Sommets Vol. XVII No 1 - Hiver 2004


Jeunes et vieux, ensemble pour la vie

par Héloïse Bernier Leduc

Travailler avec les personnes âgées peut sembler exigeant, voire déprimant. Mais pour la plupart des jeunes qui y consacrent le temps qui passe, ce travail s'avère enrichissant et même gratifiant. Ensemble pour la vie, jeunes et vieux ont tant à partager!

 

Mylène Ouellette
31 ans, Sherbrooke
Service social 1996

Des problématiques aussi diversifiées
que chez les jeunes
 

Mylène Ouellette s'imagine très bien plus âgée : «Je vais être très curieuse et je ne me gênerai certainement pas pour revendiquer mes droits!»

Pour cette jeune travailleuse sociale, «les personnes âgées sont des personnes à part entière qui vivent des problématiques aussi diversifiées que celles des jeunes». Il y a 12 ans, un peu par hasard, elle trouve du travail dans une maison privée pour personnes âgées. Grâce à cet emploi, elle s'aperçoit que la solitude, la violence et même le suicide sont des problèmes qu'éprouvent aussi les personnes âgées. Elle se sent tout de suite à l'aise avec cette clientèle et choisit de travailler dans ce secteur. 

Après avoir brillamment terminé son bac en service social en 1996, elle s'établit définitivement à Sherbrooke et accumule des expériences de travail en lien avec les personnes âgées. En 2000, elle est engagée au CHSLD Maison Reine-Marie où elle œuvre auprès des patients qui bénéficient de soins de longue durée. Afin de mieux comprendre les problématiques reliées à la vieillesse, elle a complété un certificat en gérontologie en 2003 et elle fait actuellement sa maîtrise en service social.

Si son travail auprès des personnes âgées consiste souvent à régler des problèmes, il y a aussi beaucoup de positif : «Les personnes âgées ne sont pas juste âgées, elles ont beaucoup de bagage à nous transmettre.»

Elle croit vraiment que la société doit accorder plus d'importance aux personnes âgées. «Elles ont vécu beaucoup d'expériences et il faut leur faire plus de place», dit-elle. Ce message, elle le transmet aux gens de son entourage afin de les sensibiliser à la réalité qui sera un jour la leur.

Elle se déclare très optimiste quant à l'avenir et est persuadée que les mentalités évolueront. «En attendant, je vais continuer à me battre pour défendre les droits des personnes âgées», conclut-elle.

 


Steve McDuff
29 ans, Saint-Hyacinthe
Sciences infirmières 2000

L'expérience se transmet à tout âge

Il a lui-même de quoi prouver ses dires. L'an dernier, il a donné des cours au cégep et il a réussi, grâce à ses expériences, à transmettre à ses élèves beaucoup de choses. Pour lui, jeunes et moins jeunes ont beaucoup à partager. 

Après avoir fait son bac en sciences infirmières, Steve McDuff a travaillé quelque temps au service des soins intensifs. Puis, par un heureux ensemble de circonstances, il obtient un poste d'infirmier à domicile pour le CLSC-CHSLD des Maskoutains. Il y travaille depuis bientôt trois ans. Son travail consiste à fournir des soins à domicile (soins palliatifs, injections, etc.) aux personnes en perte d'autonomie pour leur permettre de rester à la maison. Sa clientèle est surtout constituée de personnes âgées. Pour lui, c'est un travail très motivant : il aime se déplacer et peut développer des relations plus solides avec ses patients : «J'ai appris beaucoup en discutant avec les personnes âgées. Elles ont un esprit vif, même si leur corps ne suit pas toujours.»

Comment se voit-il plus vieux? «Je vais avoir une passion et j'espère être aussi en forme que certaines personnes âgées qui viennent au CLSC. Nous avons même un client de 102 ans!» Pour se garder jeune, l'infirmier fait du sport et met en pratique le conseil que lui a donné un de ses patients : «C'est en côtoyant des gens qu'on se garde jeune.» Avec son travail, son sens de l'écoute et sa bonne humeur, nul doute que Steve McDuff aura des amis de tous les âges, toute sa vie… et restera jeune encore longtemps!

 

Martin Sylvain
36 ans, Sherbrooke
Activité physique 1996

Aider à l'amélioration des services 

Voilà deux ans, Martin Sylvain a réorienté sa carrière. Il travaille maintenant au Centre d'assistance et d'accompagnement aux plaintes. Chapeauté par le Centre d'action bénévole, le centre découle de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.

