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Regards sur l'actualité

150 ans plus tard, Darwin fait encore la manchette!

Charles Darwin aurait eu 200 ans ce 12 février. Le célèbre naturaliste publiait son classique De l'origine des espèces il y a 150 ans.  Encore aujourd'hui, les scientifiques demeurent influencés par ses travaux. Parmi eux, les biologistes Dany Garant et Fanie Pelletier, de la Faculté des sciences, commémoreront l'année Darwin a livrant des conférences au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke pour parler de l'héritage de Darwin.
Charles Darwin aurait eu 200 ans ce 12 février. Le célèbre naturaliste publiait son classique De l'origine des espèces il y a 150 ans. Encore aujourd'hui, les scientifiques demeurent influencés par ses travaux. Parmi eux, les biologistes Dany Garant et Fanie Pelletier, de la Faculté des sciences, commémoreront l'année Darwin a livrant des conférences au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke pour parler de l'héritage de Darwin.
Photo : Michel Caron

5 février 2009

Propos recueillis par Pierre Masse et Robin Renaud

L'année 2009 souligne un double anniversaire pour Charles Darwin : soit les 150 ans de la publication de L'origine des espèces et les 200 ans de sa naissance, le 12 février. À cette occasion, de nombreuses manifestations scientifiques sont prévues dans le monde entier : expositions, colloques, conférences. En novembre de 1859, Charles Darwin publie De l'origine des espèces. Les 1250 exemplaires sont vendus en quelques jours. Ce grand succès est aussi pour Darwin le début de la controverse avec les milieux scientifiques et l'Église : les deux étaient intimement liés à l'époque... Et 150 ans après, les découvertes de Charles Darwin font toujours autant réagir les milieux ultrareligieux et conservateurs. Les biologistes, quant à eux, continuent d'être inspirés par l'héritage de ce savant, comme en témoignent les professeurs Fanie Pelletier et Dany Garant, de la Faculté des sciences. 

Journal UdeS : Quel est l'héritage laissé par Charles Darwin?

Fanie Pelletier : Darwin a laissé aux scientifiques une théorie qui permet de comprendre comment les espèces ont évolué. Cette théorie permet donc aux scientifiques de poser une série d'hypothèses scientifiques sur les mécanismes permettant l'évolution et de les étudier autant en laboratoire qu'en milieu naturel.

Journal UdeS : Quels sont les ajouts ou modifications effectués depuis ces théories?

F. Pelletier : Lorsque Darwin a proposé sa théorie, il ignorait tout des mécanismes qui permettaient la transmission des gènes. Il parlait plutôt de «transmutation» des ressemblances des parents à leurs descendants – un point clé de sa théorie. Depuis la publication du livre de Darwin, les gènes et les bases génétiques des traits ont été découverts, ce qui a permis de mettre en lumière les mécanismes permettant l'évolution des espèces.

Journal UdeS : Est-ce que ça influence encore les chercheurs?

F. Pelletier : La théorie de Darwin est encore très présente. De nos jours, on parle plutôt de néodarwinisme, car la théorie a été améliorée au cours du temps, entre autres avec les connaissances de la génétique. Par exemple, toutes les recherches en écologie à l'UdeS sont profondément influencées par l'héritage de Darwin. Par exemple, mes étudiants et moi tentons de vérifier les causes de la sélection naturelle – climat, maladie ou autre – ainsi que ses conséquences sur la dynamique des populations. Les recherches du professeur Marco Festa-Bianchet visent à comprendre comment les effets sélectifs de la chasse aux trophées peuvent affecter l'évolution des populations naturelles.

Dany Garant : Pour ma part, les recherches dans mon laboratoire visent à établir le lien entre la variabilité génétique, les pressions de sélection et le potentiel adaptatif des espèces selon les changements de l'environnement.

Journal UdeS : Quelles sont les limites du darwinisme?

F. Pelletier : Je ne vois pas de limites comme telles. Les idées de Darwin nous fournissent une approche méthodologique de travail (et non un mode d'emploi) pour comprendre comment les espèces autour de nous ont évolué. Les idées du darwinisme sont donc en constante évolution.

Journal UdeS : Darwin a révolutionné la biologie et de nombreuses sciences. Et 150 ans plus tard, sommes-nous à l'aube d'une autre révolution dans cette discipline?

F. Pelletier : Je ne crois pas. Par contre, lorsque Darwin a proposé sa théorie, il croyait que l'évolution se produisait sur de très longues périodes (des dizaines de générations). Mais depuis une vingtaine d'années, les scientifiques ont réalisé que Darwin avait même sous-estimé la force de la sélection naturelle et que l'évolution peut se produire beaucoup plus rapidement que ce qu'on croyait.

D. Garant : Je ne crois pas non plus. Par contre, tout ce qui a été découvert récemment par rapport à l'épigénétique remet en perspective l'idée de transmission héritable obligatoire des caractères. Ces phénomènes sont de plus en plus étudiés et quantifiés.

Journal UdeS : Même après 150 ans, des groupes ayant une certaine influence politico-religieuse s'affairent encore à démonter les arguments de Darwin. Qu'en pensez-vous?

D. Garant : Il n'est pas surprenant que certains groupes religieux remettent en question une théorie qui elle-même remet en question les fondements de certaines de leurs croyances, telles que la création de l'homme par Dieu. Ce sujet continuera de susciter la polémique tant qu'il y aura des supporters de ce genre de croyance. Et c'est beaucoup plus présent qu'on ne le pense.

Journal UdeS : Cela dit, existe-t-il une contestation scientifique des idées de Darwin?

D. Garant : Mis à part quelques scientifiques eux-mêmes créationnistes, il n'y a pas de contestation scientifique des principes à la base des idées de Darwin. Ces principes sont seulement ajustés au fil des découvertes qui sont faites, comme c'est le cas pour n'importe quelle discipline sujette à une véritable démarche scientifique.

Au Musée de la nature et des sciences

Sur les traces de Darwin

Du 12 au 15 février, le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke célèbrera le bicentenaire de Darwin en offrant quatre conférences portant sur le célèbre naturaliste. Le 12 février, la conférence Sur les traces de Darwin sera donnée par la professeure Fanie Pelletier, du Département de biologie de l'UdeS. Le lendemain, son collègue Dany Garant proposera L'origine des espèces : la théorie de l'évolution par la sélection naturelle. La troisième conférence, La science et la religion peuvent-elles s'entendre?, sera offerte par Claude Boucher le 14 février. Professeur de mathématique à la retraite, Claude Boucher est l'auteur du livre Une histoire des idées : de Galilée à Einstein. Le dernier événement, Darwin, d'hier à aujourd'hui, sera présenté par Cyrille Barette, de l'Université Laval. Les conférences sont offertes au coût de 7,50 $ pour les adultes et de 6,75 $ pour les étudiants.