Sommets Vol. XVIII No 3 - Automne 2005


Conjuguer passion et raison

Par Reno Fortin

Josette D. Normandeau est certes une scénariste et une productrice de documentaires pour la télévision, mais elle est surtout une femme aux champs d'intérêt variés, constamment en mouvement et en déplacement. La société qu'elle préside depuis 2000, Idéacom International, s'est vu attribuer, depuis sa fondation en 1971, une trentaine de prix au Canada et à l'étranger. Son travail l'a amenée à collaborer avec les chaînes CBC, Radio-Canada, Life Network au Canada et avec Channel 4 UK, France 2 et National Geographic International. Bienvenue dans le monde d'une femme qui a le feu sacré du métier.

 


Josette D. Normandeau
Présidente de la maison de production Idéacom international
Études anglaises 1985

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Josette D. Normandeau définit Idéacom International comme «une maison de production de création». La maison développe des séries documentaires, des documentaires uniques et des documentaires dramatisés. «Comme producteur, on vend des concepts», confesse-t-elle.

La voie d'une guerrière

La productrice divise son travail en deux catégories  : les produits nationaux pour le Canada anglais et français et les produits internationaux comme Bushido, la voie d'une guerrière. Ce célèbre documentaire sur les arts martiaux, Deadly Arts en anglais, a accaparé presque sept ans de la vie de Josette D. Normandeau. Cette grande série documentaire de six heures tournée dans cinq pays est une coproduction avec les chaînes National Geographic International, History Television et Canal D. La série jette un regard sur les arts martiaux du Brésil (capoeira), de la Thaïlande (muay thaï), de l'île d'Okinawa (karaté), de la France (savate), de l'Inde (kalaripayattu) et du Japon (aïkido). Le résultat? Une diffusion internationale sauf aux États-Unis, pour l'instant, et six nouveaux épisodes en scénarisation.

«Je voulais vulgariser les arts martiaux en faisant découvrir ces pays et ces cultures», raconte Josette D. Normandeau. Il faut dire qu'elle n'est pas une néophyte dans le domaine des arts martiaux. «C'est une passion personnelle depuis plus de 30 ans», résume celle qui pratique principalement le karaté et l'aïkido. «Les arts martiaux vous donnent beaucoup de détermination et une grande capacité de concentration.» Pour Bushido, elle a porté plusieurs chapeaux, dont ceux de scénariste, de productrice et de vedette principale. «Le nombre de personnes qui m'ont arrêtée dans la rue pour me parler de Bushido, même à Singapour, j'étais étonnée!» résume la présidente d'Idéacom International.

Un créneau spécialisé

Dans le marché mondial du film documentaire, Josette D. Normandeau considère la position du Québec comme un atout : «Nous sommes bilingues, nous vivons facilement entre l'Europe et l'Amérique, et les diffuseurs étrangers ont compris que nous connaissons les subtilités de la culture francophone et anglophone, fait-elle remarquer. Ce qui a changé en 10 ans, c'est la complexité du financement, avec l'obligation d'avoir de multiples partenaires en diffusion, qui ont des positionnements différents, et tout cela sans dénaturer le documentaire.»

Idéacom International possède toutefois une carte indéniable : «Notre maison a bonne réputation dans l'industrie. Pour Bushido, National Geographic avait confiance en notre produit et en notre réputation.» Quant aux autres productions à succès (M'aimes-tu?, Comment ça va?, Le dernier safari, Le secret des Navajos), elles témoignent d'une grande diversité. «Le bonheur d'un producteur de documentaires, c'est de choisir les sujets qu'il a envie de traiter», reconnaît Josette D. Normandeau.

Et la fiction dans tout ça? «Ça mijote», lance-t-elle avec un large sourire. Pour l'instant, elle se concentre sur plusieurs projets. Elle vient de terminer l'écriture d'un documentaire, qui s'intitule Le téméraire, l'étourdi et l'impatient, sur les comportements des conducteurs moyens. Cette production sera diffusée à Radio-Canada, à RDI et à la CBC en 2006. «J'y décris la mentalité far west qui subsiste encore aujourd'hui au volant», soutient la scénariste pour qui le monde est une source inépuisable de documentaires, en devenir.

 

Comme elle n'avait pas tout dit dans sa série documentaire Bushido, la voie d'une guerrière, Josette D. Normandeau s'est tournée vers l'écriture du livre À la rencontre des grands maîtres, qui se veut une approche culturelle et historique des arts martiaux. Le volume va plus loin encore dans la compréhension du sujet. «L'écriture d'un livre n'est pas du tout comme l'écriture d'un documentaire, reconnaît l'auteure. Dans un livre, on peut créer la poésie; dans un film, on ne peut pas ouvrir une porte sur une histoire si on n'a pas le visuel.» Le volume paru aux Éditions de l'homme et tiré à 8000 exemplaires est toujours sur les tablettes.

 

Vox pop

Quelles seraient vos priorités dans une programmation télévisuelle?

Ma priorité serait la diversité. Elle s'impose étant donné les mandats de diffusion des télévisions publiques et privées.

J. D. Normandeau

 

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