil occidental qui a fait la manchette. Enfant, Karine abordait la vie avec curiosité. Tout était sujet à observation, elle vouait une véritable fascination pour les chatons, les grenouilles et les insectes qu'elle ramenait à la maison. Également attirée par la gestion, elle a décidé de poursuivre ses études à la maîtrise après avoir terminé son bac en biologie. Forte de ses expériences en milieu industriel, notamment à hydro-Québec comme stagiaire, Karine s'occupe aujourd'hui de nombreux projets. À la direction des risques biologiques, environnementaux et occupationnels de l'Institut, elle veille, entre autres, à la rédaction de documents synthèses sur les principaux paramètres du règlement sur la qualité de l'eau potable. «L'environnement est fragile, un rien peut en perturber l'équilibre», confie Karine Chaussé. Elle cite en exemple la présence de bactéries dans l'eau, source de la tragédie de Walkerton en 2000, l'apparition du virus du Nil occidental et le changement climatique. Bref, la qualité de l'environnement et la santé sont intimement liées. D'ailleurs, «le changement climatique aura d'importantes répercussions à long terme, dit-elle. Un accroissement de la température pourrait abaisser considérablement le niveau de l'eau du Saint-Laurent et causer un problème d'approvisionnement en eau potable pour plusieurs municipalités». Encore difficile à imaginer avec nos hivers rigoureux, n'est-ce pas? «Beaucoup de progrès s'observe en matière d'environnement, et ce, tant à l'échelle industrielle que collective. Les gens sont plus sensibilisés, mais en environnement, l'est-on jamais assez?» conclut-elle. |
François Delaître 30 ans, Québec Maîtrise en environnement 1999 |
«Les moindres petits gestes ont un impact…» De la cohorte 1999, François Delaître soutient que la maîtrise en environnement lui a ouvert beaucoup de portes. «Les postes se sont enchaînés, dit-il. La maîtrise en environnement est reconnue par les employeurs. Pendant les études, on doit faire face à des problématiques réelles qui nous préparent au marché du travail.» François affirme avoir toujours été sensible au milieu qui l'entoure. C'est ce qui l'a orienté vers la biologie. «La maîtrise en environnement m'a donné une vision plus globale, plus écosystémique.» Depuis la fin de ses études, il a entre autres été consultant en environnement pour le ministère des Transports du Québec, puis il est devenu chargé de projet pour des firmes privées dont l'expertise consistait à traiter et à réhabiliter des sols contaminés. Aujourd'hui, le milieu hydrique constitue l'assise des projets dont il a la responsabilité. «L'eau – sa gestion, sa disponibilité, sa qualité – est un des enjeux majeurs dans les années à venir. Les moindres petits gestes ont un impact», déclare-t-il. Au ministère de l'Environnement du Québec depuis 2002, François applique la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement à des projets majeurs en milieu hydrique, notamment les projets hydroélectriques. Un exemple? La centrale hydroélectrique sur la rivière Péribonka, au nord du lac Saint-Jean. «Ce que je préfère dans mon boulot, c'est la possibilité d'influer sur le projet pour minimiser les impacts sur la qualité de l'environnement. En raison de sa nature préventive, l'évaluation environnementale favorise le développement durable, car elle permet d'analyser les facteurs qui ont une influence sur les écosystèmes et les ressources, ainsi que sur la qualité de vie des individus et des collectivités.»
François souligne
que le développement durable est un concept que chacun de nous est en
mesure d'appliquer. «Prenons le temps d'analyser nos actions et notre
style de vie et prenons la peine de nous demander ce que nous pourrions
changer ou améliorer afin de diminuer notre impact sur l'environnement
tout en continuant de bénéficier d'un style de vie qui nous convient»,
confie-t-il en soutenant que la protection de l'environnement et le
maintien de sa qualité doivent faire partie de nos priorités. |
Isabelle Demers 31 ans, Québec Maîtrise en environnement 2002 |
Apprendre constamment… L'oiseau a enfin trouvé son nid! Un parcours sinueux caractérise le début de carrière d'Isabelle Demers. Dotée d'un baccalauréat en biologie et d'un autre en agronomie, elle décide de faire un retour aux études. La maîtrise en environnement lui permettra enfin de trouver sa voie : celle de consultante en environnement. «L'aspect varié de la consultation m'attirait beaucoup», avoue Isabelle Demers. Entourée d'une équipe multidisciplinaire, elle est la seule biologiste du Service de l'infrastructure de la firme d'ingénierie BPR Groupe-conseil, située à Québec. Les divers projets auxquels elle collabore lui permettent d'être constamment en état d'apprentissage. Demande d'autorisation environnementale préalable à une construction routière, étude d'impact sur un lieu d'enfouissement sanitaire ou renaturalisation des berges sont des mandats auxquels elle a travaillé. «Notre rôle est de faire en sorte que le projet de notre client soit le moins dommageable possible pour l'environnement, tout en restant conforme aux objectifs du client», explique-t-elle. Mais qu'est-ce qui préoccupe particulièrement Isabelle Demers en matière d'environnement?
