Sommets Vol. XIX No 1 - Hiver 2006


L'éthique prend de la valeur

par Sylvie Couture

Les jeunes accordent de plus en plus de valeur au rôle de l'éthique dans notre société. En voici deux qui ont placé l'éthique au cœur de leur quotidien.
 

Photo de Katherine Breton
Katherine Breton
Carrefour de solidarité internationale
Psychologie 2004

  Le choix équitable

Katherine Breton avance dans la vie les yeux grands ouverts. «Il y a tant à voir! Plus on découvre de choses, plus on en a de nouvelles à découvrir.» Après plusieurs voyages dans des pays en développement, dont un stage de quatre mois au Niger, elle était sûre que le développement international ferait un jour partie de sa vie, sans trop savoir si ce serait par du bénévolat ou par son travail. Aujourd'hui, à peine arrivée au Carrefour de solidarité internationale, un regroupement d'organismes qui œuvrent pour la justice sociale et le développement durable, elle est déjà habitée d'une passion qui change le monde. «Je découvre qu'il y a beaucoup de gens qui se mobilisent pour mettre en place des projets de développement dans une multitude de champs d'activité. J'apprends beaucoup et j'ai encore beaucoup à apprendre.»

Et à partager. Elle se plaît d'ailleurs énormément dans ses tâches d'information et de sensibilisation. Quand on lui parle de consommation responsable, elle s'empresse de vanter les mérites du commerce équitable qui contribue au développement durable et offre de meilleures conditions aux petits producteurs agricoles et aux travailleurs des pays en développement. Elle explique qu'un système international rigoureux de certification garantit l'application des principes de juste prix, de relation commerciale directe, de transparence, de respect de l'environnement et d'équité entre les peuples. «Pour moi, le commerce équitable est aussi un moyen de rétablir l'équilibre entre le Nord et le Sud, entre la richesse et la pauvreté.»

En plus de sensibiliser la population régionale et de mettre sur pied des stages à l'étranger, le Carrefour de solidarité internationale soutient plusieurs projets de développement communautaire durable, dont deux projets majeurs de commerce équitable qui visent à commercialiser du karité produit au Mali et du café produit au Pérou. «Les produits sont achetés à un juste prix auprès de nos partenaires du Mali et du Pérou, sont transformés ici, puis distribués par nous. De plus, les profits de la vente sont réinvestis dans des projets de développement communautaire dans ces pays. C'est ce que nous appelons du commerce équitable PLUS!»

Katherine Breton partira bientôt pour le Mali et le Pérou. Comme l'une des caractéristiques du commerce équitable est de pouvoir suivre les traces du produit dès le début de sa production, elle espère rencontrer les gens qui ramassent les noix de karité et les grains de café. «Imaginez! J'aurai peut-être la chance de mettre un visage sur les produits que je consomme.»

Pour appuyer le CSI
www.csisher.com/campagne

 

Photo de Stéphane P. Ahern
Stéphane P. Ahern
Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Philosophie 1999
Médecine 2000

  Mille patients, mille histoires

«Il n'y a pas de bonnes réponses, pas de bonnes solutions; il n'y a pas non plus de recettes parfaites, il y a seulement un patient et son histoire. Puis, il y a mille patients, mille histoires...» Stéphane P. Ahern n'a que 30 ans et, chaque jour, il fait face à la mort. Chacune de ses décisions est vitale. Aux soins intensifs de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le jeune médecin se retrouve souvent entre la vie et la mort de ses patients. Mais il est bien formé pour prendre des décisions éthiques.

«On peut dire que je suis un philosophe-médecin parce que j'ai d'abord été formé en philosophie, puis en médecine. Mais mon approche au chevet du malade est avant tout celle du médecin, avec un regard philosophique. La philosophie renvoie à la réflexion en dehors de l'action, tandis que la médecine relève davantage de la réflexion dans l'action. Il y a eu une mutation dans ma formation, explique-t-il. Je pars maintenant de l'expérience clinique et je théorise. Je me définis d'abord comme un praticien, ensuite comme un chercheur, puis comme un philosophe.»

Bardé de diplômes – certificat en gérontologie, certificat en éthique appliquée, maîtrise en philosophie, doctorat en médecine, diplôme d'études supérieures en médecine interne et en soins intensifs – Stéphane P. Ahern s'intéresse à l'éthique au chevet du malade depuis de nombreuses années. Il complète d'ailleurs son doctorat en sciences cliniques par une thèse qui porte sur l'étude du raisonnement éthique et clinique du médecin qui évalue l'aptitude à consentir aux soins. «Ce n'est pas un modèle ou un outil, c'est une représentation de ce que font les médecins, parfois sans le savoir. Les résultats démontrent qu'ils s'inspirent d'une éthique narrative pour décider des soins à prodiguer à tel ou tel patient. L'approche de l'éthique narrative soutient que l'éthique ne se comprend qu'à la lumière de l'histoire singulière du patient. C'est par la narration, le dialogue, l'échange de propos que le médecin et le patient évaluent leur crédibilité et leur processus délibératif.»

Au chevet des malades, Stéphane P. Ahern s'intéresse d'abord à l'histoire de chaque patient : «Qui est-il? Que veut-il? Ensuite, je lui explique ce qu'est sa maladie et quelles sont les options thérapeutiques. Après, nous faisons l'adéquation afin de prendre ensemble la meilleure décision pour atteindre ses objectifs.» Et si le patient n'est pas en mesure de décider? «Je ferai la même démarche avec les membres de la famille en leur disant qu'ils sont la voix de cette personne. Ne me dites pas ce que vous voulez, mais ce que le patient aurait voulu. Racontez-moi son histoire à lui.»
 

 

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