Kenneth W. Neale |
Photo : Michel caron |
8 janvier 2009
Josée Beaudoin
Faire de la recherche, collaborer avec ses pairs et former des étudiants… Voilà ce que Kenneth W. Neale sous-entend lorsqu'il dit : «J'ai toujours fait ce que j'ai aimé.» En 1970, lors de son embauche à Sherbrooke comme professeur de génie civil, il a intégré un département harmonieux et une jeune université où le développement de nouvelles idées était grandement encouragé. En se prévalant pleinement de cette belle liberté, il a contribué à bâtir sa Faculté et sa renommée, pavant notamment la voie à l'obtention de la Chaire de recherche du Canada en matériaux d'avant-garde en génie dont il est titulaire depuis 2002.
Expert de réputation internationale, le professeur Neale consacre principalement ses recherches à l'utilisation de matériaux composites d'avant-garde et de systèmes de détection intégrée par fibres optiques dans les structures de génie civil ainsi qu'au formage des métaux. Tout au long de sa carrière, il a fait de la rigueur scientifique sa marque de commerce. «J'ai toujours essayé de prendre les principes de base, que ce soit en mathématique, en modélisation numérique ou en science des matériaux, puis de les appliquer de façon très rigoureuse pour faire avancer les recherches dans les domaines du génie civil et du génie mécanique.»
Le génie civil, la mécanique appliquée, les structures, la recherche, l'enseignement… Tous ces éléments font figure de constantes dans son parcours empreint de rigueur. Toutefois, bien que son plan de carrière soit clair et défini, Kenneth W. Neale n'aurait pu prévoir qu'il deviendrait un jour membre de la très prestigieuse Société royale du Canada, comme ce fut le cas en novembre. «J'avoue que cette partie était hors de mon contrôle», dit-il en riant. La Société royale du Canada reconnaît le mérite et l'accomplissement de personnes qui se sont particulièrement distinguées, à l'échelle nationale et internationale, dans toutes les branches du savoir. L'élection à cette société représente la marque la plus insigne du mérite académique qui puisse être accordée au Canada à un scientifique.
Même si le professeur Neale a accumulé les distinctions au fil des années, la dernière en lice s'inscrit pour lui comme la plus prestigieuse et s'est révélée une surprise. «Je savais que mes collègues avaient proposé ma candidature, mais parmi toutes celles soumises, il y a chaque année très peu d'élus. De plus, il faut généralement compter plusieurs années avant qu'une candidature ne soit retenue. J'étais surpris d'apprendre que j'avais été sélectionné, et ce, dès la première année.»
La chaire de recherche qu'il dirige depuis sept ans atteindra l'heure du renouvellement l'an prochain, mais le professeur Neale a choisi de passer le flambeau et de laisser à un autre titulaire la chance de l'administrer. Sa plus grande fierté en regard des sept dernières années réside dans les étudiants au doctorat que cette chaire lui a permis de former. «Je ne me considère pas comme un professeur vis-à-vis des étudiants. Ce sont eux qui m'apportent beaucoup. Mon rôle, c'est de critiquer de façon positive, de poser les bonnes questions. Souvent, ce sont les étudiants qui arrivent avec les idées originales. C'est une question de synergie en fait.»
Convaincu du bien-fondé de la collaboration et de la circulation des idées, Kenneth W. Neale compte parmi les chercheurs qui, en 1995, ont mis sur pied le réseau Innovations en structures avec systèmes de détection intégrés (ISIS), une entité qui relève des Réseaux de centres d'excellence, ce programme fédéral qui fait le pont entre les universités canadiennes et les organismes des secteurs public et privé. En joignant leurs forces, les experts d'ISIS Canada cherchent des solutions plus astucieuses pour construire, réparer et surveiller les structures à l'aide de polymères renforcés de fibres hautement résistants et non corrosifs et de systèmes de détection à fibres optiques. En plus d'agir à titre de chargé de projet, le professeur Neale assume la vice-présidence du réseau depuis ses débuts. Comme prévu au départ, après un mandat de sept ans renouvelable une fois, ISIS Canada va clore ses activités l'an prochain avec le sentiment du devoir accompli.
Les plaques honorifiques et les mentions d'excellence qui ornent le bureau du professeur Neale témoignent de sa carrière prolifique et de l'appréciation de ses pairs. Dans sa bibliothèque, quantité de livres verts et rouges se dressent fièrement comme autant de thèses savamment dirigées. Sur tout un pan de sa table de travail, on remarque les photos de quatre belles bouilles ainsi qu'un cadre sur lequel s'affiche le mot «grandpa». Au milieu de ce décor évolue un chercheur reconnu, un professeur apprécié et un homme de famille qui, visiblement, a su trouver l'équilibre entre les différentes sphères de sa vie. À preuve, lorsqu'on lui demande ce qu'on peut lui souhaiter pour la nouvelle année qui s'amorce, il répond : «Je suis un homme chanceux. Il ne me manque rien, ni au point de vue travail, ni au point de vue personnel et familial. Je me souhaite donc la santé pour continuer.»
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