Sommets Vol. XVI No 3 - Automne 2003


Le monde selon Monique Gagnon-Tremblay

Par Sylvie Couture

La nouvelle ministre des Relations internationales du Québec, Monique Gagnon-Tremblay, ne cache pas sa joie devant les fonctions qui lui sont confiées ni devant l'ampleur du défi à relever. Elle se sent prête, même si elle sait très bien qu'il lui reste tout un monde à découvrir...

 


Monique Gagnon-Tremblay
Vice-première ministre, ministre responsable de la région de l'Estrie, ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Francophonie
Droit 1972, 1973

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle est détendue, radieuse, bien dans sa peau. En s'assoyant sur un banc placé près de la Saint-François, dans son comté, elle sourit, à la fois espiègle et nostalgique : "Comme ils doivent être nombreux les amoureux qui se sont assis sur ce banc de parc." Monique Gagnon-Tremblay se sent en confiance. Elle raconte des anecdotes, révèle deux trois secrets de la vie politique, ajoute des commentaires personnels sur telle ou telle situation. Elle dégage cette nouvelle assurance des vainqueurs, une assurance qui lui sied à merveille. Quand on lui rappelle les années passées dans l'opposition, elle lance spontanément : "L'enfer!" Et ajoute aussitôt, pour préciser sa pensée : "Quand on entre en politique, c'est parce qu'on veut changer des choses."

Le paradis

Depuis les élections générales du 14 avril, elle a de nouveau la possibilité de changer les choses. Le paradis! "Au cours des derniers mois, les jours se sont écoulés à un rythme effarant." Drôle de conception du paradis. Certains auraient dit un rythme d'enfer; pas Monique Gagnon-Tremblay. Elle est au septième ciel depuis qu'elle est devenue vice-première ministre, ministre responsable de la région de l'Estrie, ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Francophonie. Avec ces nominations l'attendaient une multitude de dossiers et de rencontres officielles. Mais elle était prête. "Heureusement que j'avais cette expérience du passé."

En effet, Monique Gagnon-Tremblay n'en est pas à ses premières armes en politique. Après avoir travaillé plusieurs années comme secrétaire dans un bureau de notaires, elle a poursuivi ses études de droit notarial et a ouvert son bureau de pratique privée dans son patelin, Ascot Corner, où elle est devenue conseillère municipale au début des années 80. "Dans un petit village, un notaire, c'est comme un curé ou un directeur de caisse. J'étais en quelque sorte une confidente. J'ai été recrutée par l'AFEAS et d'autres groupes de femmes et je suis devenue la porte-parole des femmes de notre village."

Au cours de cette période, elle s'engage dans le Mouvement Québec-Canada, à titre de présidente du comité du NON dans Saint-François, et fait alors ses premiers pas en politique provinciale. "Monsieur Ryan est venu me chercher pour que je sois candidate libérale dans mon comté. Je n'étais pas bien préparée, se rappelle-t-elle, songeuse. J'ai été défaite et, considérant les exigences de la vie politique, je me suis alors dit que c'était peut-être mieux ainsi."

Aux élections de 1985, son désir de contribuer au changement et son sentiment de pouvoir le faire par la voie politique l'amènent à accepter l'invitation de Robert Bourassa. Élue, elle accède rapidement au Conseil des ministres. Elle est nommée ministre déléguée à la Condition féminine, puis ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration, dont elle assumera les fonctions pendant cinq ans. En 1993, elle devient la première femme à occuper le poste de ministre des Finances, avant que Daniel Johnson la nomme, quelques mois plus tard, présidente du Conseil du trésor.

Puis, neuf longues années dans l'opposition… Bien qu'elle ait assumé les fonctions d'adjointe au chef de l'opposition officielle et même celles de chef de l'opposition officielle

pendant quelques mois, la femme d'action qu'elle est n'y trouvait pas la satisfaction de ses premières années en politique : "J'étais malheureuse, se plaint-elle tout sourire. J'avais même commencé à jouer au golf!"

L'Univers

En quelques mois, l'univers de Monique Gagnon-Tremblay a été complètement transformé. "En mai, avec toutes ces rencontres et visites internationales, mes journées me semblaient complètement désorganisées, on me tirait constamment sur la manche, et j'avais parfois l'impression de faire de la figuration", avoue-t-elle, un peu moqueuse, pour reprendre avec la détermination qui la caractérise : "Je sais cependant où je veux aller et je sais ce que je veux faire! Mais avant, je veux prendre le temps de réfléchir, d'analyser les besoins et d'évaluer les actions à poser."

Bourreau de travail, Monique Gagnon-Tremblay est reconnue pour son approche pragmatique. Elle va au fond des dossiers, parcourt tous les documents sur le sujet, s'informe sur les moindres détails, consulte des spécialistes, vérifie ses données. Quand elle maîtrise son dossier, elle établit son plan d'action et obtient les résultats visés. Les gens qui l'entourent parlent d'une femme de convictions et de principes dont les normes de qualité sont très élevées. Ils soulignent également sa bienveillance et sa délicatesse, sans oublier toute l'énergie qu'elle déploie pour accomplir sa tâche.

