Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004

 


Jean Desclos
Arts 1961
Théologie
1965, 1973

Vice-recteur à la communauté universitaire

Un peu plus près du paradis

Jean Desclos est entré à l'Université de Sherbrooke en 1954. Quel âge avait-il? «Onze ans», répond-il tout simplement. Pardon? «Oui, oui! J'avais 11 ans lorsque j'ai commencé mes études à l'Université de Sherbrooke», affirme-t-il avec plus de conviction. Ravi de l'effet produit, le vice-recteur à la communauté universitaire laisse planer le mystère quelques instants, cachant de son mieux un sourire narquois derrière une image de saint homme outré que ses paroles soient mises en doute. Puis, dans un éclat de rire, il rappelle avec enthousiasme le concours de circonstances qui lui a permis, si brillant soit-il, d'accéder à l'Université de Sherbrooke en si bas âge.

«En septembre 1954, lorsque j'ai commencé mon cours classique, la charte du Séminaire Saint-Charles-Borromée venait d'être modifiée en charte de l'Université de Sherbrooke. Dans les faits, le Séminaire était devenu l'Université de Sherbrooke, et nous étions tous des étudiants de l'Université de Sherbrooke. J'étais fier d'arborer sur mon veston l'écusson de l'Université et j'étais surtout impressionné qu'un recteur soit à la tête de mon établissement d'enseignement!»

Il a donc fait son cours classique au Séminaire Saint-Charles-Borromée en tant qu'étudiant de l'Université de Sherbrooke jusqu'en 1959, année où les deux établissements se dissocient pour poursuivre leurs missions respectives.

Don du ciel

Le jeune Desclos avait quitté son village de Saint-Alexis-des-Monts, en Mauricie, pour devenir pensionnaire à… l'Université de Sherbrooke. Membre d'une famille de 14 enfants, il était habitué de partager ses repas. «Mais pas avec 500 enfants! s'exclame-t-il. Mon premier choc a été de voir que les plus jeunes étaient les derniers. J'ai présenté mon assiette et on y a déposé deux tranches de baloné, froides; par-dessus, on a ajouté une pelletée de purée de pommes de terre, froide; et on a décoré le tout d'un jet de moutarde! Ça donne le goût de retourner chez soi…»

Mais le jeune homme avait de grandes ambitions. À cette époque, comme tous les jeunes de son âge, il voulait changer le monde. Pour ce faire, il ne se contentait pas d'aspirer au sacerdoce. «Moi, je rêvais de devenir un saint!» déclare-t-il en implorant le ciel. Son regard revient sur terre pendant qu'il s'interroge candidement : «Je ne sais pas si je vais réussir…» Adolescent, en attendant de gagner son ciel, il s'adonnait au chant choral, au scoutisme et au journalisme. Élève modèle, premier de classe, il osait même piquer un roupillon pendant les périodes d'examen, juste avant de répondre aux questions. «histoire de mettre le cerveau en vacances!»

Ses premières années à l'Université ont été marquées par la présence de plus en plus grande de jeunes universitaires qui sillonnaient les couloirs du Séminaire et se réunissaient ici et là, à la cafétéria ou à la bibliothèque. «Nous n'étions pas vraiment conscients de l'importance de la création de l'Université de Sherbrooke. Natif de la Mauricie, je savais seulement que Sherbrooke l'avait emporté sur Trois-Rivières qui voulait également une université. On m'avait dit que la présence d'une université anglophone et les besoins d'équilibre avaient joué en faveur de Sherbrooke.»

Negro-spiritual

En 1961, Jean Desclos a obtenu son baccalauréat ès arts de l'Université de Sherbrooke, où il a aussi complété un baccalauréat et une maîtrise en théologie avant de devenir docteur en théologie de l'Université du Latran, en Italie. Ordonné prêtre en 1966, il a été le vicaire de deux paroisses, l'une à Sherbrooke, l'autre à Magog, et a mené une carrière d'enseignant, particulièrement en bioéthique, en théologie et en pratiques pastorales. Professeur et ex-doyen de la Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie, il est aujourd'hui vice-recteur à la communauté universitaire.

Quand on lui demande le plus beau souvenir de ses débuts à l'Université de Sherbrooke, il pense d'abord à ses partys de classe. Puis, il surprend en évoquant un moment rempli d'émotion : «Mon plus beau souvenir est d'avoir chanté avec Félix Leclerc lors d'un spectacle au Séminaire.» Il laisse le temps faire son effet et il reprend : «En fait, je faisais partie d'un quatuor qui a fait la première partie du spectacle avec d'autres jeunes talents du Séminaire. Nous chantions du negro-spiritual. Monsieur Leclerc nous a félicités; ce n'est pas rien!»

 

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