Mercédes Maltais |
Photo : Michel Caron |
21 février 2008
Karine Bellerive
Affichées sur les murs de son bureau, des dizaines de cartes postales d'étudiants étrangers et québécois ayant séjourné aux résidences de l'Université témoignent du dévouement, de l'humanité et de la grande disponibilité de celle qui veille à entretenir la qualité de vie au sein de ce milieu multiculturel, Mercédes Maltais.
Coordonnatrice de la vie en résidence, celle-ci fait son entrée à l'Université de Sherbrooke un peu par hasard, au début des années 90, lorsque son conjoint a été transféré à Sherbrooke. Habitée de cette chaleur propre aux habitants du Sagnenay, elle s'inscrit à la maîtrise en théologie, histoire de rencontrer des gens intéressants et de se créer un nouveau réseau social. «C'est mon directeur de recherche qui m'a signifié que le service de pastorale cherchait une étudiante stagiaire, relate-t-elle. J'organisais des sorties en plein air. On partait d'Austin et on marchait jusqu'à l'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, par exemple.»
Mercédes Maltais souligne que ces rencontres réunissaient des étudiants de toutes les confessions. «Les musulmans communiaient avec nous, évoque-t-elle. Quand on prend la peine de discuter, dans le respect, on s'aperçoit que nos valeurs peuvent facilement se rejoindre. Que l'on soit chrétien, musulman ou juif, on descend tous d'Abraham, au fond.» Fondamentalement douée dans les relations interpersonnelles, elle est ensuite affectée au développement communautaire des groupes parascolaires tels que l'Association des étudiants français, Amnistie internationale et l'Association des familles monoparentales de l'Université de Sherbrooke. Son soutien contribue à la réalisation de nombreux projets. «Pour les parents, on organisait des cuisines collectives, le vendredi, par exemple», explique-t-elle.
En 2000, lorsqu'on lui suggère de postuler pour un emploi de coordonnatrice des résidences universitaires, elle n'hésite pas à partager ses réflexions sur l'importance d'assurer la meilleure qualité de vie possible aux étudiantes et étudiants de toutes origines. «À ce moment-là, il n'y avait qu'un cadre et des commis pour s'occuper des résidences, note Mercédes Maltais. Il n'y avait aucun professionnel entre ces deux niveaux. Mon poste a été créé à la suite de mon entrevue, pendant laquelle j'ai relevé des problématiques humaines.»
Depuis son arrivée, de nombreuses mesures ont été prises pour créer une ambiance amicale, propice aux échanges et à l'entraide au sein de cette communauté mixte et multiculturelle. «J'ai réuni une équipe de la vie en résidence composée de 28 étudiants, des responsables de secteur, qui voient à l'animation et au maintien de la qualité de vie, explique-t-elle. Ils ont tous suivi une formation en communication interculturelle et en prévention du suicide. Ce sont les personnes de première ligne que les résidents contactent en cas de problème.» Deux agents en relation d'aide, habituellement des étudiants au doctorat en psychologie, et un agent de sécurité complètent le comité.
Les premières préoccupations de Mercédes Maltais ont concerné l'assouplissement des règles. «Mon objectif était de créer un milieu chaleureux et confortable, où les résidents se sentent véritablement chez eux, explique-t-elle. Avant, tout était barré : les baguettes de billard étaient sous clef, les salles de vidéo étaient verrouillées. Maintenant, c'est plus accessible. Je leur explique que s'il y a des bris, ce sont eux qui en paient le prix en bout de ligne.» La coordonnatrice a par ailleurs convaincu la direction d'aménager des chambres avec des lits à deux places pour les couples. «Deux étudiants sont venus me voir pour me demander si c'était possible de leur procurer un lit double, raconte-t-elle. Ça faisait un an qu'ils mettaient leurs matelas simples par terre pour pouvoir dormir côte à côte et qu'ils les replaçaient le lendemain matin. C'était archaïque!»
Signe de l'importance accordée au bien-être des résidents, le budget dévolu à la vie en résidence oscille désormais entre 15 000 $ et 20 000 $ par année. Les coûts des activités d'accueil sont entièrement défrayés par la division des services à la communauté. «Ces rencontres nous permettent de transmettre différentes informations, dont les consignes de sécurité et de propreté, souligne Mercédes Maltais. Elles donnent aussi aux résidents l'occasion de se connaître et de discuter dans un cadre convivial.» D'autres activités de socialisation, dont des soupers multiculturels, sont organisées en cours de session et subventionnées à 50 %.
Le multiculturalisme est assurément l'aspect de son travail qui plaît le plus à Mercédes Maltais. Véritable spécialiste de la cohabitation, elle est quotidiennement confrontée aux fameux accommodements raisonnables. «Il y a 35 à 40 cultures différentes dans notre communauté de quelque 1000 personnes, explique-t-elle. Le pourcentage d'étudiants étrangers est passé de 18 % quand je suis arrivée à 25-30 % aujourd'hui. Et ça augmente chaque année. C'est certain qu'il peut y avoir des frictions.» Selon elle, la solution réside essentiellement dans le dialogue. «Lorsqu'il y a quelque chose qui accroche, il faut en parler, plaide-t-elle. Si on se tait parce que ce sont des étrangers, on ouvre la porte au racisme.»
La coordonnatrice soutient que les membres des autres communautés culturelles sont reconnaissants lorsque quelqu'un prend le temps de les renseigner sur les valeurs et façons de faire québécoises. Elle se remémore notamment la gratitude d'un étudiant africain à qui elle a signalé qu'il choisissait des vêtements de femme lors d'un bazar de l'Association générale des résidents de l'Université de Sherbrooke. «Chez lui, les hommes aiment beaucoup le rose, explique-t-elle. Mais ça n'a pas été long qu'il a tout remis sur la table!»
Organisés pour leur permettre de se procurer différents articles à prix modique, ces bazars sont d'ailleurs le fruit d'une initiative de Mercédes Maltais. «Avant, tout ce qui était laissé dans les chambres était jeté, affirme-t-elle. Maintenant, on garde les objets pendant trois mois et si personne ne les a récupérés, on peut les offrir aux résidents. C'est bien pour plusieurs d'entre eux, qui n'ont pas besoin de payer plus cher pour un manteau d'hiver qui ne servira que quatre ou cinq mois.» Ce souci du détail, jumelé à sa personnalité chaleureuse, font de Mercédes Maltais une personne d'exception. Ainsi, bien qu'elle ne connaisse pas tous ses résidents personnellement, eux savent bien qui elle est!
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