LA CAMPAGNE

Le dernier droit de la Campagne 1995-2000 s'engage

Claire B. Beaudoin aux commandes

par Bruno Levesque

Quand la neige - et la glace aussi, espérons-le! - sera fondue, que les oiseaux migrateurs et les Snowbirds rentreront du Sud, les téléphones se mettront à sonner dans les foyers des diplômées et diplômés de l'Université de Sherbrooke. Quelques jours auparavant, ils auront reçu une lettre de Claire B. Beaudoin les incitant à participer à la campagne de financement de l'Université et leur expliquant pourquoi elle comptait sur eux pour atteindre l'objectif de 2,6 millions de dollars qu'elle et son équipe se sont fixé pour le volet de la campagne s'adressant aux diplômés.

Le tour sera alors venu pour les quelque 55 000 diplômées et diplômés dont l'Université a su garder la trace de prendre la relève de la communauté des affaires du Québec et du Canada et de faire leur part pour leur université.

SOMMETS a rencontré Claire B. Beaudoin et lui a demandé pourquoi elle avait accepté de présider aux opérations de cette dernière grande étape de la Campagne 1995-2000. Pendant quelques instants, la femme d'affaires et femme du monde Claire B. Beaudoin a cédé le pas à la jeune femme qui a grandi à Valcourt : <<Dans la vie, l'éducation et l'instruction sont deux valeurs fondamentales à mes yeux. Mes parents m'ont donné une bonne éducation et je leur en serai toujours reconnaissante. L'instruction que j'ai, je l'ai reçue de l'Université de Sherbrooke. J'ai donc décidé de remettre à l'Université un peu de ce qu'elle m'a donné.>>

L'Université des souvenirs

Venir ainsi en aide à l'Université dans le cadre de l'opération déterminante pour son avenir qu'est la Campagne 1995-2000 a ramené Claire B. Beaudoin quelques années en arrière. Elle s'est souvenu de l'époque où elle fréquentait ce qu'on appelait alors la Faculté de commerce. Le regard plongé dans ses souvenirs, elle a évoqué la petite taille de l'Université d'alors.

Sur le campus, il n'y avait qu'un seul édifice, celui qui aujourd'hui abrite la Faculté des sciences. Claire B. Beaudoin y a suivi quelques-uns de ses cours, mais elle se souvient aussi d'autres locaux disséminés à travers les écoles sherbrookoises ayant servi de classe pour ses confrères et consoeurs de classe. Au total, une soixantaine de personnes (en grande majorité des hommes) constituait la clientèle des trois années du baccalauréat. <<C'était très modeste au début, raconte Claire B. Beaudoin. Ça ressemblait à la petite école. Lorsqu'on voit combien l'Université s'est développée et ce qu'elle est devenue aujourd'hui, on se dit qu'il faut avoir confiance en la vie, faire les efforts nécessaires et qu'on finira toujours par réussir.>>

L'Université des défis

Lorsque Claire B. Beaudoin a accepté la présidence de la campagne auprès des diplômées et diplômés, l'université de ses souvenirs s'est transformée en université des défis. Ce n'est certainement pas à une diplômée dont toute la vie s'est déroulée au seine d'une grande entreprise comme Bombardier qu'on apprendra que l'économie a déjà été plus favorable pour demander aux gens de donner de l'argent!

Pourtant, Claire B. Beaudoin est confiante d'atteindre son objectif. La cause est importante, l'équipe qui l'entoure est aguerrie et les diplômées et diplômés de Sherbrooke sont réputés pour être de grands défenseurs de leur université. La présidente insiste sur l'importance de chaque étape, de chaque don reçu. Elle trace un parallèle entre l'évolution d'une entreprise, l'histoire de l'Université et la campagne qu'elle lancera au printemps : <<Seul, on n'arrive pas à grand-chose. C'est toujours un groupe de personnes qui est à l'origine des grands succès. La création et le développement de l'Université constituent un bel exemple de la force qui émane d'un groupe uni derrière une cause. L'Université a commencé très modestement et, petit à petit, grâce aux efforts de tout le monde, elle s'est développée, avec les résultats que l'on connaît aujourd'hui. La campagne de financement, c'est un peu la même chose, c'est le nombre de dons qui, au bout de la ligne, nous permettra d'atteindre notre objectif.>>

