Les Filion construisent le Québec

par Pierre-Yvon Bégin

Ils n'ont peut-être jamais coupé de ruban, mais de grands ouvrages portent leur signature : barrages, centrales et lignes de transport d'électricité, routes, ponts et usines de filtration. Depuis trente ans, les frères Filion, quatre ingénieurs, tous diplômés de l'Université de Sherbrooke, contribuent à façonner le Québec moderne.

Les quatre frères Filion, Gilles, Yves, Daniel et Jacques, occupent aujourd'hui des postes clés de gestionnaires. Mentionnons d'abord Yves, 51 ans, directeur général adjoint à Hydro-Québec, le bras droit d'André Caillé. À 55 ans, Gilles est président de la société John Meunier, une firme spécialisée dans le traitement des eaux, tandis que Daniel, 47 ans, et Jacques, 44 ans, dirigent les bureaux régionaux du ministère des Transports en Montérégie.

Nés à l'Isle-Verte dans l'estuaire du St-Laurent, les frères Filion sont fils d'agriculteurs. Loin de renier leur origine, ils reconnaissent d'emblée que leur carrière est le prolongement de leur enfance.

« Il y en a des chose à faire sur une ferme », dira Gilles Filion, celui qui a plus ou moins entraîné ses trois autres frères en entrant à l'Université de Sherbrooke en 1964. Pendant seize années consécutives, il y aura au moins un Filion à l'Université de Sherbrooke. Président depuis trois ans d'un leader en épuration des eaux, (John Meunier a conçu treize des quinze dernières usines a être construites au Québec), l'aîné de la famille orchestre le travail de 115 personnes.

« Sur une ferme, ajoute-t-il, on doit tous mettre la main à la pâte. Ce ne sont pas de gros travaux, mais assez pour éveiller l'esprit. Je me souviens d'avoir construit une petite turbine hydraulique sur un ruisseau près de la maison. »

Considéré comme le numéro deux à Hydro-Québec, Yves Filion a la responsabilité de plus de la moitié des 20 000 employés de la société. Les questions de transport, de distribution et de vente d'électricité, du service à la clientèle ainsi que des nouvelles technologies de l'information relèvent de sa juridiction. Il représente Hydro à la Fondation de l'Université de Sherbrooke. L'Association des diplômés l'a également nommé Ambassadeur en 1997.

« Je conserve des liens étroits avec l'Université de Sherbrooke, admet-il. Je suis entré à la deuxième année du régime coopératif et c'est avec les stages pratiques que j'ai réalisé que j'étais dans la bonne branche. Sherbrooke domine dans plusieurs domaines et elle s'est taillé une place enviable parmi les universités canadiennes.  » 

De leur côté, Daniel et Jacques Filion en ont fait du chemin, au sens propre comme au figuré, depuis qu'ils ont été recrutés par le ministère des Transports du Québec. Après avoir travaillé un peu partout au Québec, ils dirigent maintenant les bureaux régionaux du ministère en Montérégie, Est et Ouest.

« Depuis que nous sommes à Montréal, dit Daniel Filion, on a l'occasion de se rencontrer plus souvent. Dans un dossier de travail, on oublie les liens de parenté. »

« On parle de projets, bien sûr, mais aussi de politique », ajoute Gilles Filion, qui prend un plaisir évident à taquiner ses cadets.