Les progrès scientifiques trouvent de plus en plus d'applications concrètes dans la vie quotidienne. On n'a qu'à penser au monde des communications pour voir comment nos vies changent rapidement : ordinateurs, télécopieurs, magnétoscopes, câblodistribution, systèmes de gestion automatisée d es appels, modems, etc. Bien sûr, l'automobile évolue elle aussi. Les carburateurs ont à peu près disparu, les freins ABS sont devenus monnaie courante, de même que les coussins gonflables. Mais que nous réserve dem ain? SOMMETS a demandé à Paul-André Bourassa, professeur au Département de génie mécanique, d'éclairer notre... bougie.

par Paul-André Bourassa

L 'une des innovations qui fait le plus parler d'elle actuellement est ce que les Américains appellent l'Intelligent vehicle highway system (IVHS). Tout le monde sait qu'il y a énormément de circulation sur les autoroutes am&eacu te;ricaines, particulièrement sur celles situées près des grandes villes. On sait aussi qu'il serait très onéreux de construire de nouvelles autoroutes. L'idée de base de l'IVHS est simple : il faut trouver un moy en de faire circuler plus de voitures au même moment sur le même tronçon d'autoroute. Le nombre de véhicules qui circulent sur les plus fréquentées de ces autoroutes, par exemple en Californie, est d'environ 2000 v& eacute;hicules par heure. Une des façons d'augmenter substantiellement ce chiffre est de faire en sorte que les véhicules soient plus rapprochés les uns des autres.

Rapprocher les véhicules les uns des autres dans les conditions actuelles causerait inévitablement de nombreux accidents. Les chercheuses et chercheurs associés au projet d'IVHS ont pensé relier les autos entre elles par des ondes. Ces signaux sont interprét&eacut e;s par un système électronique qui permet au véhicule de tête de prendre tout le contrôle des quatre véhicules qui le suivent. Les conducteurs de ces autos n'ont plus besoin de conduire. Ils suivent littéral ement la première voiture du peloton. Actuellement, des essais ont été réalisés avec cinq voitures à une distance de quatre mètres l'une de l'autre, distance qui permettrait de doubler la capacité et la rentabilité des autoroutes. Et ça fonctionne... lors des essais. Mais les recherches ne sont pas terminées et il reste encore bien des étapes à franchir avant que nous puissions rouler sur de telles routes.

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De véritables F-16

Il est impressionnant, aujourd'hui, de constater l'importance qu'a pris l'électronique dans les voitures. En matière d'électronique, les autos vont deven ir de véritables avions F-16. D'ici peu, les voitures pourraient être pourvues de systèmes de détection. Il pourrait s'agir d'une sorte de radar, qui projette des ondes pour mesurer les distances entre les obstacles et le v&eacu te;hicule. Un tel système pourrait prévenir les risques de collision. Il serait aussi fort utile en cas de brume ou de poudrerie, en indiquant à la personne qui conduit la position de sa voiture et en lui signalant les obstacles situ& eacute;s devant elle.

Il est aussi possible d'envisager que les voitures soient un jour dotées d'un système d'analyse d'images relié à une ou des caméras. Ces systèmes pourraient analyser le trafic, détecter d'éventuels obstacles et signaler tout danger au conducteur. Cette technologie existe actuellement dans l'industrie pour guider certains robots, mais il faudra sans doute attendre un certain temps avant qu'elle puisse &e circ;tre appliquée aux automobiles.

Des voitures intelligentes

Des études sont actuellement effectuées sur ce qu'on appelle des <<contrôleurs neuronaux>> ;, c'est-à-dire des outils capables de traiter l'information numérique. Encore aujourd'hui, bon nombre des appareils de contrôle installés sur les voitures sont ce qu'on appelle des contrôleurs idiots, parce qu'ils ne peuv ent tenir compte que d'une seule variable. Grâce à l'informatique, il est possible de rendre ces contrôleurs plus intelligents. Par exemple, de petites différences dans la forme de la clé de contact pourraient indiquer &ag rave; une puce qui est au volant. De cette façon, les sièges, le volant, les rétroviseurs s'ajusteraient automatiquement.

De telles puces savantes pourraient être installées un peu partout sur la voiture. Des systèmes informatiques aideraient le moteur à s'ajuster continuellement selon l'usure des pièces et donneraient des renseignements au conducteur à propos du niveau des liquides, de la pression des pneus, de rat&eac ute;s sur un cylindre et même lui indiquer qu'il serait temps de faire vérifier les freins, les amortisseurs, les bougies, etc.

Question de suspension

Beaucoup de travaux de rech erche sont actuellement effectués sur les systèmes de suspension active. Il s'agit d'amortisseurs dotés de compresseurs reliés à un détecteur situé sur le pare-chocs. Ces détecteurs fournissent diff& eacute;rentes données aux amortisseurs. S'il y a des trous ou des bosses dans la chaussée ou si le véhicule a tendance à pencher d'un côté, le compresseur se met en marche pour assurer le meilleur équilibrep ossible.

Les premières applications de tels systèmes sur route seront sans doute faites sur des camions. Mais il est pensable d'installer des suspensions semi-actives, beaucoup moins lourdes, sous les automobiles. Il s'agit d'amortisseurs dotés d'un diaphragme qui s'ouvre et se ferme pour laisser passer plus ou moins d'huile. Ainsi les amortisseurs peuvent être plus souples ou plus fermes, selon la situation.

À l 'électricité et à l'essence

Les constructeurs d'automobiles offriront bientôt des véhicules hybrides à leur clientèle. Ces automobiles seront livrées avec un moteur à essence et une batterie leur permettant de fonctionner à l'électricité. Ces véhicules pourront fonctionner à l'électricité à l'intérieur des villes, ce qui limiterait les éman ations de CO2, et utiliser le moteur à essence pour franchir les plus longues distances.

Mais les innovations ont parfois des conséquences inattendues. Quand ces voitures fonctionnent à l'électricit&eac ute;, elles sont tellement silencieuses que les concepteurs du projet ont dû ajouter un petit appareil générateur de bruit pour que les piétons puissent les entendre venir.

Toutes ces innovations n'appar aîtront sans doute pas sur nos véhicules demain matin. Il faudra patienter quelques années et continuer à conduire nous-mêmes nos véhicules en se fiant à nos propres sens, nos propres réflexes et notre propre jugement. Et il faudra continuer de vérifier nous-mêmes l'état des pneus, le niveau d'huile, ou alors nous fier à notre garagiste préféré.