Sommets Vol. XVIII No 3 - Automne 2005


L'argent : le nerf de la guerre

Par Reno Fortin

Quand on évoque la télévision, on parle de gros sous. Le nerf de la guerre, c'est l'argent. Une production verra-t-elle le jour? Cela dépend du financement accordé, qu'il soit public ou privé. La Banque nationale du Canada (BNC) finance des films et des séries télévisées, par l'entremise du Groupe cinéma et télévision. Élaine Morissette en est le directeur principal et elle ne changerait pas son emploi pour rien au monde.

 


Élaine Morissette
Directeur principal
du Groupe cinéma
et télévision
Banque nationale
du Canada

Droit 1993
MBA 2000

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Originaire de Windsor, en Estrie, Élaine Morissette a pratiqué le droit pendant quatre ans avant d'amorcer sa carrière dans le milieu bancaire. Le monde des affaires a toujours fasciné cette gestionnaire qui est aujourd'hui à la tête du Groupe cinéma et télévision, qui compte trois bureaux dans les principaux centres de production au pays soit à Montréal, à Toronto et à Vancouver. «Je gère une équipe de 25 personnes qui offrent du financement aux producteurs de cinéma et de télévision, aux fournisseurs de services et aux distributeurs», explique Élaine Morissette. Selon elle, le volume d'affaires pour la Banque nationale est plus élevé à Montréal, mais la compétition est plus forte à Toronto et à Vancouver.

Un rôle de leader

Environ 60 % de la clientèle du Groupe cinéma et télévision fait de la télévision, incluant de la fiction lourde (la série Fortier par exemple), de l'animation, des émissions jeunesse ou du documentaire. Le cinéma accapare, quant à lui, 30 % du volume, alors que l'autre 10 % est consacré aux distributeurs et aux fournisseurs de services. L'équipe travaille annuellement à 300 projets canadiens dont 80 % prennent forme. Les clients sont majoritairement canadiens, mais des producteurs américains qui tournent au Canada font parfois appel au Groupe cinéma et télévision de la BNC, que ce soit pour une marge de crédit, un crédit spécial de production, du crédit d'anticipation ou du financement des crédits d'impôt. «Le financement dans ce domaine est complexe, notamment pour tout ce qui touche les transactions internationales. Cela prend du temps avant de développer l'expertise», assure Élaine Morissette.

Les producteurs forment la principale clientèle qui rencontre l'équipe d'Élaine Morissette pour demander un prêt afin de permettre la production en attendant d'obtenir les crédits d'impôt, les subventions ou la licence du diffuseur. «C'est souvent plusieurs millions à fournir sur une période de 12 à 18 mois, mentionne-t-elle. On appelle cela un financement intérimaire. On est remboursé par les sources de fonds concernées.»

Le milieu bancaire demeure toutefois prudent, si bien que certains critères s'appliquent avant de verser des montants aussi substantiels. Pour Élaine Morissette, un dossier solide doit jouer entre autres sur «la réputation du producteur et la crédibilité des investisseurs, car en bout de ligne ce sont eux qui vont rembourser». La direction de la Banque nationale du Canada a fait le saut dans le milieu de la production cinéma et télévision en 1998 et elle ne semble pas regretter son geste, puisqu'elle demeure à ce jour le leader dans le financement privé au Québec. La BNC a financé divers succès dont La vie la vie, Virginie ou Rumeurs, sans oublier les films La grande séduction et Les invasions barbares et plus récemment Aurore et C.R.A.Z.Y. «Mais attention, nous ne sommes pas un investisseur», se plaît-elle à répéter.

Le plaisir de la tâche

Élaine Morissette avoue que, pour bien servir sa clientèle, il faut être dynamique, flexible et aimer travailler dans l'urgence. Malgré la pression, elle rêve de poursuivre dans cette voie. «J'adore cette clientèle et je ne souhaite pas quitter ce milieu où les gens sont très, très passionnés. C'est un milieu d'affaires moins traditionnel, mais les gens y sont très persévérants», souligne la jeune femme.

À savoir si l'affaire Cinar a eu des répercussions importantes dans l'industrie du financement, elle dit que son groupe «n'a pas ralenti son support à l'industrie malgré ces événements». Elle considère qu'actuellement l'industrie canadienne de la production est en bonne santé et qu'il faut voir le Québec comme un modèle. Malgré un emploi du temps très chargé qui s'étend dans trois villes et deux fuseaux horaires, Élaine Morissette continue à fréquenter les salles de cinéma et à s'installer devant le petit écran «non pas par obligation, mais pour le plaisir».

 

Vox pop

Quelles seraient vos priorités dans une programmation télévisuelle?

En tant que directrice de la programmation, j'écouterais le public pour lui offrir des émissions qu'il souhaite regarder.

É. Morissette

 

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