Tranche de vie d'un journaliste

Une grande partie du travail de Benoît Tranchemontagne consiste à poursuivre les criminels. Cependant, c'est armé d'un micro, d'un téléphone cellulaire et d'un téléavertisseur qu'il effectue son métier.

par Élise Giguère

Benoît Tranchemontagne occupe un poste de journaliste aux faits divers à TQS. La station, qui se qualifie elle-même de mouton noir de la télévison, mise beaucoup sur cet aspect des nouvelles. « Les faits divers ont longtemps été dénigrés. On les appelle les chiens écrasés, de dire le journaliste. Pourtant, lorsqu'un fait divers important survient, il fait la une de tous les journaux et bulletins de nouvelles. Les faits divers touchent les gens, car un drame humain se cache derrière chacun de ces événements. »
Pour couvrir ces drames humains, Benoît Tranchemontagne passe une grande partie de la journée dans la fourgonnette du Grand Journal de TQS. C'est d'ailleurs à bord de celle-ci que Sommets a interviewé le journaliste. Le véhicule est muni d'un arsenal de postes d'écoute, qui permettent au journaliste de suivre les communications des policiers, des pompiers et même d'Urgence-Santé. Lorsqu'il entend parler d'un événement intéressant, Benoît Tranchemontagne se rue vers l'endroit avec son complice, Christian Pichette, as du volant et de la caméra.
« La compétition est très forte dans le domaine des faits divers. Si on manque un appel, on manque la nouvelle », de dire le journaliste. Son collègue caméraman l'appuie : « On ne perd pas de temps. » En une seule journée, l'équipe Tranchemontagne-Pichette peut changer de sujet trois ou quatre fois. À tout moment, un fait plus intéressant risque de survenir ailleurs.
Benoît Tranchemontagne dit adorer cet aspect de son métier. « J'aime l'action qui tourne autour de mon travail. » Cependant, pour un peu d'adrénaline, il doit investir beaucoup de temps. Même si son horaire lui demande de travailler de 9 à 5, il n'est pas rare de voir le journaliste sortir de la station vers 20 h. De plus, il reste sur appel tous les soirs et trois fins de semaine sur quatre. Un horaire pas évident lorsqu'on a une épouse et des enfants !

Souvenirs retrouvés

C'est sur les bancs de l'Université que Benoît Tranchemontagne a fait la connaissance de sa compagne. Comme lui, elle a étudié en rédaction-recherche. « Elle corrigeait mes textes », avoue-t-il bien humblement. Ce journaliste téméraire admet du même souffle avoir été terrorisé par une chose dans sa vie : la grammaire! Ses professeurs le critiquaient constamment pour ses fautes d'orthographe. « Mais un jour, l'un d'eux m'a dit que, malgré mes fautes, j'écrivais bien! »
Un coup de téléphone cellulaire lui coupe la parole. Quelques secondes plus tard, il revient à ce qu'il disait.
Déjà à l'Université, Benoît Tranchemontagne avait eu un avant-goût de la vie de journaliste. Il a fait ses premières armes au Collectif, où il occupait le poste d'éditorialiste. De plus, il a animé une émission et des chroniques de cinéma à CFLX, la radio communautaire de Sherbrooke.
En dépit de son implication dans le domaine, Benoît Tranchemontagne ne savait pas à cette époque qu'il se dirigerait en journalisme. En fait, il avait choisi le programme de rédaction-recherche en raison du régime coopératif.
Une voix féminine, provenant d'un des postes d'écoute, interrompt soudainement ses souvenirs d'étudiant : « Au centre médical, un homme vient de passer à travers la fenêtre ». Christian Pichette, le caméraman à l'âme de pilote de formule 1, appuie sur le champignon. Il est 13 h 45. La fourgonnette se faufile entre les rangées de voitures, klaxonne les passants… Les deux comparses doivent se rendre à une conférence de presse à 14 h, mais ils détiennent peut-être une nouvelle plus intéressante. Une fois sur les lieux, pas de vitres cassées ni de blessé en vue. L'équipe remet le cap sur la conférence de presse.

Journaliste, tu deviendras!

Pendant que le caméraman cherche le lieu de la conférence de presse Benoît Tranchemontagne raconte qu'après son baccalauréat, il a complété un certificat en enseignement au secondaire. Son diplôme en poche, il s'est vu offrir un poste d'enseignant dans un village du Nord du Québec. Or au même moment, il a entendu dire qu'une station de radio de New Carlisle, celle-là même où René Lévesque avait commencé sa carrière, cherchait un journaliste. Le jeune homme a alors tenté sa chance!
Depuis, ses postes de journaliste se sont suivis, mais ne se sont pas tous ressemblés! On l'a entendu à CJRS, vu à CKSH. Par la suite, il a obtenu un poste pour Radio-Canada en Saskatchewan. Là-bas, en plus d'être correspondant, il a conçu des reportages pour les émissions Le Point, La semaine verte, et À tout prix.
À son retour à Montréal, il a reçu des offres de deux stations. Son choix s'est arrêté sur TQS, où on lui proposait d'aller sur le terrain, contrairement à l'autre endroit où un poste de rédacteur lui était offert. « TQS représentait la meilleure place pour me faire un nom », de dire le journaliste. Maintenant qu'il travaille à TQS, Benoît Tranchemontagne a vu son champ d'activités d'élargir. En plus d'être journaliste, il anime l'émission Scènes de crime, une émission entièrement consacrée aux faits divers. « C'est sûr que Scènes de crime n'est pas un roman à l'eau de rose, mais toutes les images que nous voyons pendant l'émission ont déjà été montrées dans un bulletin de nouvelles. »
Benoît Tranchemontagne affirme qu'en animant cette émission, il est devenu mieux connu dans le milieu policier et ambulancier. Il n'y a pas que ces gens qui le reconnaissent. Pendant qu'il enregistre son commentaire sur la conférence de presse, des passants le saluent et l'appellent par son nom. Preuve qu'il s'en est bel et bien fait un !