Les spécialistes s'entendent pour dire que la création d'emplois passera par la petite et moyenne entreprise (PME). L'organisme pour lequel travaille Martine Marleau, diplômée en économique en 1991, s'est justement donné pour mandat de venir en aide à ce type d'entreprise.

Aider les petites entreprises

par Bruno Levesque

Quand Martine Marleau a terminé son baccalauréat, elle avait fait trois stages de quatre mois en milieu de travail. L'un de ceux-ci, réalisé au ministère de l'Industrie et du Commerce, l'avait conduite à travailler au sein du Groupe d'analyse pour la PME. Elle était cependant loin de se douter que, deux ans plus tard, après avoir décroché une maîtrise en politique fiscale et décision publique à l'Université de Montréal, son premier emploi serait justement comme économiste à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), un organisme voué à la défense des PME.

Comme la plupart d'entre nous, Martine Marleau ne connaissait pas la FCEI. L'organisme était à la recherche d'un ou d'une économiste pour son bureau québécois.

Le vice-président responsable du bureau du Québec a appelé un de ses amis, un ex-professeur de Martine Marleau. J'ai reçu un appel un soir, se souvient l'économiste. Le lendemain, je passais une entrevue et, quelques jours plus tard, je commençais à travailler.

Un soutien pour les PME

La FCEI est un regroupement de petites et moyennes entreprises. Pour en être membre, il faut diriger une entreprise canadienne, non gouvernementale, non inscrite à la Bourse. Le propriétaire de l'entreprise doit aussi être actif au sein de son entreprise.

Tous ces critères font en sorte que la FCEI regroupe des PME, principalement des petites entreprises. La moitié des entreprises membres de la FCEI comptent moins de cinq employés. Au Québec, la fédération regroupe 17 000 membres, disséminés partout sur le territoire. Au Canada, elle compte un total de 85 000 membres, ce qui en fait un organisme de lobbying relativement influent. La FCEI est fière de dire que les cotisations de ses membres constituent son unique source de financement, ce qui lui laisse le champ libre quand vient le temps de prendre position. Ses seuls patrons sont ses membres.

Être membre de la FCEI apporte pour l'essentiel deux types de services. L'un d'eux, très concret, est constitué par le Service aux membres. Martine Marleau donne un exemple : Supposons qu'un membre rencontre un problème ou a besoin d'un renseignement, par exemple, qu'il vient de recevoir sa demande de cotisation de la CSST ou un papier de Revenu Québec et il n'est pas certain de ce qu'on attend de lui. Un autre se demande s'il existe des subventions pour des entreprises comme la sienne. Ils n'ont qu'à téléphoner et nous trouvons une réponse à leurs questions. C'est entièrement gratuit. Le membre paye sa cotisation et peut consulter l'équipe de service aux membres autant de fois qu'il le désire.

Le pouls de la PME

Martine Marleau oeuvre dans le second secteur de la FCEI, celui de la représentation. La FCEI se présente en effet comme le porte-parole des PME. Il les représente auprès des gouvernements, que ce soit en matière de taxe et d'impôt, de législation, de tarification, etc.

Mais, pour bien représenter quelqu'un, il faut d'abord connaître ses positions. Et c'est là que Martine Marleau entre en jeu. Nous procédons à de nombreux sondages auprès de nos membres, afin de connaître leurs préoccupations, explique-t-elle. Cela nous permet d'agir dans le sens que nos membres le désirent. Son travail est de construire les sondages, d'analyser les résultats de ces sondages, de bâtir des études, études qui sont présentées au ministère ou à l'organisme concerné... et à la presse, bien entendu.

Martine Marleau cite de nombreux exemples d'interventions de la FCEI qui ont fait bouger les choses. La FCEI a fait annuler deux hausses de tarif demandées par l'entreprise Québec Téléphone. Elle a obtenu une réduction du taux provincial d'imposition pour les petites entreprises. Tout récemment, ses représentations ont contribué à la modification du projet de loi 90 qui contraint les entreprises à investir 1 p. 100 de la masse salariale en formation. Dès que nous avons eu vent de ce projet, nous avons effectué un sondage auprès de nos membres. Le message des PME était qu'elles faisaient déjà de la formation, mais de la formation informelle, sur le tas. Cette formation-là n'était pas reconnue par le gouvernement. Certains ajustements ont été apportés à la loi pour tenir compte de ce que vivent les PME.

Actuellement, l'économiste travaille sur un autre projet dont on entend parler au ministère de la Concertation et de l'Emploi : le réaménagement de l'horaire de travail. Il est question de la semaine de quatre jours, d'augmenter les congés annuels, de limiter les heures supplémentaires, etc. Qu'en pensent les PME? Martine Marleau devrait pouvoir le dire bientôt.

Le travail de Martine Marleau l'amène à se pencher sur des sujets très diversifiés. Il peut s'agir d'un sondage sur la criminalité dans le commerce au détail, d'une étude économétrique très poussée ou encore de la réalisation des études fiscales préparatoires aux rencontres prébudgétaires de la FCEI avec les ministres des Finances. C'est très intéressant, affirme-t-elle. J'accompagne mon patron à ces réunions. Nous rencontrons le ministre, mais aussi le sous-ministre et d'autres hauts fonctionnaires. Ce sont des gens très compétents et expérimentés. C'est tout un défi que de faire valoir notre point de vue.