TREMPLIN

Diplômé en chimie, assistant de recherche au sein du Centre de recherche en électrochimie et é lectrocatalyse du Département de chimie pendant cinq ans, Yves Choquette oeuvre maintenant à l'Institut de recherche d'Hydro-Québec (IREQ). Il y travaille sur la fameuse pile ACEP, celle qui, peut-être, fournira l'énergie aux voitures électriques de demain.

Ça tombe pile

par Bruno Levesque

Yves Choquette connaît très bien les piles. Anodes , cathodes et électrons n'ont plus de secret pour lui, ou presque. Étudiant au Département de chimie tout au long des années 1980, il y a tour à tour obtenu son baccalauréat, sa maîtrise et son doctorat, ces deux derniers diplômes en effectuant des recherches sur les piles au sein du Centre de recherche en électrochimie et électrocatalyse (CRÉÉ). Il a rédigé une thèse de doctorat portant sur les ph&eacut e;nomènes interfaciaux touchant les électrodes sous la direction conjointe d'Hugues Ménard, professeur-chercheur membre de l'équipe du CRÉÉ, et de Louis Brossard, chercheur à l'IREQ et professeur associ&eac ute; à l'Université de Sherbrooke.

Yves Choquette a terminé sa thèse de doctorat, alors même que les travaux de l'IREQ sur les piles prenaient de l'ampleur et que les négociations avec d'&e acute;ventuels partenaires laissaient présager des lendemains fort intéressants. Ça tombait pile! L'IREQ avait besoin de cerveaux, Yves Choquette, de défis.

Du rêve...

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En 1991, peu de temps après l'arrivée d'Yves Choquette, les négociations entre l'IREQ et la firme japonaise Yuasa aboutissaient. Les deux partenaires fondaient une firme du nom d'ACEP, pour ACcumulateur, Électrolyte et Polymère. Cet accord prévoit qu'une première usine sera construite au Japon. Elle fabriquera de petites piles pour la microélectronique, par exemple pour les cartes à micropuces. Toujours selon l'entente, une deuxi&e grave;me usine sera plus tard bâtie au Québec pour la production de piles rechargeables.

D'autres alliances, signées plus tard, ont donné un nouvel élan aux recherches d'Hydro-Québec sur le s piles. À la fin de 1993, l'IREQ s'est associé avec la firme américaine 3M et Argone National Laboratories pour poursuivre ses recherches. Pendant ce temps, aux États-Unis, les autorités californiennes ont décid& eacute; de s'attaquer au smog de Los Angeles. D'ici 1998, 2 p. 100 des voitures qui circuleront au centre-ville de Los Angeles devront n'émettre aucune substance nocive. La solution? Des voitures électriques, bien sûr!

La United States Advanced Batteries Construction (USABC) a vu le jour au même moment. Les grands de l'automobile, Chrysler, Ford et General Motors, sont associés à cet organisme. L'IREQ en est partenaire. Le but de USABC : cr& eacute;er une voiture électrique. Il n'en fallait pas plus pour que des gens se mettent à penser que le lancement d'un produit était imminent et que, très bientôt, les routes californiennes allaient être bondé ;es de voitures électriques mues grâce aux piles d'Hydro-Québec.

À la réalité

Rien de tel qu'un scientifique pour ramener les choses à une pers pective plus réaliste. Yves Choquette est formel sur deux sujets. D'abord, la technologie développée par l'IREQ présente de nombreux avantages par rapport aux technologies existantes et des possibilités de commercialisat ion fort intéressantes. Elle est légère, adaptable aux besoins, jusqu'à trois fois plus durable et elle demande très peu d'entretien.

Deuxièmement, la pile électrochimique, comme bi en d'autres, est un domaine de recherche fort complexe où les progrès se font lentement. Selon le chimiste, les premières piles ACEP destinées à la microélectronique seront sans doute sur le marché d'ici de ux ou trois ans. Mais on est encore loin des piles pour les voitures. <<C'est de la recherche à long terme, explique Yves Choquette. Ça prend 25 ans pour développer une batterie stable. Les travaux de l'IREQ sur les piles ont co mmencé en 1978, tant mieux s'ils aboutissent avant 2010.>>

Et pourtant, elle tourne!

Pourtant, le véhicule électrique existe. Ce printemps, Chrysler est venu &agrav e; Montréal présenter une voiture. Elle fonctionne avec une batterie au plomb très lourde. Il a fallu modifier son châssis pour qu'elle puisse supporter cette charge. La pile de l'IREQ pourrait résoudre ce problème . Elle est fabriquée à base de lithium, un matériau 30 fois plus léger que le plomb.

Actuellement, l'IREQ produit des prototypes, des instruments de travail précommercialisation, pouvant fournir à peu près 10 watts/heure. Pour la voiture électrique, ce chiffre devra plutôt s'élever à 20 000 ou même 40 000 watts/heure et la tension devra grimper jusqu'à 300 ou 400 volts, ce qu'une seule pile ne peut pas fournir. Il faudra donc recourir à des batteries de 400 ou 500 piles, ce qui coûtera quelques milliers de dollars.

D'ici là, Yves Choquette et l'équipe de l'IREQ continuent leur recherche. Ils expérimentent de nouveaux matériaux et différents agencements d'électrodes et de polymères, de façon à augmenter les performances de la pile de l'IREQ.