Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004

 

Prendre la route du retour

par Sylvie Couture

C'est difficile de choisir le plus beau souvenir quand toute ma carrière à Sherbrooke n'est remplie que de bons moments.» Martin Buteau est définitivement heureux à l'Université de Sherbrooke, même lorsqu'il doit relever les plus grands défis, comme celui d'être secrétaire général et vice-recteur aux ressources informationnelles. Aussi, quand on lui demande son plus beau souvenir, il revient aux sources et se rappelle le petit bout de chemin qui lui a permis de trouver sa voie. «La route 410! lance-t-il en riant. Mon plus beau souvenir, c'est quand je suis entré dans le tronçon de la 410 pour revenir à l'Université de Sherbrooke y enseigner; je me suis dit, enfin je suis de retour!»

 


Martin Buteau
Administration 1983
Secrétaire général et vice-recteur aux ressources informationnelles

 

Natif de la région de Québec, Martin Buteau a choisi l'Université de Sherbrooke pour faire son bac en gestion de l'information et des systèmes. «Je n'avais jamais mis les pieds à Sherbrooke, mais je connaissais bien la réputation de l'Université.» Au terme de ses trois années d'études, il quitte Sherbrooke «à regret», précise-t-il. Il retourne à Québec pour y faire sa maîtrise, mais quelques mois plus tard, il reçoit une invitation qui comble toutes ses aspirations. «Mes anciens profs me demandaient de devenir leur collègue, se souvient-il, encore ému. Pour moi, c'était vraiment une fierté. Et non seulement voulaient-ils me recruter, ils me demandaient de construire quelque chose de nouveau, de développer le programme, d'aller au-delà du contenu existant.»

Cette année-là, en enseignant à Sherbrooke et en étudiant à Québec, il a maintes fois revu le tronçon de la 410…

Faire son petit bonhomme de chemin

Depuis, Martin Buteau se retrouve régulièrement parmi les professeurs les plus populaires de l'Université de Sherbrooke selon le classement des universités canadiennes de la revue Maclean's et celui des étudiants de la Faculté d'administration. Il aime enseigner et met tout en œuvre pour bien faire comprendre la matière. Pour appuyer ses dires, il exploite aussi bien les nouvelles technologies que les simples mouvements répétés de ses mains, parcourant la classe de long en large et bougeant sans cesse pour bien stimuler ses troupes. «Le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne suis pas un prof statique!»

Il n'est peut-être pas statique, mais il n'est pas speedé non plus; ou du moins il ne l'est qu'exceptionnellement… «Au printemps 1989, juste avant que j'aille faire mon doctorat, les étudiants m'avaient fait remarquer que j'étais un peu speedé. Ils disaient que je les avais enrôlés dans l'option GIS, pour ensuite me transformer en bourreau.» D'ailleurs, pour détendre l'atmosphère, l'un d'entre eux s'est un jour déguisé en Super GIS et est entré dans la classe en poussant allègrement un chariot sur lequel se trouvait un ordinateur. Les roues se sont alors barrées sur un fil électrique : «Je vois encore l'ordinateur s'envoler, puis se démantibuler à l'atterrissage», raconte le prof avec la même expression stupéfiée qu'à l'époque. «Les étudiants ont cessé de respirer. Les pauvres… Et dire qu'ils voulaient détendre l'atmosphère!»

Pionnier dans l'enseignement des systèmes d'information, Martin Buteau s'étonne encore de la confiance que les étudiants lui ont témoignée au fil des ans : «C'était un secteur complètement nouveau, et ils m'ont fait confiance. De voir aujourd'hui que plusieurs d'entre eux se sont bâti une belle carrière basée sur l'intégrité et la rigueur me comble au plus haut point. Ils n'ont pas volé ce qu'ils ont, ils l'ont vraiment mérité.»

Choisir sa voie

Martin Buteau a presque toujours cumulé les fonctions de prof et celles de gestionnaire de la Faculté ou de l'Université. «Pour un prof en gestion, c'est comme être en stage!» Il ne s'inquiète donc pas de la perspective de redevenir simple prof après son mandat de secrétaire général et de vice-recteur aux ressources informationnelles. «Pour moi, ce n'est pas un retour en arrière. Je suis à la direction pour aider l'Université de Sherbrooke. Le jour où le contexte aura changé, je retournerai au rôle qui m'a d'abord défini, celui de professeur.»

