Après avoir habité le Rwanda pendant 19 ans et avoir eu le courage d'émigrer afin de compléter un doctorat en informatique à l'Université de Liège en Belgique, Froduald Kabanza a établi ses pénates à l'Université de Sherbrooke, plus précisément au Département de mathématiques et d'informatique où il enseigne depuis 1993. Il y donne notamment des cours aux étudiants des niveaux baccalauréat et maîtrise portant sur l'intelligence artificielle, la programmation ainsi que les techniques de vérification des erreurs et dirige le Laboratoire de recherche sur l'intelligence artificielle et l'aide à la décision. Six étudiants à la maîtrise et au doctorat sont présentement sous sa supervision.

Froduald et les robots

par Catherine Schlager

Il n'y a aucune instrumentation sophistiquée dans le Laboratoire de recherche sur l'intelligence artificielle et l'aide à la décision. Évidemment, plusieurs ordinateurs meublent la pièce, tandis qu'une piste d'entraînement est réservée à des robots mobiles qui reconnaissent aisément les balles vertes et rouges et savent éviter les obstacles. Ce qui surprend davantage, c'est la concentration avec laquelle y travaillent six étudiants, sous la supervision du professeur Froduald Kabanza.

Pour aider ces quatre étudiants à la maîtrise et ces deux autres au doctorat dans la poursuite de leurs recherches, le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie (CRSNG), en collaboration avec le Centre canadien de télédétection et Sepia technologie, a généreusement consenti une subvention de près de 600 000 $ afin de développer des programmes informatiques permettant à des robots d'accomplir certaines tâches. « Développer des robots est une tâche très complexe, assure Froduald Kabanza. Il faut savoir comment programmer les ordinateurs pour qu'ils soient intelligents. Et puis chaque école a sa propre idée de ce qu'est l'intelligence artificielle. »

Froduald Kabanza n'en est pas à ses premières armes avec les robots puisqu'il travaille avec ces derniers depuis 1988. Sa thèse, déposée à l'Université de Liège en Belgique, portait sur la planification des systèmes réactifs appliqués à des robots. « C'est un domaine assez captivant, affirme le professeur. Depuis trois ans, je travaille sur des robots réels, ce qui est encore plus intéressant. Au Laboratoire, nous développons des méthodes qui pourraient être applicables dans un contexte commercial. Par exemple, on pourrait commercialiser certains robots conçus pour circuler à des endroits dangereux tels que les mines ou encore des robots domestiques pour les personnes handicapées. Évidemment, nous ne sommes pas les seuls à effectuer des recherches, mais au niveau de la planification, nous nous défendons très bien. »

Un travail d'équipe

Si le développement de programmes informatiques applicables à des robots peut paraître complexe pour le commun des mortels, il ne semble pas que ce soit le cas pour les étudiants œuvrant au Laboratoire de recherche sur l'intelligence artificielle et l'aide à la décision. Chacun s'est en effet penché sur un aspect bien précis du problème et y travaille sans relâche. Par exemple, Khaled Ben Lamine, étudiant au doctorat, travaille sur le contrôle du robot. « Le robot doit être autonome, explique-t-il. Par exemple, si on met un robot sur Mars, on doit créer des processus qui surveillent le comportement du robot. »

Dominic Bourdua, étudiant à la maîtrise, poursuit quant à lui ses recherches sur la vision du robot. « La vision demeure très importante. Il faut créer un système capable d'interpréter les images. C'est par des essais, des erreurs et par tâtonnements que le robot apprend à aller à l'essentiel. » D'autres étudiants travaillent par ailleurs sur la planification des actions ainsi que sur la troisième dimension.

En plus de diriger les six étudiants du Laboratoire de recherche sur l'intelligence artificielle et l'aide à la décision, Froduald Kabanza participe à de nombreuses conférences de par le monde et rédige quantité d'articles scientifiques portant sur ses recherches concernant principalement les problèmes de planification, de contrôle, de vérification, de décision et d'apprentissage pour les agents intelligents. Deux de ses publications ont même été sélectionnées comme étant deux des trois articles les plus représentatifs du récent travail sur la planification de l'intelligence artificielle. Qui plus est, il a été sélectionné pour faire partie de l'Institut des matériaux et systèmes intelligents (IMSI), un regroupement d'une cinquantaine de chercheurs de l'Université de Sherbrooke subventionné par le Fond canadien pour l'innovation (FCI).

Pour les années à venir, Froduald Kabanza entend poursuivre ses recherches dans son domaine de spécialisation et consacrer d'importants efforts afin de développer le Laboratoire de recherche sur l'intelligence artificielle et l'aide à la décision. « Nous achèterons d'autres robots plus performants et nous impliquerons les étudiants du baccalauréat », prévoit le chercheur.