Qui voudrait d'une vie sans histoire?

par Catherine Labrecque

Ils sont jeunes. Pourtant, ils ont déjà une vie remplie d'histoire. Et ils ne s'en plaignent pas!

 


Michel Demers
30 ans, chercheur
Histoire 1996, 2001
L'histoire sous toutes ses formes

Si on avait dit à Michel Demers, lors de son entrée à l'Université, qu'il participerait à la publication de trois livres d'histoire, créerait une troupe folklorique qui joue et chante l'histoire et divulguerait l'histoire des religions grâce à des activités éducatives au Musée des religions, aurait-il été surpris? "Oui. J'aurais certainement pensé que la chance allait me sourire", répond-il. Chose certaine, le marché du travail rime pour lui avec variété et passion de l'histoire.

Ses expériences paraissent diversifiées, mais elles ont tout de même un point en commun : celui de communiquer une passion. Une passion qui se révèle à travers l'écriture et les recherches qui ont donné naissance à un livre sur l'histoire de Victoriaville, un sur celle de Warwick et un cédérom sur l'histoire de Sherbrooke. Une passion transmise dans les spectacles de la troupe folklorique l'Attisée. Une passion qui l'anime alors qu'il concocte, au Musée des religions, des trousses pédagogiques destinées à faire comprendre aux élèves l'histoire des cinq grandes religions.

Michel Demers est particulièrement fier d'avoir créé l'Attisée, réunion de trois passions : l'histoire, la musique et le théâtre. "Dans nos spectacles, nous racontons, par exemple, les aventures de quatre bûcherons qui vont au chantier en Mauricie au tournant du siècle. Nous nous alimentons de chansons et nous en composons de nouvelles."

Lorsqu'on lui demande ce que lui ont apporté ses années à l'Université, il répond : "Mon bac en histoire a été une façon de m'enrichir et ma maîtrise, l'occasion de réaliser une vraie recherche... et de rendre possible l'idée d'enseigner au cégep", un espoir qu'il caresse toujours.

Certes, Michel Demers ne s'ennuie pas. Que faut-il pour mener une telle vie? "Le goût de communiquer, d'acquérir des connaissances et de les livrer. Mais avant tout, il faut vouloir rendre

contagieuse notre passion pour l'histoire. J'ose réaliser mes rêves en m'armant de patience et de persévérance", dit-il d'une voix qui devient plus rêveuse quand il ajoute : "J'ai d'autres projets farfelus." Ça promet!

 


Maude Vézina
26 ans, officière du personnel Forces armées canadiennes
Histoire 1998
Toujours une place pour l'histoire

Tout le monde l'a déjà entendu : il n'y a pas d'avenir dans le domaine de l'histoire. Vraiment? Maude Vézina, pourtant, ne s'est pas arrêtée longtemps à ce ouï-dire. Après un an en droit, elle a laissé ses sentiments prendre le dessus : "Je suis retournée à mon premier amour : l'histoire!" Bonne décision, puisqu'une compréhension juste du monde l'attendait.

À son arrivée à l'Université, Maude Vézina s'imaginait devenir professeure d'histoire au cégep. Aujourd'hui, travaillant aux ressources humaines pour le ministère de la Défense nationale, elle avoue que l'histoire lui manque, même si elle profite de son savoir chaque jour : "En connaissant les différences culturelles, je suis en mesure d'aider les gens à comprendre un peu mieux le monde dans lequel on vit. Et depuis les événements du 11 septembre, c'est bien utile et ça évite de porter des préjugés."

Selon Maude Vézina, tout le monde devrait détenir un baccalauréat en histoire. "C'est tellement pratique! Ça élargit les horizons et nous sensibilise aux problèmes des différentes cultures et religions", explique la partisane de la vulgarisation en histoire. En plus de son bel optimisme, une grande curiosité par rapport à son environnement l'anime. Quelles sont les autres qualités requises dans ce domaine? "Aimer l'histoire, être bon chercheur, analyser l'environnement, remettre en question les théories, utiliser son jugement et parfois même ses sentiments", énumère-t-elle.

