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Portrait de leader

Le bonheur d'aider

30 avril 2009

Josée Beaudoin

Le fait que Christelle Lison dorme seulement cinq heures par nuit explique en partie comment elle arrive à mener de front un doctorat en éducation tout en s'impliquant partout sur le campus. Toutefois, la véritable clé de son mystère temporel réside dans un sens de l'organisation sans faille et dans un désir d'aider sans commune mesure. Portrait d'une fille qui maximise chaque jour ses 19 heures d'éveil.

Cap sur Sherbrooke

Si son accent n'était pas là pour la trahir, on prendrait cette fan finie des Cowboys fringants pour une Québécoise pure laine. Toutefois, la Belge d'origine est débarquée dans la belle province voilà un peu plus de deux ans et demi seulement, le jour de ses 27 ans, précisément pour venir faire son doctorat à l'Université de Sherbrooke.

C'est en assistant à une conférence donnée en Europe par le professeur Denis Bédard que Christelle Lison a senti l'appel de l'étranger, puisque les thématiques du chercheur rejoignaient fidèlement ses propres intérêts. Après quelques visites en ligne du campus sherbrookois et quelques coups de fil au professeur qui allait devenir son directeur, Christelle Lison posait sa candidature et se voyait ouvrir les portes de la Faculté d'éducation.

Comme elle est de ces gens qui finissent toujours ce qu'ils entreprennent, elle a complété la formation et le contrat de travail qui la liaient à la Belgique et, un an plus tard, en septembre 2006, elle devenait nouvelle doctorante et Néo-Sherbrookoise. Dans son bagage, elle avait une maîtrise en psychologie et une autre en éducation. Dans ses valises, elle n'avait que le strict minimum. «Je ne suis pas du tout matérialiste, dit-elle. Je suis arrivée ici avec deux valises, et cela suffisait amplement.»

Alors que le système académique européen est, selon elle, plus axé sur la compétition, l'étudiante a trouvé à Sherbrooke l'esprit de collaboration qui collait davantage à sa personnalité et à ses aspirations. «C'est dans le bonheur d'aider l'autre que je me retrouve», dit-elle. Passionnée par ses recherches qui portent sur les innovations pédagogiques en formation des enseignants, la doctorante entend boucler sa boucle en avril 2010. Bien que l'Europe la réclame à corps et à cris, le premier choix de la future docteure pour se réaliser en enseignement et en recherche serait… l'Université de Sherbrooke. À bon entendeur, salut!

Impliquée un jour…

«Fini les associations étudiantes, maintenant on va travailler sérieusement!» Voilà ce que s'est dit Christelle Lison en quittant la Belgique. Toutefois, un mois après son arrivée ici, son naturel revenait au galop et elle devenait vice-présidente aux communications du Regroupement des étudiantes et étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat de l'Université de Sherbrooke (REMDUS).

Au-delà du fait que son implication constituait un bon moyen de s'intégrer à son nouveau milieu, elle ne pouvait tout simplement pas renier sa nature profonde. «Je suis quelqu'un qui ne peut pas vivre sans aider les autres; cela me permet d'être bien avec moi-même», explique-t-elle. Au cours des trois dernières années, elle a donné de son temps et de son talent à tous les regroupements suivants : la Fondation FORCE, l'Assemblée des membres de l'Université, le Conseil universitaire, le comité d'évaluation de programmes, le comité d'orientation du Bureau de la registraire, le conseil universitaire et le Mouvement estrien pour le français, entre autres.

Avec ses études, ses charges de cours, ses diverses implications et son travail au Centre d'études et de recherche en enseignement supérieur, elle gère plusieurs dossiers chauds, mais garde toujours la tête froide. «Je suis extrêmement organisée et je fonctionne de manière très systématique, dit-elle. Pour chaque dossier dont je m'occupe, j'ai un objectif à atteindre et une liste de tâches pour y parvenir. Aussi, je n'ai pas peur de demander de l'aide. Comme j'ai confiance en mon équipe, je n'ai pas de problème à déléguer. Toutefois, quand quelqu'un va mal, je sens de ma responsabilité de le faire à sa place.»

Qui dit implication dit réunions, et Christelle Lison en fait collection. «Il y a des jours où je peux avoir jusqu'à neuf réunions, raconte-t-elle. J'ai perdu mon agenda en janvier, et ce fut la pire expérience de ma vie!» ajoute-t-elle en riant.

Le 15 avril, la doctorante terminait son mandat d'un an comme présidente du REMDUS avec le sentiment du devoir accompli et la volonté de donner au suivant. Elle devient donc un premier choix de repêchage. «Je reviens sur le marché de l'implication et j'ai déjà eu pas mal d'appels de regroupements», dit-elle.

Même si l'ex-présidente allègue avoir fait le travail pour lequel elle avait été élue, tous s'entendent pour dire qu'elle en a fait beaucoup plus que les étudiants en demandaient. Lors du 25e Défi étudiant, le 10 mars, c'est une Christelle Lison extrêmement émue qui est allée chercher le prix Polyvalence 2009 qu'on lui a décerné pour l'ensemble de son œuvre. Ce qui a fait monter son émotion de deux crans, ce sont les deux personnes significatives qui lui ont remis son prix, soit Denis Bédard, ce directeur de thèse qui a toute son admiration, et Louis Marquis, avec qui elle a travaillé étroitement au cours de la dernière année pour faire avancer les dossiers du REMDUS auprès de la direction de l'Université.

Zen et comédienne

L'an dernier, Christelle Lison a renoué avec sa passion pour le théâtre en joignant Les Milles Feux, la troupe de théâtre de l'Université. Donner vie à des histoires et à des personnages tout droit sortis de l'imagination des étudiants la transporte. Entendre les rires et voir pétiller les yeux des spectateurs la comblent.

Et comment la comédienne compose-t-elle avec le stress des premières? «Je suis très cool. Si je suis mauvaise, qu'est-ce que cela va changer? Le soleil va se lever demain pareil. Mes amis vont-ils moins m'aimer parce que j'ai raté ma réplique? Je ne crois pas.» Aussi zen que dévouée, elle ne pouvait se contenter de jouer. Au sein de la troupe, elle défend donc avec brio les rôles de directrice administrative et de trésorière.

Au moment où vous lirez ces lignes, Christelle Lison sera à la veille de son départ, voire déjà envolée pour la Belgique où elle séjournera un mois. Lorsqu'elle dit qu'elle a plusieurs amis à retrouver là-bas, on la croit sur parole puisqu'elle est trop attachante pour que la distance ait altéré ses liens d'amitié. Toutefois, lorsqu'elle dit qu'elle va prendre du temps pour se reposer, alors là, on se permet de douter.

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