TÊTES CHERCHEUSES

La persévérance :

Secret du succès de Ghyslain Dubé

par Sandra Duchesne

Quand Ghyslain Dubé a terminé son baccalauréat en chimie en 1972, ses professeurs lui ont vivement conseillé de poursuivre ses études. Selon eux, le jeune étudiant possédait toutes les qualités nécessaires pour entreprendre des études supérieures. Plusieurs voyaient en lui un futur professeur de chimie.

Mais Ghyslain Dubé était plutôt attiré par le côté pratique de la profession. Aussi a-t-il opté pour la maîtrise en chimie appliquée, un programme qu'a offert l'Université jusqu'en 1983. Conçu pour répondre aux besoins de l'industrie, ce programme visait à former des chimistes spécialisés dans les techniques et les méthodes chimiques utilisées dans l'industrie. Il s'agissait d'un programme qui comprenait des sessions de cours et de travaux pratiques ainsi que des stages de recherche sur des problèmes appliqués. Ces stages pouvaient se faire à l'Université ou dans l'industrie.

Ghyslain Dubé a fait ses stages chez Alcan. Apprécié de ses employeurs, le chimiste originaire de Rivière-du-Loup, après des stages aux centres de recherches d'Alcan à Kingston et en Angleterre, s'est vu offrir un poste au Centre de recherche de l'Alcan à Jonquière. Il a reçu le mandat de former un groupe devant s'occuper de tous les aspects de la métallurgie de l'aluminium liquide.

Comptant trois personnes à ses débuts en 1981, le Groupe traitement du métal, coulée et recyclage s'est agrandi au fil des ans. Aujourd'hui, une quarantaine de spécialistes y travaillent, sous la direction de Ghyslain Dubé. Ingénieurs, métallurgistes, chimistes, mathématiciens et techniciens y poursuivent des recherches et élaborent des projets ayant trait à l'amélioration continue ou à l'innovation des technologies de l'aluminium.

Dynamique et persévérant, Ghyslain Dubé a su transmettre le goût de la réussite à son équipe. Le groupe a plusieurs inventions dignes de mention à son actif. Pour ne citer qu'un exemple, le traitement de l'aluminium en creuset (TAC), technique inventée à Jonquière, permet de purifier l'aluminium sans utiliser de chlore. Plus rapide, moins exigeant en énergie que l'ancienne méthode, le TAC est aussi nettement moins polluant. Aujourd'hui, cette méthode est utilisée par une dizaine de producteurs de métaux autour du globe.

Depuis cette première réalisation, l'équipe de Ghyslain Dubé a développé et breveté des dizaines d'inventions, utilisées à travers le monde. Plusieurs de ces technologies ont été adoptées par l'ensemble de l'industrie de l'aluminium et sont commercialisées par des entreprises québécoises.

Du travail reconnu

L'équipe de Ghyslain Dubé a reçu plusieurs prix d'envergure, tant collectifs qu'individuels. Le chimiste insiste d'ailleurs sur le fait que chaque réalisation est le fruit d'un travail d'équipe. Mais Ghyslain Dubé peut malgré tout se féliciter d'avoir reçu, en 1990, le prix J.-Armand-Bombardier de l'Association canadienne française pour l'avancement des sciences, qui témoigne des réalisations du chimiste au Québec dans l'industrie de l'aluminium. <<Tout le monde connaît Joseph-Armand Bombardier, note Ghyslain Dubé. D'y être associé, ne serait-ce que par la mémoire, signifie beaucoup pour moi.>>

Mais, pour l'inventeur, la plus grande satisfaction est de voir ses inventions mises en application. <<Je suis comblé, dit-il, de voir que des inventions créées par notre équipe sont vendues partout dans le monde.>>

Reconnu dans son milieu, inventeur de technologies reprises aux quatre coins du globe, Ghyslain Dubé attribue les succès de l'équipe qu'il dirige à la persévérance. <<C'est facile, croit-il, de concevoir une invention, d'avoir du succès pendant un court laps de temps. La difficulté est de toujours réessayer. Notre formule est simple : il faut persévérer.>> Une formule éprouvée... et non brevetée. À chacun d'en tirer profit.