TREMPLIN

Diplômé en médecine en 1979, Pierre Miron a poursuivi sa formation en obstétrique-gynécologie à Montréal, puis en médecine de la reproduction en Australie. Il est maintenant directeur de l'Institut de médecine de la reproduction de Montréal, une clinique privée qui vient en aide aux couples infertiles qui désirent des enfants.

Pour qu'un enfant naisse

par Bruno Levesque

À huit ans, répondant à une question de son père, Pierre Miron avait dit vouloir devenir vétérinaire. "Tant qu'à étudier la médecine, il me semble qu'il serait plus utile que tu soignes les gens", lui avait rétorqué celui-là. Trente ans plus tard, père à son tour, Pierre Miron a toutes les raisons de se sentir utile. Non seulement enseigne-t-il la médecine à l'Université McGill, mais il dirige un institut qui, depuis sa fondation en 1990, a rendu heureux des centaines de parents, en leur permettant de réaliser leur voeu le plus cher.

L'Institut de médecine de la reproduction de Montréal (IMRM) n'est pas un hôpital. Il s'agit en fait d'une entreprise privée qui offre ses services moyennant rémunération. Seule clinique du genre au Québec, elle s'est donné pour mission d'encadrer et de faciliter la démarche des couples infertiles et de leur assurer des soins d'une grande qualité. Elle offre plusieurs services : banque de sperme, laboratoire d'andrologie, insémination artificielle, micro-injection, fécondation in vitro.

Elle compte un personnel composé de six médecins, deux urologues andrologues, une biochimiste, cinq embryologistes, six infirmières et trois psychologues qui se sont donné comme mandat d'offrir de véritables solutions aux couples infertiles grâce à des services modernes et complets et à un personnel compétent et chaleureux, tout en continuant les recherches nécessaires pour trouver de nouvelles façons d'améliorer la qualité du traitement et son efficacité.

C'est avant tout la fécondation in vitro qui a fait la réputation de l'IMRM de Montréal, puisque 85 p. 100 des fécondations in vitro effectuées au Québec y sont réalisées. Son taux de succès moyen fait d'ailleurs beaucoup d'envieux avec 29 p. 100, comparativement à 19 p. 100 en France et aux États-Unis. "Je le dis en toute modestie, explique Pierre Miron, nous avons le meilleur programme canadien pour le taux de succès de nos interventions."

Un couple sur douze

Environ un couple sur douze est infertile. Les causes de cette infertilité sont multiples, provenant à peu près également d'un problème diagnostiqué chez l'homme ou chez la femme. "Les couples infertiles ne parlent pas de leur problème, même à leurs proches, note Pierre Miron. C'est un sujet tabou, à propos duquel il y a encore beaucoup de préjugés. J'ai vu trois belles-soeurs se rencontrer dans la salle d'attente de l'Institut, alors qu'elles n'avaient jamais entendu parler du problème d'infertilité des autres."

Pour les couples infertiles, leur problème est souvent ressenti comme un échec. Après des mois d'essais infructueux, un couple décide de consulter un médecin. Après une série de tests sur le sperme et sur les trompes de Fallope, le médecin proposera un traitement, traitement qui sera administré à l'hôpital. "Environ la moitié des couples vont voir leur problème se régler grâce à ces traitements conventionnels, affirme le directeur de l'IMRM. Les autres devront recourir à des méthodes plus poussées comme l'insémination artificielle, soit avec sperme du conjoint ou sperme de donneur, ou encore être orientés vers la fécondation in vitro."

En moyenne, les gens qui vont à l'Institut essayent d'avoir un enfant depuis cinq ans et demi. La moyenne d'âge est d'environ 35 ans. Le taux de réussite de la fécondation in vitro au premier essai est de 19 p. 100. Après trois essais, le taux de réussite grimpe entre 60 et 70 p. 100.

Retour d'Australie

Quand Pierre Miron, après une spécialisation en obstétrique-gynécologie, a décidé de parfaire ses connaissances sur les technologies de reproduction, c'est vers l'Australie qu'il s'est tourné. À son retour à Montréal, il a tenté d'ouvrir un service en médecine de reproduction pouvant offrir la fécondation in vitro. Mais, après trois ans de démarches auprès de la direction de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont et du gouvernement dans le but d'obtenir le financement nécessaire pour offrir ce service, il a dû s'avouer vaincu. Il n'obtiendrait jamais ce qu'il voulait. "À ce moment, j'aurais pu aller pratiquer aux États-Unis et gagner le double de ce que je gagne ici, se souvient Pierre Miron. Mais il me semble que ça n'aurait pas été honnête de ma part. J'aurais trouvé malheureux d'aller travailler ailleurs que dans la société qui avait payé pour que je puisse réaliser mon rêve."

C'est alors qu'il a contacté quelques collègues québécois, à qui il a proposé de s'associer pour ouvrir un institut spécialisé en technologie de la reproduction. Il a aussi recruté des partenaires financiers capables d'assurer les frais de démarrage et, à l'été 1990, l'IMRM voyait le jour. Depuis, 230 bébés l'ont imité.