En septembre 1998, Benoît Cazabon, titulaire d'un doctorat en linguistique de l'Université de Sherbrooke, a été nommé Chevalier de l'Ordre des Palmes Académiques. Cette distinction, remise par la France, souligne l'action constante qu'il a menée en faveur de la francophonie et de l'enseignement du français.

Le chevalier de la langue française

par Élise Giguère

« Je suis une personne qui aime mettre sur pied des organismes. » Avec cette phrase, Benoît Cazabon résume bien la carrière qu'il a menée. En effet, plusieurs organismes voués à l'étude de la langue française ont vu le jour grâce à son initiative. Parmi ceux-ci, on compte l'Alliance canadienne des responsables et des enseignants en français (ACREF) et l'Institut franco-ontarien (IFO). Ce dernier regroupe une trentaine de chercheurs qui s'intéressent à tout ce qui touche les 500 000 francophones de l'Ontario.

Lui-même franco-ontarien, Benoît Cazabon tente de réunir les conditions gagnantes pour que la population francophone hors Québec vive bien en français. « Lorsqu'il n'y a pas d'infrastructures culturelles, il est difficile d'avoir une vie française riche », affirme-il.

La création d'organismes n'est pas le seul moyen que Benoît Cazabon a pris pour mener son œuvre à bien. En enseignant dans différentes universités de sa province, il a commencé à faire des recherches sur la didactique du français.

Ses recherches l'ont amené à établir des contacts avec les journaux, les télévisions et les radios communautaires de la région. « Il faut toujours trouver un débouché social à une activité pédagogique, affirme le professeur et chercheur. Par exemple, si un élève écrit un poème, il doit se retrouver dans un recueil de poèmes qui sera lu par les parents ou par la communauté ».

À Moncton, des jeunes du secondaire ont appliqué les méthodes Cazabon. Ils ont mené une enquête sur l'affichage français dans leur centre commercial pour ensuite écrire des articles à ce sujet dans les journaux locaux. Maintenant, grâce au travail des jeunes, on voit plus d'affichage français dans le centre commercial. Les activités pédagogiques ont permis aux jeunes de prendre conscience de leur milieu et d'agir sur celui-ci.

Benoît Cazabon reconnaît que la pédagogie a ses limites, mais il croit que les jeunes sont mieux motivés lorsqu'ils sont touchés personnellement.

En plus de trouver des moyens pour motiver les jeunes, Benoît Cazabon a effectué de nombreuses recherches utiles pour les professeurs de français langue maternelle. De sa plume sont nés plus de 25 ouvrages. Cependant, il n'a pas fait cavalier seul. La plupart de ses ouvrages, qui traitent surtout du français langue maternelle et de l'identité culturelle, ont été écrits en collaboration avec d'autres chercheurs.

Benoît Cazabon n'est pas non plus le seul Chevalier de l'Ordre des Palmes Académiques. Selon lui, l'Ordre a honoré environ 30 000 personnes; une véritable cavalerie qui garde précieusement le trésor de la langue et de la culture françaises. Parmi les décorés, on retrouve surtout des professeurs d'universités et des écrivains.

D'ailleurs, Benoît Cazabon, maintenant à la retraite, travaille à l'écriture d'un roman. Il rend ainsi un hommage différent à son cheval de bataille.