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Diplômée en économique, Marie-Claude Guillemette, 30 ans, dirige une petite entreprise à Saint-Damien-de-Bellechasse, une municipalité située à 50 kilomètres au sud de Québec. Fournissant du travail à une trentaine de personnes, l'industrie se spécialise dans le moulage par injection de petits objets en plastique.

Marie-Claude Guillemette au royaume du plastique

par Bruno Levesque

Saint-Damien-de-Bellechasse a ceci de particulier que son parc industriel, du moins à première vue, semble plus grand que le village lui-même. Plus d'une dizaine d'entreprises, dont l'immense IPL, qui emploie près de 500 personnes, pour une population totale de 2000 personnes.

À l'intérieur de ce parc industriel, à l'ombre du géant IPL, se dresse la PME fondée en 1991 par Marie-Claude Guillemette et propriété de celle-ci et de sa mère, Les Plastiques Moore inc. Et autour d'eux une dizaine d'entreprises, toutes reliées au domaine du plastique : assemblage, fabrication de moules, recyclage, etc.

L'idée de fonder une entreprise mûrissait depuis longtemps dans l'esprit de la diplômée en économique. Elle en avait souvent parlé avec sa famille et sa mère s'était montrée très intéressée à participer à l'aventure. Marie-Claude Guillemette s'était initiée au monde des affaires pendant ses études collégiales, alors qu'elle avait participé à un programme appelé Jeunes entreprises du Québec métropolitain. Elle avait créé, en collaboration avec d'autres étudiants, une véritable entreprise qui fabriquait et vendait des sacs en tissu pour les bouteilles de vin, ce qui lui avait en quelque sorte donné la piqûre.

Le projet de se lancer en affaires a vite refait surface alors que Marie-Claude étudiait à l'Université de Sherbrooke. C'est ainsi que, pour se préparer davantage à la gestion, elle a décidé d'inclure une mineure en administration dans son baccalauréat en économique. Parallèlement à ses études, elle préparait l'ouverture de son entreprise. <<J'ai fini mes études à la fin de décembre 1990 et l'usine a ouvert ses portes le 7 janvier suivant>>, explique la présidente.

Dans le plastique à Saint-Damien

Marie-Claude Guillemette et sa mère ont évalué la possibilité d'oeuvrer dans d'autres domaines, par exemple le vêtement, avant de se lancer dans la fabrication d'objets en plastique, mais c'est le père de la présidente et époux de la vice-présidente, directeur des ventes chez IPL, qui a convaincu les deux entrepreneures qu'il y avait un créneau à développer dans la fabrication de petites pièces en plastique par injection. Il savait qu'IPL recevait plusieurs demandes qu'elle devait refuser parce qu'elle n'avait pas l'équipement requis pour les faire et que ça pouvait représenter un marché rentable.

Saint-Damien représentait l'endroit tout désigné pour l'implantation d'une telle entreprise. L'école de formation y est situé, de même que le laboratoire de contrôle de qualité, les usines de moules, etc. Il faut dire aussi que l'histoire d'IPL, la plus grande industrie du genre au Canada, donnait à penser que la grosse usine verrait davantage un partenaire qu'un concurrent dans les Plastiques Moore.

IPL, d'abord connue sous le nom des Industries provinciales, a été fondée en 1939. À cette époque, la grande usine faisait tout : moulage, assemblage, fabrication de moules, distribution. Petit à petit, par souci de rationalisation sans doute, IPL s'est spécialisée et les dirigeants de l'entreprise ont incité leurs employées et employés à lancer leur propre entreprise. Les deux usines de moules, de même que l'usine d'assemblage sont la propriété d'anciens employés d'IPL. Comme beaucoup d'entreprises de Saint-Damien, les Plastiques Moore sont donc, en quelque sorte un rejeton d'IPL. <<IPL est un de nos bons clients, explique Marie-Claude Guillemette. Nous faisons en sous-traitance beaucoup des petites pièces qu'IPL ne peut pas faire.>>

Une gestion au féminin

Les Plastiques Moore font du moulage par injection de petites pièces de plastique, c'est-à-dire de petits objets pesant entre 0,15 g et 850 g, les plus petites étant de la taille de l'ongle du petit doigt. Plus de 95 p. 100 des pièces fabriquées sont des composantes qui entrent dans la fabrication de plus gros objets, comme des tableau de bord de voitures, des systèmes de ventilation, des appareils électroniques. Pour l'essentiel, les pièces fabriquées chez Marie-Claude Guillemette ne sont pas des objets que l'on retrouve directement dans des magasins pour vente aux particuliers, les seules exceptions étant des tue-mouches et des pichets à lait.

La matière première est constituée de granules de plastique. Ces granules descendent dans une presse à injection par une vis sans fin et sont chauffées à une température variant de 250 à 750oC pour ensuite être coulées dans un moule puis refroidies. L'usine est ouverte 24 heure sur 24 et huit presses à injection y fonctionnent cinq jours par semaine pendant six mois et sept jours par semaine le reste de l'année.