Yves Nadon, diplômé de l'Université de Sherbrooke en enseignement en 1979, a littéralement adopté l'École primaire Notre-Dame du Rosaire de Sherbrooke. Depuis treize ans, il y a trouvé une équipe dynamique ainsi qu'un lieu tout désigné pour transmettre cette passion pour la lecture qui ne cesse de l'animer.

La passion des mots

par Catherine Schlager

Les mots, Yves Nadon en raffole. Tellement qu'il a poussé l'audace jusqu'à réaménager sa classe de première année à l'École Notre-Dame du Rosaire pour y favoriser la lecture. On y retrouve donc une mezzanine, construite de ses mains, où les élèves peuvent aller lire en toute tranquillité. Dans tous les recoins de la petite classe, les livres s'empilent par centaines. Les résultats sont plus que probants puisque, chaque année, les élèves sous sa gouverne ont ainsi pris goût à la lecture.

« Lire et écrire est la première chose qu'ils apprennent en première année. Les progrès sont énormes puisqu'à leur arrivée, ils ne savent ni l'un ni l'autre. Je leur explique que le savoir est important et qu'ils doivent travailler fort. J'essaie d'avoir une classe qui est intelligente », explique-t-il.

Yves Nadon ne fait pas qu'enseigner les beautés de la langue française. Enseignant au primaire, il a la responsabilité de la plupart des matières. Lui-même père de famille, il sait combien le monde d'aujourd'hui et l'école sont de plus en plus complexes. « L'école d'aujourd'hui doit tenir compte du fait que, pour toutes sorte de raisons liées au monde moderne, certains enfants en savent beaucoup tandis que d'autres en savent moins, explique-t-il. De leur côté, les enfants doivent comprendre que l'école est un endroit exigeant où l'on vient pour apprendre. »

Les enfants, encore et toujours

Si Yves Nadon se retrouve aujourd'hui dans le merveilleux monde de l'enseignement, ce n'est nullement l'effet du hasard. Ayant travaillé dans un camp d'été pendant son adolescence, l'enseignant a toujours apprécié la compagnie des enfants, allant même jusqu'à vouloir faire carrière comme pédiatre. Malheureusement, il ne peut être admis à l'intérieur de la très sélecte Faculté de médecine et se tourne vers la biologie. Il se rend vite compte que cette discipline ne lui convient pas et revient à ses premières amours, les enfants, en s'inscrivant au baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire de l'Université de Sherbrooke.

Sa première expérience de travail en tant que professeur, il la vivra à l'École Alfred-Desrochers de Saint-Élie d'Orford, une école construite, à l'époque, pour une population en pleine expansion. « J'ai été très chanceux de trouver un emploi tout de suite après la fin de mes études puisqu'à l'époque, les perspectives d'emploi n'étaient pas très réjouissantes. J'y suis demeuré quelques années avant de prendre une année sabbatique. Je suis ensuite entré à l'École Notre-Dame du Rosaire. »

Yves Nadon avoue d'emblée que les stages effectués au cours de son baccalauréat ainsi que les copains qu'il y a rencontrés demeurent parmi les meilleurs souvenirs de son passage à l'Université de Sherbrooke. L'expérience s'est révélée tellement formidable qu'Yves Nadon a accepté d'y retourner afin d'enseigner ses théories aux futurs professeurs. « Cela m'oblige à être cohérent avec ce que j'enseigne et ça m'apporte énormément dans ma pratique. J'essaie de transmettre à ces futurs professeurs une passion de l'enseignement ainsi qu'un amour pour la lecture et l'écriture. »

Évolution de l'enseignement

À n'en pas douter, l'enseignement a beaucoup changé au Québec au cours du XXe siècle. Les petites écoles de rangs ont fait place à des écoles multifonctionnelles où se côtoient des jeunes, toutes nationalités et religions confondues, dont plusieurs proviennent de familles reconstituées. « Il faut qu'on évolue, soutient Yves Nadon. On doit aller vers une plus grande professionnalisation du travail. »

Heureusement, Yves Nadon a trouvé à l'École Notre-Dame du Rosaire le cadre de travail qui lui convenait parfaitement, de sorte qu'il s'estime pleinement heureux de sa situation. « Je fais partie d'une belle équipe de quinze professeurs qui m'appuient continuellement. Quand tu as trouvé une équipe qui te permet d'évoluer, tu ne veux plus changer d'école. »

Entre deux cours à l'École Notre-Dame du Rosaire et à l'Université de Sherbrooke, Yves Nadon consacre une importante partie de ses moments de loisirs à la lecture en dirigeant notamment la maison d'édition Les 400 coups et en participant, bon an mal an, à l'organisation du Salon du livre de Montréal. « Il faut insister davantage sur la lecture, parce que si les enfants trouvent le Nintendo plus intéressant, on a tout un problème! Si les gens ne lisent pas, ce n'est qu'un malentendu. »

Nul doute que les enfants qui fréquenteront l'école Notre-Dame du Rosaire au cours des prochaines années retrouveront un Yves Nadon toujours aussi passionné par la lecture et les mots.