TREMPLIN

Obstacles ou non

Julie Cournoyer file à toute allure

par Marie-Josée Renaud

Il suffit de passer quelques instants avec Julie Cournoyer pour s'apercevoir qu'elle est vite sur ses patins. Mais cette diplômée en service social peut aussi être très rapide sur un vélo. Non voyante, elle a remporté quatre médailles aux Jeux paralympiques d'Atlanta qui se sont déroulés à la fin de l'été 1996.

En compagnie de Guylaine Larouche, une cycliste professionnelle elle aussi diplômée de l'Université de Sherbrooke, elle a remporté trois médailles dont une d'or, en plus de mettre la main sur une quatrième médaille lors d'une course mixte.

Les deux athlètes sherbrookoises ont commencé par gagner une médaille de bronze dans une course de 1 km contre la montre. Elles ont par la suite remporté une médaille d'argent lors de la poursuite sur une distance de 3 km, avant de couronner leurs Jeux paralympiques avec une médaille d'or au 55 km. <<Nous avons suivi notre plan stratégique tout au long de la course et tout s'est bien déroulé>>, explique Julie Cournoyer. Finalement, c'est avec un autre partenaire, Alexandre Cloutier, que Julie Cournoyer a gagné sa quatrième médaille des Jeux d'Atlanta, une seconde médaille d'or, dans la course de 65 km mixte.

<<Je ne savais pas à quoi m'attendre à Atlanta, se rappelle l'athlète. C'était la première fois que des athlètes représentaient le Canada aux épreuves de cyclisme en tandem. Disons que j'ai eu une belle surprise!>>

Seulement quatre mois de préparation

Ces succès sont d'autant plus exceptionnels que Julie Cournoyer n'avait que quatre mois et demi d'entraînement intensif derrière elle quand elle est arrivée à Atlanta. Au début du mois d'avril 1996, elle avait reçu un appel de Guylaine Larouche, une cycliste professionnelle, qui lui proposait de s'entraîner sérieusement pour Atlanta. Sportive et aventurière de nature, Julie Cournoyer a décidé de relever le défi, même si cela faisait des années qu'elle n'avait pas pédalé. Entre avril et août, les deux athlètes ont ainsi roulé pendant des milliers de kilomètres sous la supervision d'Éric Vandenhein, entraîneur national.

Ces quelques mois d'entraînement intensif et les succès obtenus à Atlanta ont fait en sorte que Julie Cournoyer a attrapé la piqûre du vélo. Depuis, elle s'entraîne sérieusement et participe régulièrement à des compétitions. Au début de mai, elle et Guylaine Larouche ont terminé en tête lors de la première course de la saison 1997, une course de 20 km tenue à Montréal à l'occasion du Défi sportif québécois. Cette course a marqué le début d'une saison que l'athlète prévoit pleine de défis. À plus long terme, elle garde bien en tête les prochains Jeux paralympiques qui auront lieu en l'an 2000 à Sydney, en Australie.

Une vie très organisée

Julie Cournoyer est devenue aveugle à l'âge de 16 ans. <<Au début, je n'arrivais pas à l'accepter. Surtout, je ne voulais pas que les gens s'aperçoivent que j'étais aveugle. Je préférais la canne blanche au chien guide, parce qu'une canne blanche c'était facile à dissimuler.>>

Malgré sa cécité et sa difficulté à l'accepter, Julie Cournoyer a poursuivi ses études. Elle est actuellement inscrite à la maîtrise en service social, elle qui possède déjà un baccalauréat en ce domaine. <<En classe, explique-t-elle, j'ai toujours un magnétophone et je rédige tous mes examens et mes travaux à l'aide d'une télévisionneuse. C'est un clavier jumelé à un gros écran où l'on ne voit qu'un mot à la fois.>>

Mais n'est-ce pas ardu, parfois, d'étudier en étant presque complètement aveugle? <<C'est difficile, d'autant plus qu'on veut toujours se prouver qu'on est capable d'accomplir une multitude de choses quand on est une personne handicapée, souligne-t-elle. J'ai donc eu plusieurs moments de découragement au cours de mon bac. Mais j'ai appris à être très organisée, car ma façon d'étudier demande beaucoup plus de temps que pour une autre personne.>>

Ayant petit à petit accepté que les autres sachent qu'elle était aveugle, Julie Cournoyer a décidé de se procurer un chien guide. Maintenant, elle ne se déplace plus sans Mandela, une superbe labrador noire. <<Non seulement m'aide-t-elle à me déplacer, affirme Julie Cournoyer, mais avoir Mandela à mes côtés me sécurise beaucoup.>> Ainsi, Mandela accompagne sa maîtresse partout, même en classe. C'est même elle qui, en se levant et en se dirigeant vers la porte, indique aux professeurs trop volubiles que le moment est venu de prendre une pause.