Rêve de coach ou coach de rêve?

par Stéphanie Quirion et Bruno Levesque

Quand il ne lance pas de javelots, Richard Crevier file à toute allure sur sa moto. Même s'il ne court plus aussi vite qu'il roule, l'entraîneur de l'équipe d'athlétisme du Vert & Or, à l'aube de la cinquantaine, est encore difficile à suivre. Une journée passée dans ses espadrilles et vous auriez vite compris! Qu'il s'agisse de préparer son équipe au championnat canadien d'athlétisme, de coordonner des compétitions d'envergure ou d'entraîner des athlètes pour les Jeux Olympiques, Richard Crevier a toujours la même ardeur après 30 ans, le même amour des jeunes et de son métier. Pas étonnant qu'il ait été nommé entraîneur universitaire canadien de l'année en 1997!

Richard Crevier a grandi dans le sport. Son père et son grand-père ont tous deux joué au baseball professionnel. Si le baseball a constitué une sorte d'initiation aux sports pour Richard Crevier, c'est cependant l'athlétisme qui l'a séduit. Son père, dessinateur industriel pour Canadair, a oeuvré aux États-Unis pendant un an alors que Richard Crevier avait une quinzaine d'années, ce qui lui a permis de fréquenter quelques high school américains, écoles où il a fait la découverte de l'athlétisme.

Sa passion pour l'athlétisme n'a pas empêché Richard Crevier d'exceller dans d'autres disciplines. Étudiant en éducation physique à l'Université de Sherbrooke au début des années 70, il a d'ailleurs porté les couleurs du Vert & Or de football et de basketball.

Très tôt dans sa carrière, Richard Crevier a voulu populariser l'athlétisme auprès des jeunes Québécois et Québécoises. C'est ainsi que, en 1974, il a fondé le Club d'élite régional d'athlétisme Corsaire-Chaparal, de même que l'Association régionale d'athlétisme Laurentides-Lanaudière. Puis, une fois ses études terminées, Richard Crevier s'est tourné vers une carrière d'éducateur sportif. Il a enseigné pendant trois ans à des déficients légers et à des mésadaptés socioaffectifs dans une école primaire de la Commission scolaire de Sainte-Thérèse, tout en continuant à agir comme entraîneur au Club Corsaire-Chaparal. En 1981, il a accepté le poste de directeur technique à la Fédération d'athlétisme du Québec, poste qu'il a occupé jusqu'en 1984.

Entraîneur des athlètes d'élite du Vert &Or

En 1985, lorsque l'Université de Sherbrooke lui a offert le poste d'entraîneur sportif en athlétisme, Richard Crevier a accepté immédiatement. Il s'agissait là du poste d'entraîneur personnel dont il rêvait depuis longtemps. À titre de responsable du programme d'athlétisme, il coordonne le travail des entraîneurs assistants et est directement responsable de l'entraînement d'une vingtaine d'athlètes. Depuis son arrivée à l'Université, plusieurs athlètes ont remporté des titres prestigieux. En 1997, l'équipe d'athlétisme a remporté le championnat canadien universitaire, une première pour une université québécoise. L'équipe a récidivé cette année, devançant par 15 points (64 à 49) les Lancers de l'Université de Windsor et les Mustangs de l'Université de Western Ontario, ex aequo au deuxième rang lors du Championnat de l'Union sportive interuniversitaire, qui s'est tenu à l'Université de Windsor en mars.

D'exploit en exploit

En plus d'avoir mené son équipe universitaire au sommet du palmarès canadien, Richard Crevier a obtenu beaucoup de succès dans ses activités paraprofessionnelles. Il a participé à des compétitions internationales, notamment à titre d'entraîneur-chef de l'Équipe du Québec au Jeux de la Francophonie, en 1994, comme entraîneur responsable des épreuves de sprint et relais aux Jeux du Commonwealth, en 1990, et en tant qu'entraîneur responsable de l'épreuve du 100 m haies aux Jeux Olympiques de Barcelone. Il fut également l'entraîneur de l'équipe canadienne lors des Jeux universitaires mondiaux tenus en Sicile à l'été 1997. Même si son rêve olympique s'est réalisé, l'entraîneur n'arrête pas pour autant de se lancer des défis.

Pour Richard Crevier, le sentiment de voir un athlète réussir après une longue période d'entraînement est l'un des plus valorisants. Il aime travailler avec de jeunes athlètes, car ces derniers lui donnent un second souffle : <<Je serais sans doute beaucoup plus vieux et ennuyant si je ne travaillais pas avec des jeunes. Ils me permettent de demeurer enthousiaste, me donnent le goût de vivre pleinement et sans barrières, mais surtout, de rêver. On dit qu'on meurt un peu chaque jour. Moi, je serai vivant tant que j'aurai des rêves.>>