L'opus de M. Boivin

Depuis plus de vingt ans, Jean Boivin, professeur d'histoire de la musique à l'Université de Sherbrooke, s'intéresse à la musique contemporaine créée au Québec et en France. Récemment, il a décidé d'élaborer une synthèse de l'histoire de la musique d'avant-garde au Québec.

par Élise Giguère

Pour élaborer sa synthèse, Jean Boivin doit d'abord élaborer une base de données. " C'est un travail de moine ", affirme-t-il. En effet, le musicologue dépouille les différentes sources qui traitent de musique contemporaine : Encyclopédie de la musique au Canada, articles de journaux et de périodiques, entrevues et tables-rondes diffusées par Radio-Canada… " J'essaie de faire le tour de ce qui a été fait pour ensuite créer un ouvrage accessible ", de dire le chercheur.
L'accessibilité constituera également une des qualités de la base de données. En effet, le chercheur vise à la rendre disponible sur Internet. " Ce sera un outil électronique qui permettra à d'autres chercheurs ou étudiants de faire des recherches ciblées ", de dire le musicologue. Ainsi, en entrant " Serge Garant ", les internautes auront accès à tout ce qui concerne ce compositeur québécois d'avant-garde, compositeur qui a d'ailleurs fait l'objet d'un colloque organisé par Jean Boivin.

Duo de recherches

C'est grâce à une subvention du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR) que Jean Boivin peut travailler sur la base de données. Parallèlement, il a reçu une autre subvention du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada. Celle-ci lui permettra de creuser les liens entre la musique au Québec et les grands courants en Europe et aux États-Unis.
" Auparavant, plusieurs compositeurs québécois allaient en France pour enrichir leur formation. De leur côté, les compositeurs anglophones avaient tendance à aller du côté des États-Unis ou de l'Angleterre. Cela a créé une séparation des styles assez frappante, surtout au début du siècle, explique Jean Boivin. Alors que les anglophones étudiaient généralement de la musique plus traditionnelle et des formes plus classiques, les Français s'intéressaient à des œuvres très récentes. Grâce à cette situation, la musique qui s'écrit au Québec maintenant ressemble à peu de musique qui s'est écrite ailleurs ", de dire le chercheur. C'est surtout en interrogeant des interprètes et des compositeurs que le musicologue entend recueillir les renseignements nécessaires à cette recherche.

Symphonie d'activités

En plus de son travail de chercheur, Jean Boivin s'implique beaucoup au niveau de la scène de la musique contemporaine. On peut même se demander comment il fait pour orchestrer toutes ses activités! En effet, il occupe le poste de rédacteur en chef de la revue Circuits, consacrée à la musique du XXe siècle. Il est également co-directeur artistique de Musica Nova, un ensemble de musique contemporaine estrien, et président de la Société québécoise de recherche en musique (SQRM).
Cependant, Jean Boivin avoue en riant qu'il n'écoute pas de musique contemporaine lorsqu'il se lève le matin. " Il faut être disponible pour écouter ce genre de musique, de dire le musicologue. J'aime la musique plus lyrique. Il existe de la musique contemporaine douce, mais il faut savoir laquelle choisir. Il faut également de l'énergie pour expérimenter. "