Campagne Un parti pris pour l'Université de Sherbrooke

Au tour de Claire B. Beaudoin et des diplômées et diplômés

Lancé au printemps 1998, ce dernier volet de la campagne Un parti pris pour l'Université de Sherbrooke vient à la suite d'une vaste opération de sollicitation auprès du personnel de l'Université et des gens d'affaires du Québec et de l'Ontario. À ce jour, l'équipe de la Campagne, dirigée par Laurent Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier, semble avoir le vent dans les voiles. Après le succès remporté par Yves Saint-Arnaud et son équipe qui ont récolté plus de 3,4 millions de dollars lors de la sollicitation du personnel de l'Université, le travail de sollicitation va bon train. Des comités ont été formés pour les régions de Montréal, l'Estrie, la Montérégie, la région de Québec et l'Ontario et fonctionnent également à plein régime. Plusieurs dons exceptionnels ont été récoltés auprès de grandes entreprises et de fondations partout à travers le Québec. En guise d'exemples, citons Biochem Pharma, Bombardier, Cascades, C-Mac, Groupe Jean Coutu, Informatrix, Power Corporation, Pratt & Witney, la Ville de Sherbrooke, ainsi que la Fondation Les Ailes de la Mode, la Fondation J.-Louis-Lévesque et la Succession J.-A. De Sève, qui ont déjà assuré l'Université de leur appui.

Au total, les dons recueillis s'élevaient à plus de 22 millions de dollars en juin 1997. Depuis, Laurent Beaudoin se fait discret quant au montant recueilli. Il se contente de dire que la sollicitation se poursuit, qu'il faut continuer à travailler très fort et que chaque don reçu permettra à l'Université de Sherbrooke de faire davantage et d'encore mieux jouer son rôle de formation de la jeunesse québécoise.

Un parti pris pour une université différente

Issue de l'imagination d'une poignée d'hommes bien enracinés dans la société estrienne, l'Université a réussi à se développer en faisant preuve d'une grande capacité d'innovation et en tablant sur des caractéristiques bien à elle. C'est ainsi que l'Université s'est créé une personnalité unique à l'intérieur du réseau des universités québécoises et même canadiennes.

Le régime coopératif des stages rémunérés en entreprise intercalés entre les sessions d'études, la méthode de l'apprentissage par problèmes d'abord intégrée à la formation des futurs médecins puis à celle des futurs ingénieurs et ingénieures ne sont que quelques exemples de ce que ce sens de l'innovation de l'Université de Sherbrooke a pu susciter. L'institution sherbrookoise a aussi été la première au monde, en 1966, à offrir un programme de M.B.A. en français. Trente ans plus tard, elle innove encore en instaurant le premier doctorat professionnel en gestion des affaires au Canada (Doctorate in Business Administration). D'autres programmes, répondant à des besoins nouveaux de la société, ont été créés récemment et démontrent bien l'originalité de l'Université de Sherbrooke : maîtrise et doctorat en immunologie, baccalauréat en génie informatique, maîtrise en ingénierie, maîtrise en génie aérospatial, maîtrise en génie logiciel, ainsi que divers microprogrammes, que ce soit en entrepreneuriat, en gestion, en entraide professionnelle dans l'enseignement, en intégration des technologies à la pratique pédagogique, en rédaction spécialisée, en révision de textes, etc.

À quoi servira l'argent ?

La campagne Un parti pris pour l'Université de Sherbrooke a été lancée pour répondre aux besoins les plus urgents de l'Université et lui permettre de mieux remplir sa mission, au moment où notre société en mutation exige une transformation en profondeur de la formation universitaire.

Ces besoins prioritaires sont évalués à 25 millions de dollars, soit :

- 9 millions de dollars pour l'achat d'équipement informatique, multimédia et scientifique

- 8 millions de dollars pour les fonds de dotation dédiés au soutien à l'enseignement, à la recherche et à l'aide financière aux étudiantes et étudiants

- 3 millions de dollars pour les nouvelles technologies d'accès à l'information et le développement des collections des bibliothèques

- 5 millions de dollars pour le fonds de construction et l'amélioration du parc immobilier, notamment en regard des méthodes pédagogiques nouvelles et des technologies de l'information