Tout jeune, Yvon Boivin suivait sans relâche les débats télévisés de l'Assemblée nationale. Sa passion pour la politique a grandi avec lui, et, depuis 1996, il occupe le poste de secrétaire de la Commission des finances publiques. Même s'il rêvait de travailler à l'Assemblée nationale, Yvon Boivin n'aurait jamais cru être un jour " aussi près du processus décisionnel ", d'autant plus que le domaine d'études qu'il avait choisi, l'informatique, ne le destinait pas à une telle carrière.

Une idée fixe

par Johanne Bédard

À titre de secrétaire de la Commission des finances publiques, Yvon Boivin est à la fois le greffier, l'organisateur et le coordonnateur de l'ensemble des activités de la Commission. Il est également le principal conseiller de la Commission en matière de procédure parlementaire. Ce sont des fonctions qui exigent beaucoup de dynamisme et de débrouillardise de la part des gens qui les remplissent, parce que les relations publiques y pullulent et parce que tout bouge très vite dans la sphère politique.

Yvon Boivin ne regarde donc plus les débats sagement installé devant son téléviseur comme autrefois : " Quand les députés siègent, nous, les secrétaires, sommes assis à la gauche du Président, avec les députés. En fait, on assiste quotidiennement à des événements historiques. " Le diplômé en informatique de gestion est en effet aux premières loges pour suivre l'actualité. Tout ce qui se dit sur le déficit zéro, par exemple, il en entend parler de A à Z. Sa participation à l'évolution du système démocratique apporte à ce passionné d'actualité une grande satisfaction : " C'est pour moi un privilège de me retrouver au cœur des activités entourant les débats des parlementaires concernant des sujets auxquels je me suis toujours intéressée comme les finances, le budget, l'administration du gouvernement ou encore la fonction publique. "

Son bonhomme de chemin

Au milieu des années 1980, Yvon Boivin entreprend ses études universitaires à Sherbrooke, en informatique de gestion. Ce choix d'orientation était plutôt l'aboutissement d'une mûre réflexion qu'une façon détournée de se rapprocher de son rêve de participer à la vie politique : " Je m'intéressais surtout à l'administration, mais je lisais beaucoup pour m'informer et on disait que les années 1990 seraient les années de l'informatique. Alors j'ai décidé de combiner les deux. " Après deux années passées à travailler comme analyste au sein d'une compagnie privée, il fait enfin son entrée à l'Assemblée nationale comme architecte de système et administrateur de base de données.

Une clef passe-partout

Ce n'est pas le fruit du hasard s'il occupe aujourd'hui le poste de secrétaire de la Commission. À son sens, l'informatique ouvre l'accès à tous les domaines. À cet égard, le diplômé en informatique de gestion rappelle qu'il a été chargé de projet pour le développement du système du journal des débats. " Quand on développe un système, il faut comprendre en profondeur les tâches du client. Si bien qu'une fois le système terminé, on pourrait presque effectuer le même travail que ce client ! "

Dès la fin de son baccalauréat, son désir d'accéder à des postes de plus haut niveau dans la fonction publique a poussé Yvon Boivin à entreprendre à temps partiel des études de deuxième cycle en administration. Ses études et ses expériences de travail ont fait de lui un candidat idéal pour le poste qu'il occupe actuellement, un poste qu'il dit adorer sans réserve.

Professionnalisme oblige… à taire ses opinions

Une absolue neutralité politique est de mise pour jouer le rôle de secrétaire de Commission. Alors, inutile de demander à Yvon Boivin ce qu'il pense de tel dossier ou de telle décision. Il se fera muet comme une carpe. " Notre rôle, explique-t-il, ne nous permet pas de participer aux débats. Quelque fois, nous aurions peut-être envie de prendre la parole, mais nos fonctions exigent une neutralité et une discrétion politiques totales. "

Que pensez-vous du déficit zéro ? De la souveraineté du Québec ? De la réforme de la loi électorale ? Inutile d'insister ! Il n'y a aucun moyen de soutirer une bribe d'opinion d'Yvon Boivin concernant des dossiers en cours au Parlement. Il a une idée bien fixe : se faire le plus discret possible. Après tout, il est parvenu à réaliser son rêve, il ne jettera pas tout à l'eau en se dérobant à son secret professionnel.