Cette tâche est aujourd'hui d'autant plus complexe que Monique Gagnon-Tremblay doit cumuler plusieurs fonctions. Mais elle ne s'en plaint pas : "C'est très exigeant, mais pour moi, c'est un privilège d'avoir été choisie comme vice-première ministre. Cette fonction est aussi un atout sur le plan des relations internationales, car plusieurs pays accordent beaucoup d'importance à la hiérarchie. Le fait de cumuler les deux postes signifie que le gouvernement lance un message fort et parle d'une seule voix."

Forte de son expérience internationale au ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, elle entreprend son nouveau mandat au ministère des Relations internationales du Québec avec confiance, en sachant qu'elle devra faire face à un contexte international en pleine mutation. Les enjeux sont cruciaux, car la prospérité du Québec dépend plus que jamais de sa capacité à prendre sa place dans le monde.

Le Québec

"En matière de relations internationales, le Québec est privilégié, soutient Monique Gagnon-Tremblay. Prenez par exemple la délégation du Québec à Paris; il n'y a pas une autre province qui bénéficie d'un tel avantage. Ça fait partie de cette spécificité que le Québec a obtenue à l'époque de monsieur Lesage." Pour diriger l'action internationale du Québec à l'étranger, le ministère des Relations internationales du Québec s'appuie sur un vaste réseau de représentations qui s'étend sur l'ensemble de la planète. Paris, New York, Londres, Bruxelles, Tokyo et Mexico ont leur délégation générale du Québec (dirigée par un délégué général nommé par le gouvernement); Paris a de plus une délégation aux affaires francophones et multilatérales. Buenos Aires, Boston, Chicago et Los Angeles ont une délégation du Québec. Washington, Miami, Munich, Barcelone, Pékin et Shanghai ont un bureau du Québec. Ailleurs autour du globe, on retrouve neuf antennes et quatre services spécialisés hors délégation.

La mission du ministère des Relations internationales du Québec consiste à promouvoir et à défendre les intérêts du Québec sur la scène internationale. Son action gravite autour d'une fonction politique, qui vise à développer la capacité d'agir du gouvernement dans un environnement international, et d'une fonction affaires publiques, qui assure une perception juste du Québec à l'étranger. Vient ensuite son rôle d'intégration, qui vise la concertation des intervenants : "Au ministère des Relations internationales du Québec, j'ai le mandat non seulement d'organiser l'action du gouvernement à l'étranger, mais également de coordonner les activités des autres ministères et organismes en matière de relations internationales. C'est par ce ministère que transitent toutes les activités qui visent le rayonnement ou le développement du Québec sur la scène internationale, que ce soit sur les plans commercial, culturel, économique, politique et social."

Dans un contexte de mondialisation, ce ministère sera donc appelé à jouer un rôle de plus en plus stratégique. "Mais encore faut-il travailler ensemble", prévient celle qui veut même aller au-delà de la concertation. "Notre ministère doit devenir un incontournable. Il nous faudra faire la démonstration que nous pouvons apporter une valeur ajoutée et que, si vous passez par notre ministère, vous obtiendrez de bons résultats, économiserez du temps, bénéficierez des meilleurs contacts et des meilleures protections."

La Francophonie, l'Estrie et la vie…

Monique Gagnon-Tremblay s'intéresse aussi de façon particulière à ses fonctions de ministre responsable de la Francophonie. "La Francophonie, c'est beaucoup plus qu'une langue, lance-t-elle en ouvrant les bras. Il faudra sensibiliser les gens sur ce que veut le Québec et s'assurer que la diversité culturelle sera bien protégée dans un contexte de mondialisation." À cet égard, elle souhaite que l'UNESCO adopte une convention internationale sur la diversité culturelle à l'occasion de son prochain sommet afin que la culture bénéficie d'un statut privilégié dans la négociation des accords multilatéraux.

Et que dire de l'Estrie. "Nous pouvons faire de grandes choses dans notre région." La ministre responsable de la région de l'Estrie mise sur l'esprit de collaboration et le grand dynamisme qui règnent tant dans le milieu universitaire que dans celui des affaires. Elle parle de développement, d'économie du savoir, de commerce international, et fonde de grands espoirs pour l'Estrie au cours des prochaines années. Fidèle à ses habitudes, elle veut planifier ses actions et élaborer une stratégie d'ensemble avant d'aller de l'avant. Elle dit avoir tout de même fait un pas très important : "Je me suis bien entourée!" dit-elle, en faisant du regard le tour des membres de son équipe.

Le monde de Monique Gagnon-Tremblay ne serait pas complet sans sa famille, ses sœurs, ses neveux et nièces. "Les anniversaires, c'est sacré!" Elle réussit même à se préserver un peu de temps pour combler ses besoins de solitude et pour s'adonner à quelques loisirs. Et que répond-elle en riant quand on lui demande ce qu'elle ferait si elle avait plus de temps? "Voyager peut-être…"


www.mri.gouv.qc.ca


VOX POP

Pourquoi aller vivre à l'étranger?

Je suis trop bien au Québec pour aller vivre à l'étranger, mais j'y séjournerais pour ouvrir de nouveaux horizons. J'encourage les jeunes à le faire en profitant des programmes gouvernementaux. Quelle chance!

M. Gagnon-Tremblay


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