«La gestion des
matières résiduelles, répond-elle. Normalement, selon la Politique
québécoise de gestion des matières résiduelles, 65 % des déchets
devraient être recyclés d'ici 2008, ce qui ne sera probablement pas
atteint. Le clivage qui s'observe entre les villes et les régions
constitue l'une des principales entraves à l'atteinte des objectifs de
la Politique québécoise.» Selon Isabelle, ces dernières ne produisent
pas assez un gros volume pour trouver avantage dans la récupération.
«Les distances et le coût du transport sont énormes et il reste encore
un gros travail de sensibilisation à faire», dit-elle. Bref, l'avenir
réserve encore plein de beaux défis à cette jeune femme pour qui
l'environnement repré-sente un lieu d'apprentissage permanent. |
Sylvain Giguère 29 ans, Québec Maîtrise en environnement 2001 |
Le feu sacré Biologiste au Service canadien de la faune depuis 2002, Sylvain Giguère travaille à la sauvegarde des espèces en péril. Amant de la nature, il ne s'est jamais vraiment posé de questions. Étudier en biologie allait de soi. Encore aujourd'hui, il ne se voit pas faire autre chose, même si la réalité est parfois difficile : «Il faut avoir le feu sacré et être optimiste, car dans le domaine de l'environnement il faut s'habituer aux mauvaises nouvelles et au travail de longue haleine», confie-t-il. Après trois années de travail saisonnier pour la Société Duvetnor à s'occuper des infrastructures de l'île aux Lièvres et à dresser des inventaires d'oiseaux, Sylvain décide d'améliorer son sort en se munissant d'une maîtrise en environnement. Aventurier, il part, à la fin de ses études, à la conquête du Maroc; six mois à tenter de développer les standards environnementaux au Centre marocain de production propre sous la tutelle du Développement des ressources humaines Canada. Après une transition comme biologiste à la Fédération des pourvoiries du Québec, Sylvain Giguère peut aujourd'hui se vanter d'avoir atteint ses objectifs de carrière. «J'étudie les effets de la fluctuation du niveau de l'eau sur les espèces en péril qui utilisent le Saint-Laurent», dit-il le regard allumé. Il fournit entre autres des recommandations pour une meilleure gestion du barrage Moses-Saunders à Cornwall. «Il y a 12 espèces protégées par les lois qui utilisent les habitats aquatiques ou du bord de l'eau, notamment le petit blongios anciennement connu sous le nom de petit butor», explique Sylvain. «Cet oiseau construit son nid dans les quenouilles, au-dessus du niveau de l'eau. Le débit du barrage doit donc être suffisant au mois de juin pour donner des conditions adéquates à la reproduction.»
Qu'est-ce qu'il
déplore en matière d'environnement? «On se sert très souvent de
l'environnement comme enjeu marketing ou politique et, à la moindre
restriction, c'est l'un des premiers secteurs à être touché. On nous
demande aussi constamment d'attribuer une valeur financière à
l'environnement; est-ce que c'est absolument nécessaire qu'un marais où
foisonne la vie rapporte de l'argent?» Il désire pour l'avenir «que les
gouvernements et les entreprises s'organisent pour exploiter nos
formidables richesses naturelles de façon à ce qu'il en reste pour nos
enfants et leurs enfants. Pas comme à l'heure actuelle où on frôle
constamment la surexploitation en faisant semblant de faire du
développement durable». |
|
UTILISEZ LES FLÈCHES DE NAVIGATION OU FERMEZ
CETTE FENÊTRE POUR |