TÊTES CHERCHEUSES

À l'Université de Sherbrooke, Daniel de Lisle a obtenu un baccalauréat en géographie physique en 1991. Il se retrouve aujourd'hui à l'Université du Québec à Rimouski, où il prépare une thèse en océanographie. Daniel de Lisle est-il un spécialiste de la Terre ou des mers ? Ni l'un ni l'autre ou les deux à la fois... Ce qui intéresse le chercheur c'est la rencontre des deux puisque sa thèse est consacrée à l'étude du phénomène de l'érosion côtière.

Daniel de Lisle

L'infatigable homme des berges

par Bruno Levesque

Contrairement au géographe du Petit Prince de Saint-Exupéry qui se disait trop important pour flâner et qui ne quittait jamais son bureau ni ses livres, Daniel de Lisle a voyagé aux quatre coins du monde. Ses études en géographie et en océanographie l'ont d'abord mené à Sherbrooke, puis à Ottawa, à Rimouski, aux Îles-de-la-Madeleine, à Venise, au Japon, en Indonésie et finalement en Égypte.

En Égypte, pour la thèse de doctorat qu'il termine à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR), Daniel de Lisle étudie l'érosion du delta du Nil à l'aide d'outils aussi variés que des cartes géographiques datant de l'époque de Napoléon, des échantillons de sol et des photos satellites. Son objectif est de mieux comprendre comment l'érosion des berges s'est faite au fil des ans, quelle part de cette érosion est attribuable aux ouvrages fabriqués par l'homme et par quels moyens, à l'avenir, les mêmes humains pourraient ralentir ou même freiner cette érosion.

<<Sur les photos satellites, avec l'infrarouge, il est possible de discriminer la terre et la mer et ainsi de tracer le trait de côte. En numérisant les cartes anciennes et en superposant le trait de côte à celui que j'ai extrait à partir d'images satellites récentes, je suis capable de voir comment la côte a évolué>>, résume le chercheur. Pour ce qui est de l'analyse du sol, le chercheur explique qu'une carotte sédimentaire prélevée sur une profondeur de 20 m livrera l'histoire géologique de cette portion du delta. En prélevant des carottes et en les analysant avec du carbone 14, le géographe a pu évaluer l'âge de chaque couche de sédiments et avoir une meilleure compréhension de la transformation du delta.

Jakarta et la télédétection

Quelques années avant son séjour en Égypte, Daniel de Lisle avait aussi passé trois mois en Indonésie comme consultant pour Éduplus, une filiale de SNC-Lavalin, qui avait obtenu le mandat d'implanter un système d'analyse et de traitement d'images satellites dans quelques centre de recherche indonésiens. Le rôle de Daniel De Lisle et des sept autres consultants qui l'accompagnaient était donc de réunir et d'installer le matériel informatique, d'obtenir des ententes avec des fournisseurs d'images satellites et de former le personnel sur place pour qu'il puisse, après le départ des consultants, continuer d'utiliser les photos satellites comme source d'information géographique.

Ce qui a le plus étonné Daniel de Lisle à son arrivée en Indonésie, c'est la quantité de gens qu'il y avait partout. <<Quand j'ai su que j'allais séjourner là-bas, je me suis jeté dans mes livres pour en apprendre davantage sur ce pays. Une information m'avait particulièrement frappé : 16 000 des 17 000 îles qui composent l'Indonésie sont vierges. Je me disais que c'était un pays merveilleux pour quelqu'un qui, comme moi, aimait le calme et la tranquillité. Je n'avais pas réalisé qu'il y avait 220 millions d'habitants dans ce pays. J'ai réellement compris quand je suis arrivé à Jakarta, qui compte 10 millions de personnes. Ces gens circulent 24 heures sur 24 et dans tous les sens. Il n'y a jamais de place dans les trains et les autobus, alors il faut courir et sauter dans l'autobus en marche.>>

Si son travail avec la population locale a exigé un grand sens de l'adaptation et une bonne dose d'ouverture d'esprit, le pays a néanmoins laissé un très bon souvenir à Daniel de Lisle. Il a profité de chaque moment libre pour faire du tourisme. Il a visité Bali, qu'il a trouvée superbe, il a fait de la plongée sous-marine, etc. <<Quand on séjourne à l'extérieur de Jakarta et qu'on vit dans les villages comme je l'ai fait, on peut vraiment voir, en même temps, la simplicité des gens, leur fierté et leur richesse culturelle.>>

Le Japon et d'autres projets

À Sherbrooke, Daniel de Lisle avait commencé des études en informatique. Puis, après trois sessions, il a bifurqué vers la géographie. Embauché comme stagiaire par le Centre canadien de télédétection, il s'est retrouvé à faire de la télédétection avant même d'avoir suivi le moindre cours à ce sujet.

Un concours de circonstances a fait qu'il a obtenu un poste au Centre canadien de télédétection dès son baccalauréat obtenu. Son travail l'a amené à collaborer avec Georges Drapeau, professeur à l'UQAR, qui a dirigé sa maîtrise et qui supervise ses recherches doctorales. Et plus tard ? <<J'adore l'enseignement, répond-il. J'aimerais bien enseigner, mais je suis conscient que les postes sont très rares. J'aimerais être chercheur et professeur, parce que j'aime aussi beaucoup la recherche. J'ai eu aussi la piqûre des voyages. Alors j'aimerais bien aller faire des études postdoctorales à l'étranger, en Asie, peut-être au Japon. Après ça, je verrai>>, de dire le globe-trotter.