TREMPLIN

La diplomatie pragmatique

par Stéphanie Quirion

Si les mots <<ambassadrice>> et <<diplomatie>> évoquent, chez la plupart d'entre nous, le prestige, les réceptions officielles et l'influence politique, ils ne brossent qu'un tableau simpliste de la vie bien remplie de Marie-Lucie Morin, diplômée en droit de l'Université de Sherbrooke et ambassadrice du Canada à Oslo, en Norvège. Cette dame est la première Sherbrookoise à qui échoit un tel honneur. À la fois fonctionnaire, épouse et mère de quatre enfants, la diplomate révèle les secrets de sa réussite.

Le pragmatisme : un style de vie

Qui aurait cru que les termes << fonctionnaire >> et << pragmatisme >> allaient de pair? À voir Marie-Lucie Morin en action, les idées préconçues sont vite transformées en sentiment d'admiration. En plus de s'occuper des relations économiques et politiques entre le Canada et la Norvège, de gérer le personnel de son ambassade et de représenter son pays lors d'événements importants, l'ambassadrice trouve le temps de faire du sport avec sa famille, de voyager et même de cuisiner! Si un tel emploi du temps peut paraître essoufflant, il s'agit, pour Marie-Lucie Morin, d'une simple question d'organisation. Mais si son sens pratique a eu une incidence déterminante sur sa réussite personnelle et professionnelle, sa capacité de tirer profit des circonstances y est pour quelque chose.

Savoir saisir l'occasion

Alors même qu'elle était étudiante à la Faculté de droit, Marie-Lucie Morin pressentait qu'elle était vouée une carrière internationale. Par contre, elle ne savait pas dans quel contexte : << Je ne voulais pas nécessairement faire une carrière de diplomate, mais il est difficile de s'orienter vers un poste en particulier dans ce domaine. C'est un concours de circonstances qui dépend de nos disponibilités. >> L'année suivant son admission au barreau, on lui offre le poste de vice-consul au Consulat général du Canada à San Francisco. C'est l'acceptation de ce poste, en 1980, qui a constitué le point de départ d'une carrière diplomatique prometteuse. Depuis, Marie-Lucie Morin a exercé diverses fonctions, notamment à Londres et à Jakarta, en Indonésie. Mais le poste le plus important qu'elle a occupé avant son entrée en fonction comme ambassadrice en Norvège a sans doute été celui de ministre conseillère à l'ambassade du Canada à Moscou, un poste qu'elle a occupé pendant trois ans.

Relever des défis au quotidien

Au cours de sa carrière, la diplomate a relevé de nombreux défis, dont celui de se tailler une place dans un milieu presque exclusif aux hommes, ce qui, s'empresse-t-elle d'ajouter, ne constitue pas un inconvénient, mais un avantage : << Les gens se souviennent de moi, sans doute l'une des seules femmes qu'ils aient rencontrées à occuper un poste de haut fonctionnaire! >>

Un autre défi d'importance pour Marie-Lucie Morin, bien qu'elle soit dotée d'une capacité d'adaptation au-dessus de la moyenne, consiste en l'apprentissage de langues et de cultures nouvelles : << Plus le milieu de travail est différent du milieu nord-américain, souligne-t-elle, plus le défi professionnel est de taille. Mes affectations en Indonésie et en Russie ont nécessité un effort particulier d'adaptation. >>

L'ambassadrice concocte-t-elle des projets d'avenir? Réaliste et pragmatique, comme son style de vie en témoigne, elle souhaite tout simplement réussir sa mission actuelle : << Dans cette profession, il vaut mieux vivre au jour le jour, dit-elle, puisque l'avenir est toujours à la merci d'événements imprévisibles. >>

Quoique son appétit pour la carrière et la vie à l'étranger n'ait en rien diminué avec le temps, Marie-Lucie Morin, pour qui la famille reste une priorité, trouve de plus en plus difficile le fait de déménager tous les trois ou quatre ans : << Si le diplomate lui, retrouve un petit coin du Canada partout où il travaille, il n'en va pas de même pour le conjoint et les enfants qui doivent s'adapter de façon beaucoup plus directe à leur nouvel environnement. L'éloignement des proches est aussi difficile, surtout lorsque les parents vieillissent et se sentent moins disposés à voyager. >>

Une femme modeste derrière un titre prestigieux

Bien qu'elle soit honorée de son titre d'ambassadrice, Marie-Lucie Morin le porte avec humilité. Elle se perçoit avant tout comme une fonctionnaire au service de son pays. Elle s'efforce, comme son rôle le lui commande, de défendre les intérêts des Canadiennes et des Canadiens partout dans le monde, soient-ils politiques ou économiques.

Stimulée par une carrière où la routine est inexistante, et ayant cumulé un riche bagage d'expériences culturelles, l'ambassadrice nous laisse sur sa vision du métier en cette époque de l'autoroute électronique et de la mondialisation : <<L'avènement des communications modernes n'a en rien diminué l'intérêt ni la pertinence de la carrière diplomatique. La profession reste très actuelle. Les meilleurs diplomates ont un côté fonceur qui leur permet de s'adapter aux situations les plus incongrues.>>