Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004


L'influence d'Antoine Sirois

par Catherine Labrecque

Le 1er août 1960 , l'abbé Antoine Sirois débarquait sur le Campus ouest avec ses convictions, un large sourire et une personnalité des plus sympathiques, qui allaient lui attirer bien des éloges. Il y est resté 34 ans. En cette journée d'ouverture des bureaux administratifs du Centre social, il a foulé le sol en mettant un pied devant l'autre. C'était bel et bien un grand pas pour l'Université. D'abord secrétaire général et registraire de l'Université, puis professeur de littérature, Antoine Sirois a été non seulement un témoin de l'évolution de l'institution, mais il a véritablement participé à son développement. Toujours, il a eu le souci d'encourager tout ce qui touche aux arts ainsi que la recherche, particulièrement en sciences humaines.

 


Antoine Sirois
Professeur
(1960 à 1994)
Faculté des lettres et sciences humaines

 

Sous la direction du recteur Irénée Pinard, Antoine Sirois a assumé les tâches de secrétaire général de l'Université pendant cinq ans. «Je commençais un métier neuf dans une université neuve! Le bureau du recteur, celui du trésorier et le mien se trouvaient au Centre social, maintenant pavillon de la vie étudiante. Il régnait un esprit de famille dans cet environnement où les étudiants nous côtoyaient à la cafétéria, située au deuxième étage! Pendant un an, j'ai résidé dans mon bureau, qui incluait un canapé-lit et un lavabo. Dans mes cinq années au cœur de l'administration, j'ai vu la croissance rapide de l'Université, la construction de pavillons et l'augmentation du nombre d'étudiants. À titre d'exemple, en 1959-1960, le nombre d'étudiants inscrits à temps plein s'élevait à 604 et a atteint 1531 en 1965-1966.»

Dossiers chauds

Rédiger les rapports du conseil d'administration et du conseil universitaire ainsi que planifier et animer la collation des grades faisaient partie des tâches du secrétaire. Celles du registraire consistaient entre autres à vérifier si le dossier des étudiants pour les inscriptions répondait aux critères des facultés. Mais d'autres dossiers préoccupaient davantage Antoine Sirois. «À ce moment, les dossiers chauds incluaient l'augmentation des qualifications professorales, c'est-à-dire l'exigence d'un diplôme de doctorat, la construction du Pavillon central et des résidences E, l'implantation du système coopératif et de la Faculté de médecine et la construction de la salle Maurice-O'Bready. Au départ, cette salle était prévue pour la collation des grades. Comme j'ai toujours été très sensible aux arts et aux spectacles, j'ai suggéré au recteur d'en faire une salle de spectacle où l'on pourrait présenter du théâtre, du ballet et des concerts. Il s'est montré tout à fait d'accord. En 1963, sa construction a représenté un investissement d'environ 500 000 $, à mon souvenir.» En 1964, Antoine Sirois a commencé la collection d'œuvres d'art de l'Université. «En vue de décorer le pavillon central, je suis allé à Montréal avec une décoratrice faire le tour des galeries d'art. Avec 5000 $, nous avons acheté une vingtaine d'œuvres, dont un tableau de Marcelle Ferron et un de Stanley Cosgrove.»

À partir de 1967, Antoine Sirois a enseigné la littérature. Plusieurs l'ont connu dans un cours portant sur les œuvres d'Anne hébert, de Gabrielle Roy ou de Zola. «Durant mes premières années d'enseignement, je voyais un enthousiasme particulier chez les étudiants. Ils lisaient davantage que ce que je leur conseillais, démontraient beaucoup de créativité et s'impliquaient dans le développement culturel de l'Université. Dans mes cours, je voulais que les étudiants recherchent la dimension mythique et les symboles des œuvres. Un cours typique se structurait autour de trois livres d'un auteur. Je leur apprenais par exemple à saisir le sens symbolique de la montagne dans Bonheur d'occasion. Dans Les Fous de Bassan, plusieurs personnages sont des rappels de la chute de la Genèse. D'une façon générale, Anne hébert s'inspirait beaucoup de la Bible et les personnages de Gabrielle Roy recherchaient le paradis perdu. J'ai toujours pris plaisir à analyser les œuvres de ces deux auteures que j'ai déjà rencontrées. Par ailleurs, j'ai été l'un des initiateurs du centre Anne-Hébert. Spécialisé en littérature comparée, j'ai encouragé les étudiants à établir des rapports entre les deux littératures canadiennes.»

Le Département d'études françaises, avec Antoine Sirois à sa tête de 1968 à 1974, a recruté plusieurs Québécois titulaires d'un doctorat. Comme il a toujours été sensibilisé à la recherche, le poste de vice-doyen à la recherche et aux études supérieures, de 1975 à 1983, lui allait comme un gant. «Dans les années 1970, la recherche s'est développée en études françaises. J'ai toujours encouragé les professeurs à demander des subventions et à poursuivre leurs recherches. À ce moment, j'ai resserré les règlements pour stimuler les étudiants à terminer leurs thèses et mémoires plus rapidement.» Ses recherches sur les écrivains, poètes et artistes de la région ont été immortalisées sous forme d'articles, de cahiers et de livres.

antsir@videotron.ca

 


 


Richard Giguère
Arts 1966
Études françaises 1968, 1970

Professeur retraité, Faculté des lettres et sciences humaines

Fermer la boucle

«Quand j'avais 12 ans, il est arrivé en moto pour rencontrer mon père et le convaincre que je devais faire mon cours à l'externat classique de Lac-Mégantic, où il était professeur. Extrêmement ouvert aux autres cultures, Antoine Sirois m'a ensuite initié à la littérature anglo-phone écrite par des auteurs montréalais, ce qui m'a incité à faire mon doctorat en littérature comparée. Antoine Sirois m'a par la suite recruté comme professeur. C'est un homme extrêmement généreux, avec un goût prononcé pour la recherche. Il m'a fait faire les bons choix tout au long de ma carrière. Lorsqu'il a pris sa retraite, j'ai organisé une fête pour lui rendre hommage. J'étais alors directeur du Département des lettres et communications. Je l'ai remercié pour ce qu'il avait fait 30 ans auparavant pour moi, lorsqu'il était directeur du Département d'études françaises. J'ai ainsi fermé la boucle.»

 


Serge Malouin
Études françaises 1967, 1994
Enseignant retraité, Cégep de Sherbrooke

 

 

Point de vue artistique 

«Comme professeur, Antoine Sirois maîtrisait à merveille sa matière et se préoccupait qu'on la comprenne. J'ai commencé une maîtrise avec lui à la fin des années 1960. Je l'ai interrompue, puis poursuivie sur un autre sujet, en 1994, toujours sous sa supervision. Sous l'influence d'Antoine Sirois, j'ai opté pour le sujet suivant : raconter l'histoire de la région à partir du point de vue artistique, particulièrement du théâtre. C'est une personne très motivante qui se préoccupe de mettre en valeur les artistes de la région. À partir de 1967 et pendant une dizaine d'années, deux tables étaient réservées au restaurant la Bonne Franquette tous les midis de semaine pour des professeurs et des diplômés de l'Université. On y discutait notamment de théâtre et de cinéma. Antoine Sirois y participait très souvent.»

 

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