Les familles rapetissent et les personnes âgées, de plus en plus nombreuses, se retrouvent de plus en plus délaissées. Le système les prend en charge, mais parfois il y a des abus ou des situations inacceptables. Le travail de Martin Sylvain est de mettre fin à certaines de ces situations. «Je soutiens les gens dans leurs démarches pour améliorer les services dans les hôpitaux et les centres d'hébergement.»  Composée à 60 % de personnes âgées, sa clientèle le consulte afin d'être guidée dans les démarches de plaintes, qui sont en général d'ordre administratif. Il aide ainsi les plus démunis à rédiger leur lettre de plainte et les dirige dans les dédales bureaucratiques ou vers des organismes d'aide. «Il ne faut pas laisser les personnes âgées à elles-mêmes. La solitude, c'est souvent ce qu'il y a de pire», affirme-t-il. Il incite donc les gens à «se tenir informés et à ne pas hésiter à dénoncer les abus».

Il dit que son travail est parfois exigeant : «J'aide beaucoup de personnes âgées à traverser des moments difficiles. Je dois les soutenir, leur remonter le moral et surtout les écouter. Il faut faire ressortir le positif de leurs démarches.» Pour tenir le coup, Martin Sylvain fait du sport. Selon lui, c'est le secret pour bien vieillir. «L'activité physique, c'est très important, surtout quand on travaille dans un bureau!» On retrouve là ses anciennes passions…  En effet, ce Montréalais d'origine s'est installé à Sherbrooke en 1992 pour y faire ses études universitaires en activité physique. Ses études terminées, il a travaillé quelques années dans un centre de plein air, après quoi son horaire de travail est devenu incompatible avec la vie de famille. Il aime beaucoup son travail avec les personnes âgées : «Ce qui me plaît, c'est leur vécu.»

 

Mélanie Couture
27 ans, Sherbrooke
Gérontologie 2002

«Tout le monde vieillit!»

«À 20 ans, il est difficile de s'imaginer qu'on puisse devenir vieux un jour», confie la jeune femme, avant d'ajouter en riant : «Pourtant, toutes les personnes âgées ont déjà été jeunes…» Agente de recherche au Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke, Mélanie Couture est une jeune femme dynamique, remplie d'énergie et de passion. Elle ne cesse de cumuler les projets et les rêves à réaliser. Mais comment la recherche sur le vieillissement a-t-elle pu l'attirer? «Il y a tant de nouveautés à découvrir dans ce domaine», répond-elle tout simplement.

Son intérêt pour le vieillissement lui est aussi venu d'une expérience de bénévolat faite lorsqu'elle était plus jeune, au centre Iris de Sherbrooke. Depuis, elle a obtenu un baccalauréat en psychologie et une maîtrise en gérontologie à l'Université de Sherbrooke. Elle est en train d'effectuer un doctorat en sciences cliniques sur le processus d'adaptation des personnes amputées d'un membre inférieur à la suite de problèmes vasculaires. Un sujet aride qui passionne la chercheuse.

Mélanie Couture a collaboré avec bon nombre de chercheurs dans ses activités professionnelles. Spiritualité, maladie d'Alzheimer, processus d'adaptation, voilà autant de domaines auxquels elle a touché au cours des dernières années. «J'ai beaucoup de chance. Mon travail au Centre de recherche est vraiment intéressant, dit-elle. Je peux me pencher sur une multitude de domaines, sortir de mon créneau hyper-spécialisé, voir autre chose.» Elle dit que son emploi lui donne aussi des outils pour bien vieillir. «À côtoyer des gens âgés malades, on s'aperçoit que le mode de vie influence grandement le vieillissement.» Alors, plutôt que d'attendre les problèmes, Mélanie Couture préfère adopter des mesures préventives : exercice physique «sans sport extrême!», alimentation saine, proximité de la famille et contact avec les gens.

«Un jour, un patient âgé m'a dit qu'en dedans son esprit était pareil comme avant; seul son corps avait changé. Il n'avait vraiment pas l'impression d'être vieux. Comme lui, on se réveillera un beau jour et, en se regardant dans le miroir, on verra qu'on est devenu vieux», confie la chercheuse, en soutenant qu'il est primordial de se rappeler cette inéluctable réalité pour être en mesure de comprendre les personnes âgées et de les aider.

 

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