Obtenant promotions après promotions, Jean Landry, ancien étudiant de la Faculté d'administration de l'Université de Sherbrooke, a vite gravi les échelons du Groupe Desjardins pour se retrouver, il y a plus de deux ans, à la tête de la division Gestion de services financiers spécialisés Desjardins de la Fiducie Desjardins.

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par Catherine Schlager

Même s'il doit jongler quotidiennement avec des montants astronomiques faisant partie d'un actif consolidé de plus d'un milliard de dollars et des revenus d'exploitation frôlant les 150 millions, Jean Landry demeure un homme simple. Certes, le bureau est luxueux et le 14e étage du Complexe Desjardins offre une vue imprenable. Cependant, tout cela semble bien accessoire pour ce travailleur acharné qui a su se tailler une place de choix au sein du Groupe Desjardins.

Natif de Thetford Mines, Jean Landry s'est tout naturellement orienté vers l'Université de Sherbrooke pour entreprendre des études en mathématiques. Après deux années passées à résoudre les équations les plus complexes, le jeune homme s'interroge sur la pertinence de telles études. « Les mathématiques étaient trop théoriques. Je suis un gars pratique. Je me suis vite demandé à quoi ça servait tout ça; je trouvais que je n'étais pas à ma place. Mon frère avait étudié en administration et avait apprécié l'expérience. J'ai donc décidé de me tourner du côté de l'administration. J'ai choisi la comptabilité, même si j'aimais toutes les matières, parce que ça ouvrait plus de portes », se souvient-il.

Si Jean Landry garde de merveilleux souvenirs de son université, c'est très certainement dû au fait qu'il étudiait dans un programme qu'il aimait particulièrement et qu'il menait une vie sociale bien remplie. Entre les nombreux partys étudiants au Tombeau de Bacchus, l'homme habitait les résidences où l'esprit de camaraderie était plus que manifeste et s'y était rapidement fait de nombreux amis.

De la vérification à la gestion

Une fois sa maîtrise en administration complétée et son titre de comptable agréé bien en poche, Jean Landry obtient un premier emploi de vérificateur chez Coopers & Lybrand. Il passe ensuite chez Samson Bélair Deloitte & Touche, où il pratique toujours la vérification, mais devient désormais chef d'équipe. Soucieux de relever de nouveaux défis, Jean Landry apprend le métier de contrôleur au sein de la chaîne hôtelière Delta des Gouverneurs. « Il s'agissait de mes premières responsabilités de gestionnaire. La gestion était plus complexe puisque la majorité des employés étaient syndiqués. Cependant, j'étais attiré par le monde de la finance, de sorte que j'aimais moins l'hôtellerie. Lorsque l'occasion de travailler pour les assurances générales du Groupe Desjardins s'est présenté en 1981, je l'ai tout de suite saisie. »

Au sein du Groupe Desjardins, il occupe différents postes dans plusieurs secteurs de l'entreprise. Ces tâches diverses lui font ainsi voir et comprendre le fonctionnement de ce groupe aux multiples ramifications. Des finances aux placements en passant par l'informatique, l'actuariat, les ressources humaines et la vérification interne, Jean Landry découvre les rouages de ce groupe financier bien important. « Entre 1983 et 1986, plusieurs changements majeurs sont survenus au sein de l'entreprise. Le nombre d'employés a diminué de moitié et le mode de distribution des assurances est passé du courtage au direct, explique-t-il. Grâce à ces changements, l'entreprise est devenue en quelques années la plus rentable dans son domaine au Canada. En 1991, je me suis occupé de l'aspect distribution. Nous avions une force de vente de 600 à 700 vendeurs. J'ai également été responsable de l'informatique. Je suis passé dans presque tous les secteurs du Groupe Desjardins. J'ai eu la chance de me retrouver dans une entreprise qui a littéralement explosé. C'est une expérience exceptionnelle. Je peux dire que j'étais souvent au bon endroit au bon moment », affirme-t-il pour expliquer sa fulgurante ascension.

Les plus hauts sommets

Aujourd'hui, Jean Landry peut se réjouir d'avoir atteint l'un des plus haut sommets au sein du Groupe Desjardins. En effet, il occupe depuis janvier 1997 le prestigieux poste de président et chef de l'exploitation du secteur de la Gestion de services financiers spécialisés Desjardins et de la Gestion de placements Desjardins, une des quatre divisions de la Fiducie Desjardins qui comprend, en plus des fonds de placement, les valeurs mobilières, la gestion privée et les services fiduciaires aux entreprises. « Nous ne sommes pas si gros que ça, se défend Jean Landry. Nous sommes seulement 23e au Canada. Mais nous travaillons fort pour nous positionner et faire ainsi partie des joueurs les plus significatifs au Canada. Nous tentons de développer de nouveaux marchés et de nouveaux produits. Nous amenons l'entreprise vers autre chose afin de revenir dans le créneau traditionnel des trusts et de la fiducie. »

Si Jean Landry réussit aussi bien tout ce qu'il entreprend, c'est certainement parce qu'il est allé à la bonne école et qu'il a vite compris le fonctionnement d'une entreprise coopérative telle que Desjardins. En appliquant des principes de gestion tout simples, il a vu passer le bénéfice net de la société de un à douze millions en l'espace de seulement trois ans. « Avec une mission claire, une orientation stratégique, des gens compétents, on arrive à des résultats. Il ne faut jamais perdre de vue les objectifs de l'entreprise et les actions doivent être prises avec l'orientation que l'on recherche. Il faut aussi travailler sur l'humain puisqu'une entreprise n'est jamais plus forte que ses employés », résume-t-il simplement.

S'il sait appliquer les principes de gestion qui font de la société qu'il dirige une entreprise en pleine expansion, Jean Landry possède également certaines qualités indispensables à tout bon gestionnaire. Son adaptabilité, sa flexibilité, sa capacité à se remettre en question, son ouverture aux idées nouvelles, sa volonté de s'informer sont autant de qualités qui le guident quotidiennement dans son travail. Qui plus est, le soutien de sa famille et une santé de fer ne nuisent évidemment pas à son succès qui ne se dément pas.

Après avoir gravi de nombreux échelons au cours de sa carrière, Jean Landry aspire-t-il à atteindre de plus hauts sommets? Pas tout de suite, affirme le principal intéressé puisque, dit-il, certains défis restent encore à relever. Le positionnement de l'entreprise demeure sa préoccupation principale et le tiendra occupé très certainement pendant deux ou trois ans. Entre-temps, Jean Landry se dit ouvert à renouer avec l'enseignement, lui qui a formé pendant quatre ans les futurs comptables de l'Université Laval. « Côté pédagogie, je me débrouillais très bien puisque je possède une certaine facilité à expliquer les choses. J'ai bien aimé cette expérience, d'autant plus que le contact avec les jeunes est rafraîchissant. »