TÊTE-À-TÊTE

Les choses vont vite avec Jacques Landreville. Visiter l'entrepôt et les bureaux d'U ni-Sélect en compagnie de ce diplômé en administration relève de la course contre la montre. Même chose pour une entrevue ou une séance de photographies. Il faut être vite sur ses patins pour le suivre. Parlez -en à ses compétiteurs.

Gérer à 200 à l'heure

par Bruno Levesque

Le secteur de la distribution des pièces d'automobiles est un monde où to ut va vite. Les commandes sont toutes urgentes. La rotation de la marchandise en inventaire doit se faire rapidement.

Aussi, Jacques Landreville s'est mis à la tâche dès sa nomination au poste de préside nt et chef de la direction d'Uni-Sélect, en 1991. Et les résultats n'ont pas tardé! Un simple coup d'oeil aux livres de l'entreprise suffit pour s'en convaincre. Les bénéfices, de 2,1 millions de dollars qu'ils ét aient en 1990, sont montés à 3,4 millions en 1991, à 5,0 millions en 1992, à 7,4 millions en 1993, puis à 11,2 millions en 1994. Pendant ce temps, la valeur aux livres d'une action d'Uni-Sélect grimpait de 2,63 $ à 5,45 $ et le nombre de centres de distribution passait de 5 à 12.

Une des premières choses que Jacques Landreville a faites a été de mettre en vente les camions qui livraient les pièces d'autos aux quatre coins du Canada. <<Notre mission, explique-t-il, n'est pas de gérer une flotte de camions, mais bien de vendre des pièces d'automobiles.>> Il a aussi fermé quelques entrepôts, de façon &agra ve; donner à la compagnie les moyens de poursuivre sa croissance.

Pour les dirigeants de l'entreprise, la croissance d'Uni-Sélect était indispensable. Elle l'est d'ailleurs toujours. Plus une entreprise est grosse, meille ur est son pouvoir d'achat et meilleurs sont les prix qu'elle peut offrir à ses marchands membres. Uni-Sélect faisait face à trois défis majeurs, qui constituaient l'essentiel du plan stratégique de l'entreprise. Il fall ait d'abord compléter l'intégration des récentes acquisitions de l'entreprise, procéder à de nouvelles acquisitions et préparer l'entrée d'Uni-Sélect sur le marché américain. D'apr&egra ve;s Jacques Landreville, un tel plan est essentiel. <<Tous les chemins sont bons quand on ne sait pas où l'on va>>, croit-il. Mais le président d'Uni-Sélect précise que le plan stratégique de l'entreprise n' a rien de trop sophistiqué : <<C'est un plan simple, crédible, présentant des objectifs réalistes, mesurables et motivants.>>

Pour quelques millions de dollars

Disséminés partout au Canada, les 12 centres de distribution d'Uni-Sélect recèlent pour 50 millions de dollars de pièces d'automobiles. Uni-Sélect se spécialise dans les pièces qui vont sous l'auto et sous le capot : tous les filtres, boyaux de caoutchouc, courroies, les pièces de frein, de suspension, de silencieux, les batteries, les câbles, les bougies. Ces pièces sont achetées à 600 manufacturiers nord-a méricains et vendues à des grossistes, auprès de qui s'approvisionnent les ateliers de mécanique et les garages. Selon Jacques Landreville, 85 p. 100 des pièces vendues au Canada circulent par ce réseau à q uatre étages.

Uni-Sélect s'est donné pour mission de procurer à ses grossistes membres un avantage concurrentiel significatif grâce à l'efficacité de ses centres de distribution, l'& eacute;laboration d'un programme de support et de développement et par le maintien d'un pouvoir d'achat supérieur. Jacques Landreville résume : <<Nous donnons à nos marchands un accès rapide aux pièces donti ls ont besoin. Chez nous, 93 p. 100 des commandes de pièces sont remplies immédiatement. Nous leur offrons aussi une multitude de programmes de support, que ce soit du financement, de la formation en mécanique ou des outils de t&eacut e;lécommunication et d'informatique. Enfin, nos membres bénéficient d'un escompte de 3 à 5 p. 100 selon le volume de leurs achats.>>

Jacques Landreville voit l'avenir d'Uni-Sélect avec opti misme. <<Alors que la plupart des secteurs d'activités sont en baisse, explique-t-il, notre secteur est en pleine croissance.>> Le nombre de voitures en circulation augmente, le parc de voitures canadien vieillit, bref un contexte qui f avorise la croissance. Le président croit que cette expansion pourrait se faire de deux façons. D'abord, il verrait d'un bon oeil une croissance organique, c'est-à-dire qu'Uni-Sélect augmente son chiffre d'affaires en distribua nt des produits qu'il ne vend pas ou très peu actuellement, comme des pièces de carrosserie, de l'outillage et de l'équipement ou des pièces pour les voitures importées. Il voit aussi, bien sûr, Uni-Sélect & eacute;tendre son réseau de distribution non seulement au Canada, mais à toute l'Amérique du Nord. Il vient d'ailleurs de signer une entente avec l'Association of automotive Aftermarkets Distributors, un distributeur américain. Il est question de faire grimper le chiffre d'affaires à 500 millions de dollars et de faire d'Uni-Sélect le troisième plus important distributeur de pièces d'automobiles en Amérique du Nord.

Monsieur le professeur

Jacques Landreville n'a pas vendu des pièces d'autos toute sa vie. Bien au contraire. Il reconnaît aisément ne pas être un expert en pièces d'autos. Durant les an nées qui ont précédé son arrivée chez Uni-Sélect, il a vendu des petits gâteaux, des croustilles, des jus de fruits. Il a même été professeur à l'Université de Sherbrooke!

Tout de suite après avoir terminé son M.B.A. à Sherbrooke, en 1973, Jacques Landreville a été embauché comme professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi. Qu elques années plus tard, le vice-doyen Alain Cousineau et le doyen Raymond Vachon l'ont convaincu de revenir à Sherbrooke pour y diriger le programme de M.B.A. Il est demeuré deux ans à Sherbrooke, puis s'est tourné vers l'entreprise privée.

Il a d'abord été stagiaire pendant un an chez Humpty Dumpty. Il a ensuite été nommé directeur général, puis vice-président exécutif et che f de l'exploitation. En tout, il est demeuré huit ans chez Humpty Dumpty, avant d'aller travailler deux ans chez Lassonde, une entreprise familiale spécialisée dans les jus de fruits. Il a après coup oeuvré pendant trois ans chez Culinar, à titre de président du Groupe pâtisserie et confiserie.