Sommets Vol. XVIII No 2 - Printemps 2005


 

Bouger : un remède aux multiples vertus!

par Carine Samson

Beaucoup de personnes, depuis toujours, sont stressées, angoissées ou déprimées. S’ajoutent à ce cocktail bien des maux de tête, des pertes de motivation, et plus. Mais que faire? Plusieurs fouilleront désespérément la pharmacie de la salle de bain à la recherche du flacon idéal, alors que le remède par excellence, selon Marc Bélisle, psychologue et éducateur physique à l’Université de Sherbrooke, réside simplement dans… l’activité physique!

 


Marc Bélisle
Psychologue et professeur titulaire à la Faculté d’éducation physique et sportive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Marc Bélisle prône la santé à divers titres. Il est d’abord psychologue clinicien, ensuite professeur, et à ces étiquettes s’ajoutent le chercheur et le concepteur d’outils spécialisés en éducation. Enseignant depuis 1986 à la Faculté d’éducation physique et sportive de l’Université de Sherbrooke, ce sportif dans l’âme a centré ses recherches sur l’éducation physique et la santé dans les écoles, sur la gestion du stress chez les enfants et, finalement, sur la collaboration entre médecins et kinésiologues.

Misons sur l’éducation!

«Ma mission actuelle, c’est le développement des habiletés psychologiques pour faire face à la vie en général, non pas seulement dans le sport. Mon objectif : rehausser la santé globale de l’être humain en vue du bien-être et du bonheur», affirme le chercheur, enthousiaste. Mais comment arriver à motiver quelqu’un à faire du jogging plutôt qu’à avaler un comprimé apaisant? Marc Bélisle avoue qu’il faut d’abord miser sur les enfants. Pour lui, il est important de les sensibiliser très tôt à la pratique d’une activité physique. C’est pour cette raison que ce passionné de soccer a participé à la création du guide Éducation à la santé avec ses collègues Jean-Pierre Cuerrier et Paul Deshaies.

Ce manuel d’enseignement publié aux Éditions C. & C. est un outil innovateur dans le monde professoral. «Les professeurs n’ont pas le temps de lire de grosses briques, explique Marc Bélisle. Mon équipe et moi avons créé un guide d’éducation très bien structuré, adapté aux niveaux préscolaire et primaire. L’enseignant a ce qu’il lui faut (activités, leçons, découpages) tout cuit dans le bec!»

Effectivement, cet outil est une référence dans le monde de l’éducation physique au Québec. Éducation à la santé s’est vu attribuer, en 1996, le Méritas des publications professionnelles puisqu’il contient, entre autres, des activités pratiques et des leçons concernant l’alimentation, la connaissance du corps et les situations d’urgence.

Contaminer le système scolaire

En ce qui concerne la santé mentale, un volet principal de ses recherches, Marc Bélisle a beaucoup travaillé avec Éthel Roskies, une spécialiste mondiale réputée dans le domaine de la gestion du stress. Pour le clinicien, la santé est d’abord mentale. D’ailleurs, son défi actuel, comme il se plaît à le dire, consiste à «contaminer» tous les enfants du Québec, par la voie du système scolaire, avec un programme d’éducation aux habiletés psychologiques : relaxation, contrôle des pensées et des attitudes. Par contre, une faille demeure dans son programme de recherches : «Il est difficile de savoir si les enfants ont adopté les habitudes de santé pour toute leur vie ou si, dans quelques années, tout sera à recommencer. La seule façon de le découvrir serait de mener des études longitudinales auprès des mêmes personnes, ce qui exigerait une contribution financière substantielle», reconnaît le spécialiste de la santé.

Plus encore, Marc Bélisle a cherché à développer une certaine spiritualité, un bonheur et un mieux-être à travers l’activité physique. Un athlète, selon lui, vit plusieurs situations de stress qui s’apparentent à celles de la vie courante. Le transfert d’habiletés psychologiques à la vie quotidienne est pour lui un très grand défi. C’est d’ailleurs le thème des travaux pour lesquels il a reçu une subvention du Fonds d’appui à la pédagogie universitaire de l’Université de Sherbrooke, lui permettant de rédiger des manuels de psychologie du sport. «J’enseigne à mes étudiantes et étudiants du baccalauréat en kinésiologie à contrôler le stress, à “focaliser” et à utiliser des imageries mentales. Je ne leur apprends pas particulièrement à devenir habiles à lancer un ballon dans un panier; je leur donne des moyens pour être en bonne santé et tout commence par la santé mentale!» assure le professeur.

En ce qui concerne les adultes en général, le remède aux multiples vertus, pour Marc Bélisle, prend également la forme de l’activité physique. Le psychologue clinicien enseigne particulièrement la santé au travail à ses étudiantes et étudiants. «Le kinésiologue est de plus en plus considéré comme un intervenant de premier ordre au sein des programmes de santé au travail», affirme le professeur.

Dans un programme de santé où le personnel d’une entreprise est encadré par des étudiantes et étudiants en kinésiologie, par exemple le programme Universanté de l’Université de Sherbrooke, les stagiaires coordonnent les activités regroupées en quatre catégories : activité physique, plein air, nutrition et gestion du stress. Il s’avère primordial d’évaluer les effets de ces programmes de santé au travail, particulièrement sur le plan psychologique, car selon l’Organisation mondiale de la santé, les problèmes de santé mentale représenteront sous peu la première cause d’absentéisme au travail. «Si je peux ne donner qu’un petit coup de pouce pour l’amélioration de la qualité de vie, et donc du bonheur, je serai des plus satisfaits», déclare le chercheur.

Votre médecin vous le dira!

Fort de cette motivation, le psychologue de la santé a voulu intégrer la médecine à ses recherches. Pour Marc Bélisle, il est important de savoir comment amener l’adulte à faire de l’activité physique et quelle ressource peut motiver cette démarche. Il a donc mené une étude, à l’échelle provinciale, où il s’est demandé si les médecins prescrivent de l’activité physique à leurs patients. À question directe, réponse directe : «Non, ou presque pas!» Ainsi, selon ses explications, les médecins, de façon générale, ne sont pas spécialisés dans le sport et manquent d’assurance dans le domaine. De plus, selon Marc Bélisle, les médecins ne connaissent pas ou peu les professionnels de l’activité physique, les kinésiologues.

Ce champ d’études ouvre donc la voie à une éventuelle collaboration médecin-kinésiologue qui aurait probablement un impact remarquable : «Le médecin a un rôle important et privilégié avec le patient. De son côté, le kinésiologue permet un soutien professionnel direct et aide à modifier le comportement du patient grâce à ses connaissances et au lien de confiance qu’il finit par établir avec le client», affirme Marc Bélisle.

Il a écrit un article dans la revue Le médecin du Québec pour inciter les gens du milieu médical à collaborer avec les kinésiologues. Une fois que les médecins voient la collaboration comme étant le remède et non la problématique, il ne reste qu’à établir le contact entre ces professionnels. «Chaque année, je suggère à mes étudiantes et étudiants en kinésiologie de remettre aux médecins leur carte professionnelle. C’est un contact qui doit devenir aussi commun que la collaboration médecin-psychologue», explique le clinicien.

Marc Bélisle ne se contente pas de «contaminer» les enfants et le système scolaire, mais bel et bien toutes les strates de la société qu’il est en mesure de toucher. «Le domaine de l’activité physique est sujet à être redéfini afin de contribuer à la qualité de vie de l’être humain», conclut le psychologue de la santé, Marc Bélisle. Bouger est donc un remède aux multiples vertus qui doit être consommé à grande dose, qu’on se le dise!

 

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