Finalement, est-ce vrai qu'il n'y a pas d'avenir en histoire? "Pas du tout. Il restera toujours une place pour l'histoire tant qu'il y aura des êtres sur cette terre", lance-t-elle comme on lève un verre à notre santé!

 


Mario Landry
28 ans, directeur Musée Beaulne
Histoire 1995
L'histoire à travers les costumes et le textile

Être directeur d'un musée où sont exposés costumes et textiles dans un château presque centenaire, ça ne change pas le monde pour un diplômé en histoire, sauf que… "c'est vraiment inspirant. Je ne pensais pas un jour être rendu là", avoue Mario Landry. Il a eu la piqûre pour l'histoire en quatrième secondaire, alors qu'il se laissait raconter le Québec et le Canada. "À ce moment-là, j'étais bien décidé à poursuivre mes études en histoire jusqu'à l'université."

De son passage à l'Université, il retient une phrase en particulier du chargé de cours Claude Sutto : "L'histoire se répète même si elle bégaie un peu." Mario Landry adopte ce point de vue : "À titre d'exemple, la technologie évolue, mais certains événements se répètent, comme les empires."

C'est également ce qu'on peut observer au musée Beaulne : d'une exposition à l'autre, les costumes et le textile évoluent sans cesse et symbolisent des moments marquants de différentes époques. Afin de rendre cette pensée accessible, Mario Landry a un rôle déterminant. "Mon boulot est de faire revivre aux gens l'histoire à travers le costume", dit-il en toute modestie.

On peut penser que l'histoire tient une énorme place dans la vie de celui qui occupe un tel emploi. "Pas assez à mon goût, rétorque-t-il. La gestion et l'administration volent une grosse partie de mon temps; la recherche me manque", confie celui qui aimerait terminer sa maîtrise, projet abandonné mais toujours présent en lui.

Selon lui, si le bac en histoire mène à toutes sortes de professions, c'est parce qu'il apporte une méthodologie de travail : "C'est pourquoi les diplômés en histoire sont appréciés!"

 


Charles Vincent
28 ans, chargé de cours Université de Sherbrooke
Histoire 1997, 1999
Ajouter du concret à l'histoire

Difficile de percer dans le domaine de l'histoire? Selon Charles Vincent, chargé de cours à l'Université de Sherbrooke, "il faut être mordu et acquérir de l'expérience pratique". Fondateur de la maison d'édition Les fous du roi, qui publie des ouvrages scientifiques et historiques, fondateur du magazine Lèse-majesté, qui expose des débats et des idées politiques, et jadis rédacteur en chef du journal Liaison, Charles Vincent avoue être allé chercher ce que le bac ne lui donnait pas.

Pour améliorer la situation, il a proposé un cours, maintenant obligatoire au bac en histoire : Savoir diffuser l'histoire par les écrits. Ce cours aurait tout aussi bien pu se nommer Savoir ajouter une corde à son arc, surtout que, d'après Charles Vincent, "apprendre à rédiger divers écrits relatifs à l'histoire sous forme journalistique, académique ou de vulgarisation et se familiariser avec l'édition sont autant d'outils complémentaires profitables pour les étudiants en histoire".

Conscient qu'il enseigne à de futurs diplômés en histoire qui, pour la plupart, travailleront dans d'autres domaines que l'histoire, Charles Vincent désire bien les outiller afin qu'ils aient des horizons plus larges et qu'ils puissent ainsi répondre aux différents besoins : "Les étudiants doivent innover, chose possible avec le côté pratique."

À l'entendre dire "l'enseignement m'appelait", on croirait que l'enseignement de l'histoire a en effet choisi cet homme pour se faire brasser un peu et vêtir un côté plus concret. C'est sans doute ce que Charles Vincent entend quand il dit qu'il faut rendre l'enseignement de l'histoire plus pragmatique.

"Avec l'enseignement, j'actualise ma passion, c'est ma façon de structurer ma pensée. J'essaie de développer un enseignement qui invite l'étudiant à jeter un regard critique plutôt que de donner de l'information seulement pour informer." Ainsi s'exprime Charles Vincent, calme et sûr de lui.

 

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