Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004

 

Danser avec les émotions

par Sylvie Couture

Elle est tout sourire. On sent déjà dans le pétillement de ses yeux qu'elle en a une bonne à raconter. De fait, elle éclate de rire avant même d'avoir terminé son récit et c'est dans l'euphorie que l'on apprend le dénouement burlesque d'une aventure qui ne peut arriver qu'à Nicole Dufresne.

 


Nicole Dufresne
Activité physique 1971
Vice-doyenne aux affaires étudiantes, Faculté d'éducation physique et sportive

 

La Faculté d'éducation physique et sportive ne serait pas la même sans ce petit bout de femme énergique qui sait si bien danser avec les émotions. Le rire de Nicole Dufresne a traversé bien des générations d'étudiants; sa compassion, sa sollicitude et son dévouement aussi. «Certains m'appellent encore Mère Teresa!» lance-t-elle dans une suite de mouvements bien balancés entre l'humour, la nostalgie et la tendresse.

Elle danse avec les fous

Imaginez une salle de classe, une lumière tamisée, un silence à peine trahi par le souffle discret d'une trentaine d'étudiants bien concentrés. Nous sommes au milieu des années 1980, par un beau vendredi après-midi. Nicole Dufresne a réussi à créer une ambiance parfaite pour son cours d'expression, quand un intrus du cours du jeudi s'aventure dans le local, cette case horaire lui convenant davantage. Il s'ensuit des grincements de porte, des pas lourds, des chuchotements. «Je me suis dit : Ah non! il ne viendra pas chambouler tout mon cours. Et pendant qu'il avançait dans la classe sans se soucier des perturbations qu'il entraînait, je me suis glissée derrière lui à petits pas et je lui ai littéralement sauté dessus!» Et voilà le rire caractéristique qui vient enrober cette histoire rocambolesque. «C'était un joueur de soccer costaud; je ne lui ai pas fait très peur» rie-t-elle de bon cœur avant de conclure : «C'en était fait de l'ambiance idéale. Tout le monde s'est mis de la partie, s'est bousculé et s'est chamaillé dans une folie collective.»

Cette création collective n'est certes pas restée dans les mémoires en raison de sa haute teneur artistique. Il en est tout autrement des spectacles de danse que Nicole Dufresne a coordonnés de 1974 à 1991. «Ce sont là quelques-uns de mes plus beaux souvenirs, se rappelle-t-elle. À la fin de chaque année, nous présentions un grand spectacle qui regroupait les étudiants du cours de danse 2 et d'autres passionnés de la danse. C'est incroyable comment les gens s'investissaient dans ces productions. Je retiens surtout la grande émulation qui régnait au sein des groupes et qui contribuait grandement au succès du spectacle.»

Pour Nicole Dufresne, la solidarité constitue une force indéniable de la Faculté. Aussi, quand sa collègue hélène Tanguay est décédée à la suite d'une longue maladie, elle a pu constater que cette solidarité était aussi présente au sein des cohortes étudiantes. «J'ai été vraiment émue par le soutien que les étudiants ont manifesté tout au long de la maladie d'Hélène. Ils demandaient des nouvelles, envoyaient des petits mots d'encouragement, des cartes de souhaits, des témoignages émouvants. Ils voulaient qu'elle sente qu'ils étaient là, avec elle», raconte-t-elle, la voix brisée par l'émotion.

Elle danse avec les mots

Nicole Dufresne est aujourd'hui vice-doyenne aux affaires étudiantes de la Faculté d'éducation physique et sportive. Elle y enseigne la danse et l'expression depuis 30 ans et y remplit des tâches administratives depuis plus de 25 ans. Avec toutes ces années, les anecdotes, les bons souvenirs et les moments de tendresse se sont multipliés. Nicole Dufresne les raconte tous avec un plaisir sans fin, jouant avec les mots et passant d'une émotion à l'autre en toute simplicité.

Parlant de mots… «En 1982, j'étais la seule femme au sein du conseil d'administration de l'Université. Lors d'une réunion, j'avais demandé au vice-recteur d'ajouter le mot Madame à l'amorce de ses lettres aux membres du CA où l'on ne retrouvait que le mot Messieurs», se rappelle Nicole Dufresne, le plus sérieusement du monde avant d'éclater de rire et de dire : «Ça n'a rien ramené quand il a dit que c'était un oubli de sa secrétaire!»

Quelqu'un se souvient-il des statues de dieux grecs, nus et asexués, qui décoraient le bureau de madame Dubois, la secrétaire administrative de la Faculté, de 1974 à 1998? «Ne les cherchez plus, soutient Nicole Dufresne. Madame Dubois est partie à la retraite avec ses statues, les protégeant ainsi des farceurs qui voudraient répéter l'expérience de quelques étudiants téméraires qui, en 1980, auraient forcé la porte de son bureau pour greffer de nouveaux attributs aux innocentes statuettes.»

Nicole.Dufresne@USherbrooke.ca

 


 


Jean-Pierre Boucher
Activité physique 1985
Administration 1999

Responsable des programmes
Service du sport et de l'activité physique

 

La folie du vendredi après-midi…

«C'est moi l'intrus dans la classe d'expression du vendredi après-midi… Je m'en souviens comme si c'était hier. Je devais partir en France le lendemain pour des activités de soccer et comme j'allais manquer des cours, j'ai demandé à Nicole de me rendre service en acceptant que j'aille à son cours du vendredi. Mais justement, c'était un vendredi après-midi, je partais en France le lendemain et je me sentais un peu délinquant… J'ai donc foutu un sympathique bordel dans sa classe et elle en a rajouté en entrant dans le jeu et en me sautant dessus. Nous avons tous bien ri! Mais je n'ai jamais osé lui redemander d'assister à ses cours du vendredi après-midi.»

 


François Godbout
Activité physique 1987
Responsable du secteur d'animation socioculturelle
Collège de Limoilou

Le talent 

À l'époque de ces spectacles de danse, je n'avais pas plus le gabarit d'un danseur que je l'ai maintenant – 6 pieds et demi et une carrure…pour le moins massive. Mais il faut croire que j'avais du talent! J'avais aussi une prof amusante, rigoureuse et exigeante, qui avait toujours le sourire et beaucoup de patience, surtout avec nous, une bande de gars qui s'amusaient à faire des activités inhabituelles, comme de la nage synchronisée et de la danse; imaginez le portrait!

Les concepteurs du spectacle de danse avaient su adapter les chorégraphies en fonction du talent de chacun des participants. Naturellement, nous nous sommes retrouvés dans la partie humoristique, portant fièrement un lycra vert lime qui ne passait pas inaperçu. heureusement, personne ne pouvait nous reconnaître grâce au maquillage à base de gruau. Il avait l'avantage d'être très économique, mais au bout de quelques minutes il piquait tellement qu'on en oubliait nos pas de danse.

Enfin, je n'ai pas fait carrière dans la danse, mais cette expérience m'a permis de constater qu'il était possible de faire ressortir les talents les mieux cachés…

 

UTILISEZ LES FLÈCHES DE NAVIGATION

OU FERMEZ CETTE FENÊTRE POUR
RETROUVER LE SOMMAIRE