TREMPLIN

Mexique et Colombie

110 millions de clients à portée de main

par Bruno Levesque

Sophie Gravel n'a que 25 ans. Économiste de formation, elle est agente de développement à la Société de développement économique de la région sherbrookoise (SDÉRS). Elle vit au quotidien cette globalisation des marchés dont les médias parlent tant. Avec elle, le Mexique et la Colombie semblent se rapprocher.

La passion de Sophie Gravel pour tout ce qui touche les voyages, les autres peuples, les autres cultures et les relations entre états ne date pas d'hier. Avant même ses études universitaires, cette passion l'avait menée en Europe, en Amérique du Sud et dans les Antilles. Les voyages sont demeurés au programme pendant ses études et, plutôt que d'imiter ses consoeurs et confrères de classe et de faire ses stages à Montréal, Ottawa ou Québec, Sophie Gravel est entrée en contact avec les gens du ministère des Affaires internationales, qui l'ont acceptée comme stagiaire à la Délégation du Québec à Bogota.

Vers la SDÉRS

C'est lors de ce premier stage à Bogota que Sophie Gravel a rencontré Manon Laporte, alors commissaire industrielle à la SDÉRS et maintenant directrice générale d'Enviro-Accès. <<À mon retour à Sherbrooke, elle m'a fait visiter quelques entreprises pour voir s'il n'y aurait pas de débouchés pour elles en Colombie>>, se souvient Sophie Gravel. Elle a revu Manon Laporte un an plus tard, pendant son troisième et dernier stage, à la Délégation générale du Québec à Paris : <<Elle m'a demandé ce que je comptais faire après mes études et m'a proposé de la contacter. Elle m'a dit qu'elle embauchait quelquefois des gens pour l'aider à faire de la recherche.>>

Sophie Gravel a terminé son baccalauréat en décembre 1992. Deux mois plus tard, elle entrait au service de la SDÉRS à titre d'agente de recherche. Elle a commencé par collaborer au profil socio-économique de la région de Sherbrooke et à la mise à jour du répertoire industriel, tout en aidant les commissaires industriels dans leur travail quotidien. Puis, elle a été nommée agente de développement économique pour le Mexique et la Colombie.

<<Mon expérience en Colombie et en Amérique latine m'a sans doute aidée pour obtenir ce poste>>, estime Sophie Gravel. Et la conjoncture, pourrait-elle ajouter. L'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) a été signé quelque mois après l'entrée son entrée à la SDÉRS. Les gens d'affaires de la région ont commencé à s'intéresser au Mexique et ont démontré de l'intérêt pour la Colombie. <<Depuis 1991, la Colombie connaît un des taux de croissance de sa production nationale les plus importants en Amérique latine, explique Sophie Gravel. L'avancement technologique de la Colombie se situe très près de celui du Canada et leur mentalité d'affaires ressemble à la nôtre.>>

Créer des liens

À la SDÉRS, Sophie Gravel est responsable du développement des marchés que représentent le Mexique et la Colombie pour les entreprises de la région sherbrookoise. L'un de ces rôles consiste à promouvoir là-bas les produits et services des entreprises de la région. Elle doit de l'autre côté sensibiliser les entreprises de Sherbrooke et des environs aux possibilités que recèlent le Mexique et la Colombie. Elle offre aussi des séances de formation et organise régulièrement des séjours à l'étranger pour des entreprises de la région sherbrookoise.

Toutes ses activités ont un même objectif : aider les entreprises intéressées à trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits et services. Pour ce faire, elle sollicite les entreprises, visite celles qui désirent participer et apprend à bien connaître leur produit, afin de trouver les partenaires idéaux. Par la suite, elle organise des rencontres entre les entreprises de la région et leurs éventuels partenaires. <<Mais ce n'est qu'après coup que le succès de toute cette démarche se décide, explique Sophie Gravel. Ça ne donne rien d'investir temps et argent si le suivi n'est pas assuré. Le succès est dans le répétition.>>

Pour Sophie Gravel, le but ultime de toute cette opération est évidemment de créer des emplois dans la région de Sherbrooke. Et l'économiste d'expliquer : <<Si une entreprise signe un gros contrat d'exportation, elle voit sa production augmenter, ce qui entraîne une hausse du nombre d'emplois disponibles.>> Et qui dit hausse du nombre d'emplois, dit hausse du niveau de vie et amélioration générale de la qualité de vie. C'est bien connu!

À eux deux, le Mexique et la Colombie représentent un marché de 110 millions de personnes. Les avenues d'affaires pour les entreprises de la région sherbrookoise sont immenses. Une entreprise qui signe un contrat avec un seul district de la ville de Mexico a déjà un marché aussi important que l'ensemble du Québec. Il ne reste qu'à espérer que les entreprises estriennes séduiront leurs 110 millions de clientes et clients potentiels du Mexique et de la Colombie.

photo Jacques Beauchesne