Il appliquera ainsi le conseil de Jean-Jacques Saint-Pierre, un prof émérite qui avait suivi quelques cours du jeune Martin Buteau et qui lui avait dit : «Martin, ne change jamais de voie. Tu as choisi ta voie en enseignant à l'Université et tu as un talent remarquable.» Merci monsieur Saint-Pierre.

Certains se souviendront que Martin Buteau n'hésite pas à prendre des paris pour créer une dynamique dans sa classe. «À la fin du trimestre, si je suis capable de vous nommer par votre nom, vous me payez une bière; si je ne réussis pas, c'est moi qui vous paie une bière», avait-il lancé à l'automne 1988. Il avait 127 étudiants et avait réussi à en nommer 123. Peut-il aujourd'hui nommer les quatre oubliés? «Non, mais je me souviens de leur visage! Lors d'un des fameux 4 à 7 de la Faculté, ils faisaient la file et attendaient leur bière.»

sg@USherbrooke.ca

 


 


Jacinthe Guy
Administration 1990, 1996
Conseillère aux affaires publiques et aux communications
Banque Laurentienne

 

Transformation

«Du gentil professeur qu'il avait été pendant les premières sessions, Martin Buteau était devenu un…, un…; je ne trouve pas le mot. Je peux juste dire qu'il n'était pas drôle du tout! On sentait qu'il vivait une pression à la veille de partir faire son doctorat et on se sentait un peu délaissés. heureusement, il avait retrouvé son entrain et son sourire lorsque je suis revenue faire ma maîtrise quelques années plus tard. Je peux aujourd'hui dire qu'il a été le meilleur professeur que j'ai eu. Il m'a transmis des connaissances et il a aussi eu un impact sur ma personnalité.»


Jean-François Blais
Administration 1990
Journaliste
Radio-Canada

Super GIS

«C'est moi qui poussais le chariot! Nous devions présenter quatre styles de gestionnaires et je personnifiais le sauveur, celui qui entrait dans la classe vêtu d'un pyjama et d'une cape en criant : «Ne paniquez plus, voici Super GIS!» Quand le chariot s'est bloqué et que tout a basculé, nous craignions d'avoir brisé la nouvelle plaque de projection à cristaux liquides qui avait coûté si cher et dont l'Université était si fière. Vous auriez dû voir la face de Martin! Nous avons tous eu très peur. heureusement, nous n'avions brisé que le clavier, dont les touches étaient éparpillées un peu partout dans la classe. Nous formions un groupe très dynamique, et cet événement a sûrement contribué à le dynamiser davantage.

«Après la pause, lors d'une activité pour souligner les anniversaires des membres du groupe, Martin s'est avancé vers moi, pince-sans-rire, et m'a remis une enveloppe en me disant que l'Université exigeait que j'assume les coûts de réparation de l'ordinateur. C'était en fait une carte de fête…»

 


Yves Richard
Administration 1997
Conseiller d'affaires
Produits récréatifs Bombardier

Rigueur et intégrité

Martin Buteau ne cache pas sa fierté devant la réussite de ses étudiants, comme Yves Richard qu'il cite en exemple lorsqu'il parle d'une carrière basée sur la rigueur et l'intégrité.

«Ça fait plaisir d'entendre cela de notre directeur de thèse. Il nous disait d'ailleurs que le domaine de la gestion de l'information était tellement large que, pour entreprendre une carrière stimulante, il nous suffisait de trouver un créneau qui nous plaisait et d'y travailler avec rigueur et intégrité. Le sujet de recherche qu'il m'avait alors proposé visait à développer des outils informatiques pour évaluer les pratiques des omnipraticiens. Après quelque temps, il m'a fait venir dans son bureau. J'étais un peu nerveux, croyant qu'il n'était pas satisfait de mon travail, mais il voulait plutôt m'offrir une bourse.

«Aujourd'hui, je peux dire que ma maîtrise m'a permis de développer mes capacités à assimiler et à traiter beaucoup d'informations, ce qui m'est fort utile dans mon travail qui vise à recueillir les visions d'affaires des principaux décideurs de l'entreprise et à les traduire en projets informatiques.»

 

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